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Brexit : l’inquiétude grandit chez les transporteurs

Un "No Deal" placerait les transporteurs dans une situation de "chaos", alerte la Fédération nationale des transports routiers, à une quarantaine de jours du Brexit. 60% des tonnages entre le Royaume-Uni et l'Union européenne passent par la France, relève le groupe de suivi sénatorial sur le Brexit. Les travaux d'aménagements nécessaires sont sur leur lancée, assure le coordinateur national qui estime leur montant entre 50 et 60 millions d'euros, à la charge de l'Etat, des ports et des collectivités.

J-43. "Un No Deal serait vraiment une catastrophe pour nous", a alerté Isabelle Maître, de la Fédération nationale des transports routiers, mercredi 13 février, lors d’une audition du groupe de suivi sénatorial sur le Brexit qui doit intervenir le 29 mars. "Les conséquences peuvent être très graves si, du jour au lendemain, on se trouve dans ce chaos. (…) Pour un entrepreneur, rien n’est pire que l’incertitude", a-t-elle ajouté. Mi-janvier, le Premier ministre Edouard Philippe avait lancé un plan de préparation à un Brexit sans accord, jugeant cette option de moins en moins improbable. Six ordonnances ont été prises dans la foulée (pour comprimer les délais de constructions sur les infrastructures, pour réguler le droit de séjour…). La question des contrôles aux frontières est l’une des plus délicates à traiter. Les Hauts-de-France seraient particulièrement touchés. "60% des tonnages échangés entre l’Union européenne et le Royaume-Uni passent par des infrastructures françaises", souligne le groupe de suivi. Une proportion qui atteint 80% pour les produits sanitaires et phytosanitaires qui passent essentiellement par le tunnel sous la Manche pour des raisons de sécurité. Quelque 6.000 camions transitent ainsi par Calais chaque jour et 4.000 passent par le tunnel sous la Manche. La restauration de la frontière multiplierait par 4 ou 5 le temps de contrôle et par 10 les flux de personnes, a indiqué le coordinateur national du Brexit Vincent Pourquery de Boisserin. "Une minute de délai supplémentaire peut mener jusqu’à une file de camions de 27 km", a complété Thierry Grumiaux, de la FNT. 

50 à 60 millions d'euros de travaux

"Notre pays fera face à ses obligations le 28 mars", a assuré Vincent Pourquery de Boisserin expliquant que les travaux d’aménagements (construction de parkings tampons, d’installations préfabriquées, de zones de filtrage afin d’éviter la congestion) étaient sur leur lancée. Le coût des travaux est estimé entre 50 et 60 millions d’euros, ils relèvent des autorités portuaires (Etat, concessions de ports décentralisés avec les régions et départements, selon le modèle). "Cela relève bien de leur compétence (des collectivités, ndlr),  un pour les réaliser et deux pour les prendre en charge, quitte à se retourner pour avoir des subventions. Aucune collectivité ne l’a contesté. Toutes ont entrepris les travaux qu’elles avaient étudiés préalablement", a développé le coordinateur  pour qui, le montant des travaux n'est "pas d'une échelle inatteignable". Il a également rappelé que, dans les cadre du Mécanisme d’interconnexion en Europe, "il y a eu des corrections de la Commission sur les corridors, qui vont rendre éligibles un certain nombre d’installations françaises". En revanche, a-t-il indiqué, sur la question d’aides directes aux travaux liés au Brexit, "la Commission n’a pas prévu  de moyens financiers". "J’imagine que ça pourrait changer après le 29 mars", a-t-il considéré.
Le groupe de suivi sénatorial "demeure néanmoins soucieux de l’armement en personnel des infrastructures en cours de construction".