Archives

Bilan en demi-teinte pour le plan 500.000 formations de François Hollande

Si le plan 500.000 formations lancé fin 2015 a atteint ses objectifs quantitatifs, l'accès à l'emploi après une formation a diminué au cours de l'année 2016. Selon un bilan de la Dares publié le 11 décembre 2018, cette baisse est due à une part de plus en plus importante des demandeurs d’emploi de longue durée ou peu qualifiés parmi les sortants de formation.

Fin 2015, le président de la République François Hollande annonce la mise en place d'un grand plan de formation des personnes en recherche d'emploi, partagé entre les régions et Pôle emploi, avec pour objectif d'atteindre un million d'entrées en formation, financées à hauteur d'un milliard d'euros par l'Etat. Dans un rapport publié le 11 décembre 2018, un comité technique, piloté par la Dares, dresse un premier bilan quantitatif et qualitatif du plan.
L'objectif quantitatif est atteint : la hausse des formations, avec 1.013.000 entrées en formation en 2016 au total, a été portée par les deux principaux commanditaires de formation : les régions et Pôle emploi, sous la coordination des régions. Les régions ont ainsi commandé 411.000 formations en 2016, soit une hausse de 17% par rapport à 2015, et même de 22% si on exclut la région Auvergne-Rhône-Alpes qui n'a pas pris part au plan. De son côté, Pôle emploi a commandé 2,2 fois plus de formations en 2016 qu'en 2015, avec 517.000 entrées en formation, devenant le premier commanditaire de formations devant les régions. Cette hausse des entrées en formation se mesure sur tout le territoire, dans toutes les régions, sauf Mayotte.

Les jeunes de moins de 26 ans ont moins profité du plan

Autres points positifs du plan : l'accès à la formation progresse quel que soit le niveau de diplôme ; les formations supplémentaires ont plus profité aux demandeurs d'emploi de longue durée, et les inégalités d'accès à la formation selon l'âge se réduisent. En revanche, les jeunes de moins de 26 ans peu qualifiés ont peu profité du plan. D'une part, ces jeunes accèdent généralement à des formations commandées par les régions, et en particulier à des stages d’aide à la définition de projet ou de pré-qualification, et celles-ci ont moins augmenté que les formations commandées par Pôle emploi. D'autre part, les missions locales, qui ont dû s'investir en 2016 dans la mise en œuvre de la garantie jeunes et de l'accompagnement des sortants d'emplois d'avenir, ne se sont pas particulièrement mobilisées pour tirer parti du plan.

L'accès à l'emploi diminue au second semestre 2016

Les bénéficiaires des formations sont globalement satisfaits des formations suivies. 88% des demandeurs d'emploi sortis de formation entre décembre 2016 et février 2017 indiquent ainsi que la formation leur a permis de développer leurs compétences sur leur métier et/ou de se former à un nouveau métier et 79% soulignent que la formation a permis de faire avancer leur recherche d'emploi ou leur création d'entreprise. 
En revanche, l'accès à l'emploi à l'issue d'une formation, qui était stable en début d'année, diminue légèrement au second semestre 2016 : les demandeurs d’emploi sortis de formation entre septembre et novembre 2016 ont moins accès à l’emploi dans les six mois qui ont suivi la fin de la formation que ceux sortis de formation entre janvier et mai 2016. "Cette baisse du taux d’accès à l’emploi sur la fin de l’année est notamment due à une part de plus en plus importante des demandeurs d’emploi de longue durée ou peu qualifiés parmi les sortants de formation", explique le rapport. Elle serait aussi due à la baisse de la part des formations préalables à l'embauche. L'intérêt des formations est toutefois rarement remis en cause par les stagiaires, le moment de formation étant souvent évoqué comme permettant de renouer avec la motivation et les apprentissages étant très majoritairement appréciés. Mais le lien de la formation avec les opportunités d'emploi n'apparaît pas toujours évident aux yeux des stagiaires, et, quand il est absent, "crée de profondes déconvenues", souligne le document. Par ailleurs, "un certain nombre de personnes parmi les plus éloignées de l’emploi (les plus âgées notamment) indiquent que la formation ne parvient pas toujours à compenser le regard négatif que portent les entreprises sur leur profil".