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Dix ans d'Eau de Paris : l'opérateur public défend son bilan

Dix ans après sa remunicipalisation, le service de gestion de l’eau de Paris affiche de belles performances. Le 7 mars, cette régie a consacré une journée de colloque et de visites pour fêter cela "en famille avec d'autres opérateurs publics" comme ceux de Strasbourg, Bruxelles, Milan, Turin ou Nice, dernière en date à avoir repris en régie des activités eau longtemps déléguées. Optimisation de l'exploitation, entrée dans le Big Data, préservation de la ressource et amplification de la transition énergétique, pour Eau de Paris des défis restent à relever. 

Défendre un bilan est l'occasion de jeter un coup d'œil dans le rétroviseur des années passées. Et de souligner l'audace d'un pari relevé. Fêtant le 7 mars ses dix ans, Eau de Paris a rappelé que cette reprise en main par une régie publique d'un service longtemps délégué à des opérateurs privés fut, à l'époque, un pari osé : "Ce n'était pas gagné d'avance, beaucoup n'y croyaient pas", raconte Célia Blauel, sa présidente et adjointe de la maire Anne Hidalgo en charge du dossier.

Compenser l'effet ciseaux

L'élue souligne l'inscription de l'initiative dans un mouvement global de remunicipalisation "qui touche d'autres secteurs, comme l'énergie". En dix ans, cette régie a su maintenir les prix de l’eau - du moins celui qui relève de la mairie dans la facture d'eau - à un bas niveau, "le plus bas du territoire métropolitain". La politique de maîtrise des charges sur l'ensemble de sa chaîne de métiers porte ses fruits et permet de compenser la baisse des recettes : "Car les consommations d'eau par les usagers, elles, baissent notamment du fait de la modernisation des appareils électroménagers. Ce fléchissement, d'abord de l'ordre de 2% par an, se stabilise autour de 1%", évalue Benjamin Gestin, directeur général d'Eau de Paris.Très disert sur ce sujet des économies d'eau - plus en tout cas que les acteurs privés - il appelle à s'en réjouir car cela "réduit la pression sur la ressource en eau". 

Fluidifier la data

Dans son bilan, l'accent est mis sur la maîtrise de son réseau et son modèle intégrant une soixantaine de métiers de l'eau (900 salariés dont un laboratoire de recherche), en allant "de la source jusqu'au robinet des usagers". Mais aussi sur sa performance économique, ses dix années d'investissements (chiffrés à 560 millions d'euros : modernisation d'usine, renouvellement de compteurs, etc.) et l'enclenchement d'une stratégie d'"investissement raisonné", reposant sur "la connaissance du patrimoine grâce à la révolution de la donnée". "Un domaine où beaucoup reste à faire, notamment pour valoriser les données qui sont produites en continu", éclaire Benjamin Gestin.

Expérimenter avec d'autres

L'opérateur public met aussi en avant la protection des ressources aquifères de la région parisienne (voir son plan d'action adopté en 2016) et l'innovation, thématique transversale qui le conduit à travailler avec d'autres acteurs urbains comme la RATP (recyclage des eaux d'exhaure) ou l'agence de développement Paris&Co.

"Continuons d'optimiser notre outil industriel et de s'ouvrir vers l'extérieur en stimulant les partenariats et initiatives à travers des appels à projets", ajoute le directeur général. "Eau de Paris est un bon terrain d'expérimentation", rebondit Célia Blauel. Des exemples ? Dans une logique d'adaptation au changement climatique, en parallèle aux efforts de végétalisation, la régie déploiera cet été des dispositifs de rafraîchissements connectés sur les bouches d'incendie. Après la ville, elle lancera à son tour l'an prochain un budget participatif. 

Même si la précarité hydrique est rare dans la capitale grâce au prix bas de son eau, elle existe et dans le cadre du fonds de solidarité pour le logement (FSL), l'entreprise publique continue d'abonder à ce titre une aide curative à hauteur de 500.000 euros par an. "S'y ajoute un travail dans la dentelle - et non de la tarification sociale (gratuité des premiers mètres cubes d'eau) qui n'est pas adaptée à Paris - avec des associations, bailleurs sociaux, auprès des usagers en difficulté", indique Célia Blauel. 

Vers une eau neutre en carbone

Eau de Paris veut aussi s'engager dans la voie de la neutralité carbone : "Nous ferons sans doute un peu de compensation, pour ses effets immédiats, mais réduirons surtout notre empreinte carbone, ce qui implique de mieux maîtriser nos consommations énergétiques, avec là aussi un chantier lié à la mesure et l'exploitation des données en temps réel", indique Benjamin Gestin. L'établissement contribuera à la plateforme de compensation carbone locale que la ville de Paris veut créer. Côté réduction, il revend déjà l'énergie renouvelable produite grâce aux panneaux photovoltaïques installés sur le toit d'une usine d'eau à L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). "Nous voulons aller plus loin et pousser jusqu'à l'autoconsommation sur certains sites", conclut Benjamin Gestin.

 

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