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Après une saison blanche, les élus de la montagne dans l'expectative

De l'avenir de la production laitière en déclin à l'entretien des cours d'eau en passant par la diversification de l'activité touristique : les élus de la montagne abordent leur 37e congrès les 21 et 22 octobre au Grand-Bornand dans un climat d'incertitude. Si le déploiement du plan Avenir montagnes leur ouvre l'horizon, la préparation de la prochaine saison d'hiver, après une année blanche, est source d'inquiétudes.

À l’approche de la saison d’hiver, l’Association nationale des élus de la montagne (Anem) aborde son congrès du Grand Bornand (Haute-Savoie), les 21 et 22 octobre, dans un climat d'incertitude. Plus de 500 congressistes sont attendus pour débattre "de l’agriculture, du pastoralisme et de la forêt, de l’entretien des cours d’eau, de la petite hydroélectricité et enfin du tourisme", indique l’association. Plusieurs membres du gouvernement feront le déplacement : le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, et les secrétaires d’État Jean-Baptiste Lemoyne (Tourisme) et Joël Giraud (Ruralité).
Après une saison blanche en 2020-2021, les élus de la montagne abordent l'arrivée de l'hiver avec prudence. Lors du dernier congrès de Domaines skiables de France, le 30 septembre à Chambéry, Jean-Baptiste Lemoyne avait annoncé que les remontées mécaniques ouvriraient sans passe sanitaire, précisant cependant que les conditions pourraient être adaptées en fonction de l’évolution de la situation. Or ce mardi, le secrétaire d’État au Tourisme a déclaré que le passe pourrait être rendu obligatoire pour l’accès aux remontées mécaniques. "C'est une réflexion qui est en cours, on se pose la question et on apportera la réponse prochainement", a-t-il déclaré sur Sud Radio, alors que les députés entament ce mardi soir, le projet de loi dit de "vigilance sanitaire" qui permettra à l’exécutif de recourir au passe jusqu’au 31 juillet 2022. Mais comme souvent depuis le début de la crise, quand la réflexion est en cours, c’est que la décision est peut-être déjà prise...
Passe sanitaire ou non, les élus de la montagne pourront se réjouir de l’arrivée prochaine des crédits de soutien aux régies publiques instauré dans le premier budget rectificatif de 2021 (dispositif dit de "coûts fixes"). Jeanine Dubié, la présidente de l’Anem, députée des Hautes-Pyrénées, s’était fortement mobilisée sur ce dossier, alertant sur la situation difficile des stations thermales en régie, non éligibles aux dispositifs de droit commun instaurés pendant la crise. Un projet de décret examiné ce mardi par le Comité des finances locales (CFL) fixe les modalités de répartition des crédits. Il doit être suivi d'un arrêté. "Les sommes seront ainsi notifiées avant la fin de l’exercice 2021 aux collectivités concernée", a assuré Olivier Dussopt, le ministre délégué chargé des comptes publics, vendredi 15 octobre, lors des discussions à l’Assemblée sur le projet de loi de finances pour 2022, précisant que l'enveloppe total serait de 211 millions d'euros, soit huit de plus que les 203 millions d'euros budgétés. Le ministre a toutefois jugé qu'il était trop tôt pour envisager une reconduction du dispositif en 2022.

Élevage de montagne

L’Anem voit plus loin que la crise et appelle, dans son programme, à "s’interroger sur les mutations en cours affectant globalement la société aux plans économique, sanitaire, technologique, climatique et écologique… avec des répercussions sur le tourisme de demain dont les paradigmes doivent être revisités". Ce sera l’occasion pour Jean-Baptiste Lemoyne et Joël Giraud de dresser un état des lieux du plan Avenir montagnes de 650 millions d’euros lancé par le Premier ministre à Bourg-Saint-Maurice le 27 mai pour aider les communes de montagne à diversifier leur économie. Dans le cadre du volet ingénierie de ce plan, les 32 premiers territoires pilotes sur les soixante prévus viennent d'être sélectionnés. Un nouvel appel à candidatures a été lancé le 8 octobre, il sera clos le 10 décembre.
Dans un autre registre, le député Jean-Pierre Vigier (LR, Haute-Loire), vice-président de l’Anem, interpellera le ministre de l’Agriculture sur la situation de l'élevage pastoral au moment de la finalisation de la future politique agricole commune (PAC). Il remettra au ministre son rapport d’information sur la production laitière (hors AOP) en zone de montagne, coécrit avec Pascale Boyer (LREM, Hautes-Alpes), secrétaire générale de l’Anem. Le nombre d’exploitations de montagne livrant du lait de vache a diminué de 21% depuis 2014, alertent les deux rapporteurs. Le déclin est très marqué dans les Pyrénées et dans le Massif central (respectivement - 46% et – 34% entre 2008 et 2017). Avec 65.000 emplois directs et indirects, la production de lait est pourtant vitale pour bien des communes de montagne. Pour les deux députés, le lait de montagne n'est pas assez valorisé par rapport au lait de plaine, alors qu'il est souvent de meilleure qualité et engendre des coûts supplémentaires pour la collecte. Ils préconisent notamment de créer un nouveau label dit de "spécialité traditionnelle garantie" (STG) moins contraignant que les AOP.
Les débats de ce 37e congrès pourront être suivis à distance.