CDG Express : l'autorisation environnementale validée par la justice en appel

Toujours contesté par des élus franciliens au nom de la priorité à donner aux transports du quotidien, le projet de futur train rapide entre Paris et l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle a reçu ce 28 avril le feu vert de la cour administrative d'appel de Paris qui a validé son autorisation environnementale. Sa mise en service devrait intervenir début 2027.

Après bien des péripéties, le futur train rapide CDG Express entre Paris et l'aéroport de Roissy a reçu ce 28 avril le feu vert de la justice, qui a validé en appel son autorisation environnementale, permettant sa réalisation. "L'arrêt de la cour confirme l'utilité du projet. Il confirme le cap que le gouvernement nous a fixé d'une mise en service de la liaison d'ici début 2027", a réagi auprès de l'AFP Alexandra Locquet, présidente du gestionnaire d'infrastructure CDG Express.
Dans son arrêt - résumé dans un communiqué -, la cour administrative d'appel de Paris "considère, contrairement à ce qu'avait jugé le tribunal administratif, que le projet est justifié par une raison impérative d'intérêt public majeur, permettant de déroger aux dispositions (...) du code de l'environnement concernant la protection des espèces animales". "En effet, poursuit la cour, alors que l’aéroport Paris Charles de Gaulle est le deuxième aéroport européen en nombre de voyageurs et en trafic, qu’il a connu une croissance soutenue depuis de nombreuses années et qu’il dispose encore de possibilités matérielles d’extension, l’inadaptation de ses conditions de desserte a été constatée de longue date, se manifestant tant par la saturation des axes routiers que par la longueur des trajets réalisés par la ligne B du RER et par les nuisances pour l’ensemble des usagers de la ligne. Or le projet vise à améliorer la desserte de l’aéroport par les transports en commun, à décongestionner le réseau existant, à renforcer l’attractivité de l’agglomération francilienne et à faciliter l’interconnexion entre les différents modes de transport."

Plannings de construction revus

Le litige qui a conduit cette affaire devant la justice concerne plus particulièrement la portion de voies nouvelles qui s'étend sur 4,4 kilomètres au niveau de Mitry-Mory (Seine-et-Marne). Cette commune avait attaqué l'arrêté préfectoral autorisant le projet à traverser des zones où vivent des espèces protégées. Un jugement du tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis) avait stoppé les travaux début novembre 2020 (lire notre article) en annulant cette dérogation. Les juges considéraient alors que l'infrastructure n'était pas "indispensable" au point de détruire cette biodiversité. Ils notaient en particulier que le trafic aérien avait chuté, en raison de la crise sanitaire, depuis la déclaration d'utilité publique de 2017, et s'interrogeaient sur le caractère provisoire de cette baisse.
Les porteurs du projet avaient néanmoins obtenu en mars 2021 l'autorisation de reprendre les travaux, en attendant une décision sur le fond. Ces quelques mois d'interruption ont passablement perturbé des plannings de construction déjà émoussés par le Covid-19, si bien que le gouvernement a fini par adopter un nouveau calendrier en novembre dernier : l'objectif de mise en service a été reporté au début 2027 - avec une pause du chantier pendant les Jeux olympiques de 2024.
"Le projet est aujourd'hui bien avancé malgré toutes les avanies que l'on a pu subir. On a investi plus de 1,5 milliard d'euros, sur un budget de 2,2 milliards", a remarqué Grégoire Marlot, directeur général du gestionnaire d'infrastructure. La ville de Mitry-Mory a encore la possibilité de faire appel de la décision de la cour d'appel en se pourvoyant devant le Conseil d'État. Cette action ne serait toutefois pas suspensive, et le chantier pourrait continuer.

Apport de 537 millions d'euros à la modernisation du RER

"On ne peut pas lutter contre l'artificialisation des sols et dire que protéger les espèces est une priorité absolue, et dans le même temps dire qu'il n'y a aucun problème à les détruire", a regretté Corinne Lepage, avocate de la ville. Aux yeux des opposants au projet, parmi lesquels des élus de gauche et des associations de défense de l'environnement, "le train des riches" se construit au détriment des transports en commun existants, qui sont en piètre état. "Les milliards destinés à ce projet pharaonique pour créer un train réservé uniquement aux plus riches le sont au détriment de millions de voyageurs du quotidien et doivent être investis dans le RER B", en partie parallèle, a réagi l'adjoint à la maire de Paris chargé des transports, David Belliard (EELV). Valérie Pécresse, présidente (LR) d'Île-de-France Mobilités, a à nouveau demandé à l'Etat de donner la priorité aux travaux de rénovation du RER B, "afin de minimiser les interruptions de service pour les Franciliens".
Les deux sont intimement liés pour le gestionnaire d'infrastructure, qui rappelle que son projet apporte 537 millions d'euros à la modernisation du RER. Long de 32 km, le CDG Express doit relier directement en 20 minutes la Gare de l'Est, à Paris, et l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, avec un train tous les quarts d'heure. Le projet est piloté par le Gestionnaire d'infrastructures CDG Express, entité détenue à parts égales par Groupe ADP (Aéroports de Paris), SNCF Réseau et la Banque des Territoires (Caisse de Dépôts). Le train sera exploité, une fois en service, par un groupement associant Keolis (groupe SNCF) et la RATP, le matériel roulant étant fourni par Alstom.