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Congrès mondial de la nature : les collectivités locales vont désormais intégrer l’UICN

Le congrès mondial de la nature, qui se tenait à Marseille depuis le 3 septembre, a fermé ses portes. Après plus de dix ans de travaux, les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ont enfin accepté que les collectivités locales puissent elles aussi faire partie intégrante de cette organisation. D’autres résolutions adoptées lors du congrès concernent directement les collectivités, les associations d’élus entendant pour leur part promouvoir les solutions fondées sur la nature.

Les collectivités locales pourront désormais être membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ainsi en ont décidé les membres de l’organisation lors du Congrès mondial de la nature de Marseille, qui vient de s'achever. La motion a été adoptée à plus de 84% des suffrages exprimés, clôturant ainsi un parcours long et mouvementé.

Une inclusion âprement discutée

C’est en 2008, lors du congrès de Barcelone, que les membres de l’UICN recommandaient pour la première fois "d’inclure les collectivités territoriales dans la structure de l’Union". Certes, en 2004, le congrès de Bangkok avait bien constaté que "le transfert de compétences dans le domaine de l’environnement et de la protection de la nature s’est réalisé, ou va se réaliser, en partie au profit des collectivités territoriales et locales". Mais il avait alors seulement demandé au Conseil de l’UICN "d’étudier les modalités d’engagement de l’UICN auprès des collectivités territoriales et locales".
Après trois années de consultations (deux initiales, en 2009 et 2010, prolongées d’une troisième "au vu de la diversité d’opinions représentées"), leur inclusion avait toutefois été rejetée lors du congrès de Jeju, en 2012, contraignant à de nouvelles négociations. Las, ces dernières se concluaient à nouveau par un refus lors du congrès d’Hawaï de 2016, qui avait néanmoins décidé la création d’un nouveau groupe de travail.
Le troisième essai sera donc le bon. Désormais, les "autorités infranationales" peuvent être membres de catégorie A (celle des États et organismes gouvernementaux, entre autres) de l’UICN, ces autorités étant entendues comme des "organismes publics au niveau national, provincial, local, territorial ou régional qui ont été élus" et qui ont notamment "un pouvoir décisionnel effectif dans le domaine de la conservation de la nature et/ou sont compétents pour assurer une utilisation équitable et écologiquement durable des ressources naturelles".

Reconnaître et soutenir le rôle des communautés locales

Peut-être avec la foi du nouveau converti, les membres ont également voté – parmi les 39 résolutions adoptées lors du congrès, 109 l’ayant été précédemment par vote en ligne – plusieurs résolutions en faveur des "communautés locales". Ainsi de la résolution 45 visant à "reconnaître et soutenir les droits et les rôles des peuples autochtones et des communautés locales dans la conservation". Elle encourage notamment les États "à ce que les aires protégées et conservées nouvelles et existantes soient gouvernées et gérées par les peuples autochtones et les communautés locales ou, au minimum, à veiller à une participation complète, équitable et efficace des peuples autochtones et des communautés locales dans la prise de décision". Ou de la résolution 137, qui affirme "le droit des Peuples autochtones et des communautés locales à gérer et à utiliser durablement les ressources sauvages dans le contexte du Covid-19".

Tourisme durable, réduction de la pollution lumineuse…

D’autres résolutions concernent les collectivités au premier chef. Parmi elles, la résolution 130, qui vise à "renforcer le rôle du tourisme durable dans la conservation de la biodiversité et la résilience communautaire" ou la résolution 84 qui cherche à "réduire la pollution lumineuse" alors que la "prise de conscience reste faible au sein des États, auprès des autorités locales et des acteurs privés". Notant que "le parc d’éclairage extérieur est […] progressivement remplacé […] en utilisant des technologies de diodes électroluminescentes (LED) qui peuvent entraîner une augmentation de l'intensité lumineuse des lampes et une proportion importante de bleu dans leur spectre lumineux", le congrès de l’UICN "encourage les responsables de la planification et de la gestion de l'éclairage extérieur à réfléchir à l'utilité des éclairages en place", puis soit "à enlever les points d'éclairage superflus (ceux qui ne sont pas nécessaires pour assurer la sécurité des personnes ou des biens)", soit à adapter l'éclairage, notamment en l’éteignant au milieu de la nuit, en évitant l’éclairage vers le haut, en évitant "tout éclairage d’un environnement naturel" ou encore en privilégiant "les lumières ambrées avec peu de bleu".

Forêts, industrie minière

Parmi les autres résolutions adoptées, on relèvera également celle visant à "renforcer la protection des forêts primaires et matures en Europe et faciliter leur restauration dans la mesure du possible" (n°125), soutenue par la France et celle visant à "réduire les impacts de l’industrie minière sur la biodiversité" (n°67), qui invite notamment "les États et les autres autorités compétentes à élaborer et à mettre en œuvre des plans de transition visant à réduire la demande de matériaux bruts vierges et à ralentir puis arrêter progressivement la production de matériaux bruts vierges pour les remplacer par des matériaux récupérés, réutilisés et recyclés, et à trouver des matériaux de substitution renouvelables".

Solutions fondées sur la nature

On signalera encore le lancement d’une "facilité mondiale de l’UICN pour les solutions fondées sur la nature", qui assurera les travaux visant à mettre au point un système de certification de ces solutions par ailleurs promues par les associations d’élus françaises. L’Association des maires de France, l’Association des petites villes de France, Villes de France, l’Association des maires ruraux de France, France Urbaine, Régions de France, les Eco Maires et Amorce – aux côtés de France Nature Environnement – ont en effet lancé un "Appel de Marseille", publié par Ouest France le 8 septembre dernier, au travers duquel leurs dirigeants s’engagent "à faire la promotion des solutions fondées sur la nature auprès des acteurs régionaux et territoriaux à terre ou en mer, en métropole et en outre-mer pour qu’ils s’approprient ce concept en tant que réponse privilégiée aux défis sociaux et environnementaux, et à les mettre concrètement en œuvre afin de garantir l’avenir de l’humanité au sein d’un monde vivable".