Eurobaromètre européen : la France, pays de la défiance ?

La dernière édition de l’Eurobaromètre européen montre que les Français interrogés se montrent globalement les plus méfiants des 27 à l’égard des institutions, qu’elles soient européennes ou nationales, les médias n’échappant pas au phénomène. Pour autant, les Français sondés continuent très majoritairement de soutenir les actions prises par l’UE face à l’invasion ukrainienne et à être favorables à un renforcement de la coopération européenne en matière de défense et d’énergie. Si près de trois quarts d’entre eux jugent la situation économique de la France mauvaise, ils se disent très majoritairement satisfaits de leur situation personnelle.

35% seulement des 1.015 Français interrogés* dans le cadre de la dernière livraison semestrielle de l’Eurobaromètre font plutôt confiance aux institutions européennes (45% en moyenne chez les 27). Seule la Grèce fait pire (30%). Un taux stable ces dernières années – après un plus bas (26%) enregistré en 2015 et 2016 –, mais plutôt en baisse tendancielle depuis 2004 (50%). Les résultats varient peu en fonction des institutions : 38% font plutôt confiance au Parlement européen, qui ne semble pas souffrir du Qatargate, et 35% à la Commission. 

Faible confiance dans les institutions nationales

Des institutions qui ne s’en sortent pas si mal au regard de la confiance exprimée par les Français sondés à l’égard de leur Parlement national (23% lui font plutôt confiance), de leur gouvernement (23%), de leurs médias (21%) ou de leurs partis politiques (8%). À chaque fois, la France se place en queue de peloton, loin de la moyenne des 27. Outre le fait que 52% des Français sondés estiment que les médias ne fournissent pas des informations dignes de confiance en général, ils sont en outre seulement 17% à penser que les Français sont bien informés sur les questions européennes. Là encore, le plus mauvais résultat des 27.

Pas d’étiolement du soutien à l’Ukraine

La réponse du gouvernement français à l’invasion russe de l’Ukraine emporte pourtant, d’une courte tête, davantage la conviction (50% de sondés français satisfaits) que celle de l’Union (46%). Un taux étonnant puisque prise une à une, les mesures européennes sont majoritairement soutenues, qu’il s’agisse de l’aide humanitaire (92% d’accord), de l’accueil des Ukrainiens fuyant la guerre (68%), de la fourniture d’une aide financière (68%), de l’imposition de sanctions économiques à la Russie (65%) ou même de la livraison d’équipements militaires (60%).

Défense et énergie : un renforcement de la coopération européenne souhaité

Les Français interrogés sont par ailleurs majoritairement favorables au renforcement de la coopération européenne en matière de défense (80%), à une meilleure coordination pour l’achat d’équipements militaires (77%), au renforcement des capacités de production de ces derniers par l’UE (68%) ou à l’augmentation du budget de la défense dans l’UE (64%).

Ils sont de même 67% à être favorables à une politique énergétique commune des États membres, et 77% à des achats d’énergie en commun. Ils sont également 80% à considérer qu’il est nécessaire d’investir massivement dans les énergies renouvelables - la même question sur le nucléaire ne leur a pas été posée. Globalement, ils ne sont que 28% à estimer que la France "ferait mieux" si elle était en dehors de l’UE (un résultat proche de la moyenne UE).

Un pessimisme à relativiser

Interrogés sur leur principale préoccupation du moment, 62% des Français interrogés ont placé en tête la hausse des prix - ils se situent sur ce point dans la moyenne de l'UE identique. La santé arrive en deuxième position (une source de préoccupation dans de nombreux États membres). 

Ils sont par ailleurs 69% à trouver la situation globale de la France mauvaise, et même 73% au regard de la situation économique. Et ce, alors que seuls 9% des sondés Français pensent que les finances publiques des États membres  posent un problème auquel l’UE doit faire face. Ils sont également 33% à penser que la situation de l’emploi va se dégrader dans les 12 prochains mois, un chiffre en progression par rapport à la dernière enquête (+6 points).

Pour autant, 49% des Français interrogés jugent leur situation professionnelle bonne et 69% pensent de même s’agissant de la situation financière de leur ménage. 65% estiment en outre que les choses vont dans la bonne direction dans leur vie personnelle et 85% se disent satisfaits de leur vie quotidienne. Un taux qui est même cette fois légèrement supérieur à la moyenne européenne (82%).

*En face à face du 12 janvier au 6 février.

 

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