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Habitat - Avoir froid chez soi : forcément, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne...

Avec un sens certain de l'à-propos alors que le pays traverse une vague de froid, Qualitel - "la seule association à but non lucratif, totalement indépendante et engagée pour la qualité et la performance de l'habitat" - publie la seconde édition de son baromètre, réalisé avec Ipsos. L'étude creuse un point qui était apparu dans le premier baromètre Qualitel, il y a quelques mois (voir notre article ci-dessous du 19 octobre 2017) : 47% des personnes interrogées indiquaient en effet qu'il leur arrivait d'"avoir trop froid" dans leur logement. Intitulée "Logement : les Français ne sont pas égaux face au froid", cette seconde édition - qui exploite en fait et approfondit les résultats de la première vague - porte sur un échantillon de 2.700 personnes interrogées.

Le poids des inégalités de revenus

L'étude cherche à comprendre les raisons de cette inégalité face au froid dans le logement. La première tient, sans surprise, aux différences de revenus. Ainsi, pour une moyenne nationale à 47%, la proportion de personnes déclarant ressentir souvent ou parfois la sensation d'avoir froid dans leur logement est de 39% parmi celles affichant un revenu mensuel net par foyer supérieur à 3.000 euros. Elle monte à 50% pour les revenus compris entre 1.250 et 3.000 euros et à 57% pour ceux inférieurs à 1.250 euros. Une personne sur cinq (20%) ayant un revenu inférieur à ce seuil déclare même avoir "souvent froid" dans son logement. Ces perceptions sont liées à une qualité d'ensemble des logements qui croît avec le revenu. La note de satisfaction sur leur logement donnée par les personnes interrogées est ainsi respectivement de 7,2 sur dix, 6,6 et 6,1 parmi les trois tranches de revenus évoquées plus haut. De même, 60% des foyers modestes chauffent la pièce principale en dessous de 20° (contre 43% pour les plus aisés) et ils sont deux fois plus nombreux que la moyenne à chauffer à moins de 18°.

La sensation de froid croît avec l'ancienneté du logement

La seconde cause d'inégalité face au froid tient à l'ancienneté du logement. Les résultats sont sans appel et témoignent de l'amélioration continue de la qualité de l'habitat au fil des décennies : 56% des Français vivant dans un logement datant de la période 1900-1944 déclarent ressentir souvent ou parfois la sensation d'avoir froid, contre 37% pour ceux vivant dans un logement postérieur à 2007. Cet écart se retrouve aussi entre les logements labellisés ou certifiés et ceux qui ne le sont pas, avec des taux respectifs de 33% et 49%.
Troisième cause d'inégalité, qui n'est pas sans lien avec le niveau de revenu : le fait d'être propriétaire de son logement ou locataire. La proportion de répondants déclarant avoir souvent une sensation de froid dans leur logement est de 5% chez les premiers et de 20% chez les seconds.

Les Parisiens sont les plus touchés

La quatrième raison est d'ordre géographique. Sur ce point, les Parisiens semblent les plus défavorisés, puisque 59% d'entre eux déclarent avoir souvent ou parfois froid dans leur logement, soit douze points de plus que la moyenne nationale. Selon Qualitel, l'explication tient au fait que la capitale présente "une surconcentration d'appartements de plus de dix ans, en location, avec une qualité de matériaux et d'isolation thermique insatisfaisantes".
Enfin, le fait que les femmes seraient plus frileuses que les hommes ne relèverait pas forcément du cliché. Elles sont en effet 52% à déclarer ressentir parfois ou souvent la sensation d'avoir trop froid dans leur logement, contre 44% pour les hommes...
Pour Bertrand Delcambre, le président de Qualitel, "les résultats de ce premier baromètre permettent d'apporter un éclairage utile aux décideurs publics comme à l'ensemble des acteurs œuvrant à la qualité de l'habitat". L'étude "pose donc clairement la question de la rénovation, pas uniquement énergétique, du parc de logements anciens. Celle-ci devient une priorité nationale. Elle constitue un enjeu fondamental en termes de qualité de vie des Français bien sûr, mais aussi d'activité économique et de progrès environnemental. La rénovation des logements anciens sera un chantier prioritaire du XXIe siècle".