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Énergies renouvelables - La nécessité d'un sursaut pour tenir les engagements du pays

La dernière livraison du baromètre Observ'ER publié le 10 janvier, en partenariat avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), pointe les progrès des énergies renouvelables électriques qui ont représenté de janvier à fin septembre dernier 18,4% de la production d'électricité. Sans minimiser le retard pris par certaines filières et la lenteur du rythme de progression au regard des engagements du pays.

Evolution de la géothermie, part significative (33.000 sites !) prise par l’autoconsommation dans la croissance du photovoltaïque, effort d'intégration territoriale des projets éoliens… Le suivi filière par filière qu'offre le baromètre Observ'ER des énergies renouvelables électriques publié le 10 janvier, ne se résume pas qu'à un alignement de courbes et chiffres. "Ce baromètre fourmille d'initiatives locales et permet d'apprécier le rôle renforcé des collectivités dans la transition énergétique en tant qu'autorités organisatrices de la distribution. Et d'observer des tendances, par exemple l’accélération des sociétés d’économie mixte tournées vers la production d’énergies renouvelables - elles sont 80 aujourd'hui – ainsi qu'un frémissement de développement pour le biométhane", repère le directeur général de la FNCCR Pascal Sokoloff.

Le réveil du biogaz

Près de 600 sites produisent de l'électricité d’origine biogaz. Sur les 447 mégawatts (MW) de puissance totale installée, les régions Île-de-France, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine et Hauts-de-France représentent presque la moitié. Le cadre réglementaire est stabilisé, des appels à projets régionaux sont lancés et la filière est tirée en avant par l’injection du biométhane dans les réseaux de gaz naturel, "qui reste le secteur le plus dynamique". L'augmentation du fonds chaleur et le maintien du fonds déchets de l'Ademe sont perçus comme de bons signaux puisqu'"ils financent une centaine de projets biogaz par an, avec une montée en puissance attendue par l'Ademe", souligne le baromètre. Mais aussi une montée des acteurs en compétences avec l'éclosion cette année de centres de recherche dédiés. On recense près de 400 installations de méthanisation agricole - "200 autres projets pourraient émerger s'ils n'étaient pas ralentis dans les tuyaux de l’administration". 

Souffler plus fort

De même pour atteindre la trajectoire fixée pour l'éolien terrestre par la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Cette filière devrait pouvoir se féliciter d’atteindre l'objectif fixé à fin 2018 par la précédente PPE. "Pour les objectifs à 2023 et 2028, il va falloir accélérer le rythme et atteindre 2 GW par an. Il faut plus de renouvelables dans certains secteurs comme l'industrie", presse Raphaël Gerson, chef adjoint du service réseaux énergies renouvelables à l'Ademe. Hauts-de-France et Grand Est trônent au sommet du podium des régions les plus équipées en éoliennes avec à elles deux 47% du parc total national. L'Île-de-France, la Corse et les DOM sont à la traîne. La baromètre note que "les projets éoliens s’inscrivent de mieux en mieux dans les dynamiques territoriales locales, ce qui est fondamental pour qu’ils se passent bien" et que les recettes fiscales des collectivités qui les accueillent atteignent 151 millions d’euros sur le territoire français. L'ambition "timorée" du gouvernement dans l'éolien en mer est déplorée. Tout comme le fait d'avoir délaissé une filière aussi précieuse à l'export que l'énergie solaire thermique à concentration, un autre mode de valorisation électrique possible du rayonnement solaire. 

Briller partout

L'essor du photovoltaïque se poursuit - si la tendance actuelle se maintient, l'année 2018 pourrait être la première à voir l’installation d’1 GW raccordés - porté entre autres par les appels d’offres réguliers de la CRE (commission de régulation de l’énergie). Mais pour Vincent Jacques Le Seigneur, président d'Observ'ER, c'est là aussi insuffisant pour atteindre le seuil fixé par la PPE de 2016 : "Un peu plus d’1 GW va probablement manquer à l’appel". La puissance installée a pourtant augmenté de 20% en un an dans trois régions (Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine). Et le groupe de travail réuni l'an dernier au ministère a contribué à lever des verrous. Pas celui de la régionalisation des aides, une piste évoquée, finalement non retenue : "Résultat, le système de prime et complément de rémunération actuel est uniforme sur le territoire, quand bien même l’ensoleillement ne l’est pas".

Ne pas mettre ses oeufs dans le même panier

Persiste aussi le problème du foncier : "Trouver des terrains pour de grandes installations solaires est de plus en plus difficile". De toute façon les giga-projets de centrales inquiètent quelque peu le président d'Observ'ER. Il craint qu'ils dégradent l'acceptabilité sociétale du secteur. Et s'il y avait du potentiel ailleurs, sur des friches ou des sites délaissés ? Une étude à paraître de l'Ademe s'apprête à faire le point sur le sujet. Elle détecte cinq zones qui se démarquent, cite Observ'ER, "la moitié est de la région Grand Est, du Doubs et du Jura, les départements littoraux de la Nouvelle-Aquitaine, l’Île-de-France, le nord des Hauts-de-France et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le département de la Savoie sort aussi du lot". Enfin, gare à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier : "La croissance des renouvelables est trop centrée sur les deux filières solaire et éolienne. Il faut mieux panacher et laisser plus de place aux autres", suggère Raphaël Gerson.