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Attentat de Conflans-Saint-Honorine : hommages, condamnations et initiatives des collectivités

Les associations d'élus, dont l'Association des maires de France, ont rendu hommage à l'enseignant décapité vendredi. Les drapeaux de la plupart des mairies étaient en berne ce lundi. Lors du Congrès des régions, Renaud Muselier a indiqué prévoir "un ouvrage rassemblant les caricatures religieuses et politiques les plus marquantes parues dans la presse régionale" destiné aux lycéens. Jean Castex a promis de nouvelles "actions et mesures" pour lutter contre l'islamisme radical.

L'Association des maires de France (AMF) a appelé samedi toutes les communes à rendre hommage à Samuel Paty, le professeur décapité vendredi dans les Yvelines. L'AMF "propose aux communes d'afficher sur leurs bâtiments le mot-dièse #jesuisenseignant, de respecter une minute de silence lors de la prochaine réunion du conseil municipal et choisir un jour de mise en berne du drapeau de la mairie", selon un communiqué. L'association appelle ainsi "toutes les communes de France à témoigner de leur solidarité avec la victime et sa famille, de leur soutien à l'ensemble de la communauté éducative et de leur mobilisation pour défendre la liberté d'expression et la primauté de la laïcité dans l'organisation de la République". La mise en cause de ces principes, "nous ne l'acceptons pas, car ce serait vider de leur sens les valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité qui figurent aux frontons de nos mairies", souligne l'AMF. Plusieurs communes avaient déjà mis leurs drapeaux en berne ce weekend, dont la ville de Troyes de François Baroin, le président de l'AMF.

Dans un communiqué distinct, l'Association des maires ruraux de France (AMRF) a exprimé "sa très vive émotion et son soutien à la famille et aux collègues de Samuel Paty, victime d'un acte odieux et barbare pour avoir enseigné à ses élèves les valeurs essentielles de la République". Exprimant "à la communauté éducative leur solidarité", les maires ruraux de France demandent aussi "instamment à l'Etat d'assurer la sécurité de ses personnels".

Ce lundi, l’Assemblée des départements de France (ADF) a fait savoir que les départements eux aussi "se mobilisent pour rendre hommage" :  "drapeaux en berne, rassemblements des élus et des personnels départementaux pour une minute de silence, banderoles de solidarité sur les bâtiments, poursuite sans relâche des actions sociales et de prévention de lutte contre la radicalisation islamiste, engagement des conseils départementaux des jeunes...". Et rappelle que, "investies par les autorités de l’Etat d’une mission de prévention de radicalisation des jeunes, les collectivités territoriales sont en première ligne sur ces enjeux" : information, sensibilisation, détection, signalement, prise en charge, protection.

Le 16e congrès des Régions de France qui se tenait ce lundi à Saint-Ouen a lui aussi rendu hommage au professeur décapité. "Je ne puis débuter notre séance sans partager avec vous l'horreur que nous inspire l'assassinat barbare du professeur Samuel Paty", a affirmé la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, à l'ouverture du congrès. En début d'après-midi, les présidents des 13 régions ont observé une minute de silence puis publié une déclaration commune. Avant cela, Renaud Muselier, le président de Régions de France, a annoncé que son association prenait "aujourd'hui l'initiative de préparer la publication d'un ouvrage rassemblant les caricatures religieuses et politiques les plus marquantes parues dans la presse régionale aux côtés de celles parues dans la presse nationale". "Nous allons demander à un collège d'historiens d'y remettre en perspective le droit à la caricature dans l'histoire politique de notre pays" et le ministère de l'Education nationale sera associé "à cette initiative pour que cet ouvrage puisse être mis à disposition de tous les lycéens et lycéennes de France", a-t-il ajouté.

Présent à ce moment-là au congrès, François Baroin a salué cette initiative. Il a également déclaré que les maires attendent qu'un "ordre républicain (...) s'établisse sur la totalité du territoire". "Tous les maires de France sont à l'unisson", a-t-il assuré.

Intervenant peu après lors de ce même congrès, le président du Sénat, Gérard Larcher, a estimé que la "République était en danger comme elle l'a rarement été". Elle est "en danger de nos reculs, de nos renoncements, de notre incapacité à nommer. Oui, en danger, par notre absence de courage collectif qui nous conduit à ce drame", a-t-il insisté. "Nous avions demandé un continuum de sécurité, nous avons eu un continuum de terrorisme", a-t-il lancé.

Hasard du calendrier, le Sénat examinait ce lundi la proposition de loi de sa majorité pour inscrire dans la Constitution la prééminence des règles de la République. Le texte avait été inscrit à l'ordre du jour de la chambre haute bien avant le drame. Le premier article entend consacrer, à l'article 1er de la Constitution, le principe selon lequel "nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s'exonérer de la règle commune". Le second article fait obligation aux partis politiques de respecter le principe de laïcité, au même titre que les principes de souveraineté nationale et de démocratie, avec l'objectif d'exclure les partis communautaristes des financements publics prévus pour les candidats aux élections. Les sénateurs PS avaient déposé une motion visant à rejeter sans débat la proposition de loi, estimant qu'il n'y a "nul besoin de modifier la Constitution pour y inscrire ce qu'elle dit déjà, c'est-à-dire que les lois de la République s'appliquent à tous". Ils ont retiré cette motion de procédure, au vu des derniers développements, jugeant important que la discussion puisse s'engager.

Enfin, en clôture du Congrès des régions, Jean Castex a promis "d'autres actions et mesures" pour lutter contre "l'islamisme radical" – "sur la lutte contre la haine en ligne, sur les associations ennemies de la République, sur le renseignement et la surveillance de ces réseaux et individus qui s'en prennent aux fondements de nos valeurs et du pacte républicain". Le projet de loi sur la laïcité annoncé par Emmanuel Macron début octobre dans son discours sur les séparatismes permettra de "renforcer l'arsenal". Le Premier ministre a notamment fait savoir que la question "de la sécurité des enseignants et des personnels dans les établissements d'enseignement" sera abordée ce mardi 20 octobre lors de la "rencontre Etat-collectivités" (nouvelle appellation et nouveau format succédant à la Conférence nationale des territoires).

 

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