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Médicosocial - Dix pour cent des personnes âgées de plus 60 ans vivant à domicile sont dépendantes

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie les premiers résultats de l'enquête nationale Care (Capacités, aides et ressources des seniors), conduite en 2015. Celle-ci, réalisée en métropole, vise les personnes de 60 ans et plus, vivant dans un logement ordinaire. L'un des objectifs de l'étude était de déterminer la part des personnes en perte d'autonomie dans cette population et ainsi de voir si l'APA (allocation personnalisée d'autonomie) fait, comme d'autres prestations, l'objet d'une "sous-consommation", autrement dit d'un non-recours aux droits.

Trois méthodes qui ne se recoupent pas

La réponse à cette tentative de quantification de la dépendance à domicile n'est pas vraiment précise. Il existe en effet trois méthodes pour évaluer la dépendance d'un individu. La plus connue est le GIR (groupe iso-ressources), utilisé pour évaluer et classer les demandeurs de l'APA. Mais il existe aussi l'indicateur de Katz et celui de Colvez, établis sur un nombre plus restreint d'activités de la vie quotidienne. Signe que ces trois indicateurs ne se recouvrent pas vraiment, seuls 14,7% des seniors dépendants sont considérés comme tels par les trois indicateurs...
Selon la définition retenue, la métropole compte entre 0,4 et 1,5 million de personnes âgées en perte d'autonomie... La fourchette haute, correspondant à la définition la plus large de la dépendance, recouvre 10,1% de la population des personnes de 60 ans et plus. Sur cette population de personnes en perte d'autonomie, 6,7% présentent un niveau de dépendance peu élevé (GIR 4), tandis que 1,8% présentent au contraire une dépendance sévère (GIR 1 et 2).

Une perte d'autonomie en recul par rapport à 2008

Ces 1,5 million de personnes en perte d'autonomie se répartissent entre un peu moins d'un tiers (415.000 personnes) de moins de 75 ans et plus de deux tiers (1,04 million de personnes) de 75 ans et plus, dont 214.000 sévèrement dépendantes.
En termes de prévalence, les femmes sont davantage touchées par la perte d'autonomie à domicile, ce qui s'explique en partie par une moyenne d'âge féminine (73 ans) plus élevée que la moyenne d'âge masculine (71 ans).
Autre point intéressant : à domicile, la perte d'autonomie a globalement baissé entre 2008 (date de la précédente enquête) et 2015. Cette tendance à la baisse de la dépendance à domicile est plus affirmée chez les personnes âgées de 75 ans et plus.

Estimation du non-recours à l'APA : "un exercice difficile"

Enfin, sur la question de l'estimation du non recours à l'APA, l'étude reconnaît qu'il s'agit d'"un exercice très difficile". Dans un passé récent, certaines études ont estimé ce taux de non recours autour de 20 à 28% des bénéficiaires potentiels. Mais "de telles estimations sont en réalité très fragiles et à prendre avec une grande prudence". Les auteurs rappellent en effet que la non perception de l'APA peut s'expliquer par le bénéfice d'une autre allocation qui ne lui est pas cumulable (comme l'ACTP, la prestation de compensation du handicap ou la majoration pour tierce personne). En outre, il existe un écart entre le nombre de personnes percevant l'APA à un moment donné et celui des personnes ayant des droits ouverts à cette prestation au même moment (par exemple du fait des hospitalisations). Enfin, "l'estimation du GIR réalisée grâce aux variables du questionnaire Care repose sur un calcul statistique du GIR fondé sur des données déclaratives, donc par nature subjectives. Le GIR estimé peut donc différer de celui qui aurait été attribué par une équipe de professionnels lors d'une évaluation à domicile".