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Très haut débit - Emmanuel Macron veut "repenser les plans"

Lors de sa visite au lycée agricole des Vaseix à Verneuil-sur-Vienne près de Limoges, le président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué ses ambitions pour l'accessibilité numérique du territoire (sur les autres volets de son intervention, voir ci-dessous notre article de ce jour). Il souhaite intensifier les efforts de l'Etat, tant en faveur du très haut débit fixe que des réseaux mobiles. En effet, le président qualifie les zones blanches de territoires "profondément enclavés" où les populations, qui se sentent "déclassées", seraient plus enclines à se tourner vers les extrêmes. Concrètement, l'Etat devrait renforcer ses exigences envers les opérateurs et promouvoir un désenclavement territorial rapide, pas seulement via la fibre.

"Etre très volontariste" et "contraindre davantage les opérateurs qu'on ne l'a fait, pour qu'ils s'alignent" sur les ambitions d'aménagement numérique : une déclaration d'intention qui, de la part d'Emmanuel Macron, séduira ceux qui ne se satisfont pas de l'allure actuelle de déploiement du très haut débit. Sur le front des réseaux mobiles, le président évoque une "accessibilité complète sous deux ans" en 3G/4G, ce qui impliquerait des objectifs supérieurs à ce qui est pour l'instant prévu dans les obligations de licence des opérateurs. Sur la 4G, les trois opérateurs historiques se sont engagés à couvrir 40% de la population d'une "zone peu dense" regroupant 18% des habitants de l'Hexagone. Le programme de résorption des zones blanches, qui avance bon train, ne prévoit pas encore de couverture systématique en 4G des centre-bourgs couverts. Notamment, les signaux 4G sont pour l'heure plus difficiles à mutualiser, entre opérateurs, que les émissions en 3G.

La fibre, pas partout tout de suite

Sur l'internet fixe, le président de la République a tenu à appeler au réalisme ; "il ne faut pas mentir aux gens", a-t-il même déclaré, en évoquant les efforts à effectuer pour connecter les territoires les plus isolés. La fibre optique, "on ne la mettra pas partout", pas "jusqu'au dernier kilomètre, dans le dernier hameau" ; ou alors, "il faudra des années, parfois des décennies". Pour tenir l'objectif d'un THD déployé sur l'ensemble du territoire en 2022, le président plaide donc pour "une solution mixte où on marie la fibre et les innovations technologiques qui permettent d'avoir la 4G à bon niveau". "Le LTE peut être à la fois utilisé pour les réseaux cellulaires, et l'internet fixe ; contrairement au WiMax ou au WifiMax, il y a donc une équation économique plus accessible qui permet d'en faire une solution viable pour les endroits où la fibre viendra plus tard. C'est une part infime du budget d'un RIP, pour des résultats réellement intéressants", précise Philippe Le Grand, vice-président de Nomotech, un des opérateurs de 4G fixe pour les réseaux d'initiative publique (RIP). A noter, la montée en débit du réseau cuivre n'est pas citée par le président de la République : ces projets sont en effet, pour l'essentiel, déjà en cours de déploiement ou même finalisés. Pour les hameaux en bout de ligne téléphonique, cette solution perd en pertinence.

Orange reconnaît l'urgence

Durant le week-end, le PDG d'Orange, Stéphane Richard, est monté au créneau via une interview au JDD, pour justifier du positionnement du groupe en matière, notamment, d'aménagement numérique. L'opérateur historique reconnaît que la connectivité numérique est devenue un "produit de première nécessité", plus attendu par les habitants et les élus qu'une liaison TGV. Alors que SFR accuse Orange, depuis des mois, de vouloir maintenir une position monopolistique dans le déploiement de la fibre optique en zone d'initiative privée, Stéphane Richard annonce qu'il recherche un "compromis raisonnable" avec son concurrent. S'il se concrétisait, ce débouché serait positif pour le déploiement du très haut débit dans les villes moyennes, souvent dépendantes des stratégies des opérateurs.