62% des Atsem estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé, alerte une enquête de la CNRACL

62% des Atsem estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé physique et/ou psychologique, révèle une enquête du fonds national de prévention de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales publiée début mai 2023. Ce diagnostic est le fruit des travaux menés durant plus de deux ans par 15 collectivités participantes à un appel à projets portant sur la prévention des risques liés à ce métier. Objectif :  inciter les employeurs territoriaux à déployer des démarches de prévention. 

 

 

Il résulte des fonctions très "polyvalentes" des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) "une exposition parmi les plus élevées de la fonction publique territoriale en termes de risques professionnels, à laquelle se conjugue encore trop souvent un déficit de reconnaissance", résume Céline Martin, vice-présidente en charge de la commission de l'invalidité et de la prévention de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL), dans son édito qui préface l'enquête, publiée début mai 2023.   

Une démographie vieillissante

L'enquête commence par rappeler que ce métier féminisé à plus de 99% se caractérise par une démographie vieillissante - près d’un quart des agents a plus de 55 ans - et par un pourcentage conséquent d'agents titulaires, exerçant à temps non complet. Elle rappelle aussi que les Atsem sont particulièrement exposées aux accidents de service (AS) et aux maladies professionnelles (MP) ainsi qu'au risque infectieux, au bruit, au risque chimique et aux risques psychosociaux.

Face à ce constat, le fonds national de prévention (FNP) de la CNRACL a lancé un appel à projets dont l'objectif était "d'inciter les employeurs territoriaux à déployer des démarches de prévention portant spécifiquement sur le métier d'Atsem, identifié comme priorité de son programme d’actions". À l'issue de la sélection, 15 employeurs (14 communes et une communauté de communes) ont été retenus pour participer à l'enquête, réalisée au sein de 340 écoles maternelles, analysant plus de 900 questionnaires portant sur la qualité de vie et les conditions de travail.

Impact négatif sur la santé physique et psychologique

Premier fait marquant, "62% des Atsem interrogées estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé physique et /ou psychologique. 45% des répondantes déclarent commencer leur journée en étant motivées, près d’une sur deux déclare la commencer en étant épuisée". À une immense majorité, elles reconnaissent avoir déjà ressenti des douleurs en lien avec leur activité et environ une répondante sur trois déclare avoir eu un arrêt maladie pour un motif en lien avec le travail au cours de l'année scolaire. Pour la plupart, ces douleurs ressenties persistent en dehors du temps de travail, impactant ainsi négativement la sphère privée.
Malgré tout, le taux d'absentéisme ne s'élève qu'à 4,7%, inférieur à celui de la fonction publique territoriale dans son ensemble (5,3% en 2020). Le nombre d’accidents de service s’établit quant à lui à 5,4 pour 100 Atsem. L'étude signale toutefois des "disparités significatives entre collectivités de moins de 30 Atsem et les autres". En effet, "les petites collectivités semblent particulièrement exposées, le nombre d’accidents de service y est plus élevé que dans les grandes collectivités". 

Bonnes pratiques à destination des employeurs

Du fait d’un risque professionnel important pour les Atsem, chaque employeur a élaboré, dans le cadre de l'appel à projets, un plan d'actions visant à réduire les risques identifiés. Les "bonnes pratiques" déployées sont articulées en six thématiques.

Parmi celles-ci, la reconnaissance apparaît la plus déterminante. "La rémunération demeure de loin le facteur de déficit de reconnaissance le plus important pour 79% des répondants." Le FNP juge ainsi qu’un travail doit être réalisé pour "associer les agents à tout projet qui les affecte". La question de l’augmentation du régime indemnitaire reste aussi centrale pour renforcer la reconnaissance financière.

S'en suivent les questions liées au contenu et à l'organisation du travail. "Communication insuffisante de l’employeur autour de ses projets pour la moitié des répondantes, manque de clarté autour du projet de classe pour un tiers d'entre elles, association à l’équipe éducative et aux projets importants de l'école considérés comme perfectibles"... Le FNP identifie des marges de progression sur tous ces différents aspects.

Sur la thématique de l'environnement de travail, le FNP propose d'aménager ou de réaménager les locaux pour mieux répondre aux besoins des agents, de revoir l’organisation des locaux et de réduire le bruit. Concernant les conditions de travail, pour respectivement 44% et 58% des répondants, il ressort que le manque de temps pour bien effectuer le travail et le travail dans l’urgence constituent les facteurs de contraintes les plus importants et que ce point doit faire "l'objet de réflexions et d'évolutions".

D'après l’enquête, la thématique "parcours et compétences" révèle un "bon niveau de satisfaction" mais la formation reste toutefois un "axe fort d’amélioration". Enfin concernant les relations de travail et climat social, l'enquête fait ressortir un "sentiment d’isolement, des contraintes liées à une double autorité [...] comme étant "autant de facteurs de risques psychosociaux auxquels sont exposés les Atsem". Pour les éviter, le FNP appelle à renforcer les coopérations Atsem/enseignants et entre Atsem, ainsi qu'à consolider les relations des agents avec l'encadrement de proximité et les autres professionnels des écoles.