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Culture / Sécurité - Festivals : le renforcement de la sécurité n'est pas gratuit

A l'occasion du Printemps de Bourges, le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV) publie une étude sur les festivals de musiques actuelles en 2016. Outre les chiffres généraux sur l'activité de ces festivals au cours de l'année dernière, elle consacre un important focus aux "surcoûts de sécurité" sur la période 2015-2016, autrement dit après les attentats.

Une bonne santé, mais des charges à la hausse

Globalement, tous les clignotants semblent au vert pour les festivals de musiques actuelles, si on en juge par les évolutions annuelles moyennes entre 2014 et 2016 : +2% par an pour les entrées payantes (et +3% pour le prix moyen du billet), +4% pour le nombre de groupes programmés, +7% pour les recettes propres, +9% pour les recettes issues des partenaires privés et de mécènes... Même les collectivités territoriales semblent stabiliser leurs aides, avec +2% par an pour le financement par les organismes publics et professionnels.
Mais cette progression de l'activité et des recettes trouve sa contrepartie dans une hausse prononcée des dépenses : +6% par an pour les charges artistiques (30% du total des dépenses d'un festival de musiques actuelles), +4% pour les autres charges (28% des dépenses) et +7% pour de charges techniques, logistiques et de sécurité (43% des dépenses).
Pour expliquer cette progression conséquente de 7% par an, l'étude du CNV consacre un focus aux surcoûts de sécurité depuis les attentats. Il est bien précisé qu'il ne s'agit pas des coûts de sécurité - présents dans les festivals depuis toujours -, mais bien des surcoûts depuis les attentats. En l'occurrence, "est considéré comme surcoût le différentiel entre les coûts sécurité de la dernière édition du festival avant les attentats du 13 novembre 2015 et ceux de la première édition post-attentat".

Contrôles et surveillance, premier poste des dépenses de sécurité

Sur les 87 festivals de l'échantillon, le montant total des surcoûts sécurité recensés est de plus de 3,74 millions d'euros, à rapprocher d'un total de dépenses de 138 millions d'euros. En moyenne, les surcoûts de sécurité s'élèvent à 42.970 euros par festival, soit 13.613 euros par jour, compte tenu de la durée moyenne de ces manifestations. Enfin, le poids moyen des surcoûts de sécurité dans le budget total des festivals est de 2,7% et le poids médian de 2,1%.
Les surcoûts les plus importants concernent deux postes budgétaires : les dépenses de contrôle et de surveillance (73% du total des surcoûts), ainsi que les aménagements de sécurité et la gestion des flux (18%). Les surcoûts de sécurité postérieurs aux attentats se révèlent nettement moins importants sur les autres postes : organisation, assistance et secours, communication, formation et conseil. En termes de contenu des dépenses, les frais de personnel représentent 70% du total, suivis par les barrières et les plots, la signalétique et les bungalows.
Enfin, l'étude s'attache à identifier les festivals les plus impactés par les surcoûts de sécurité. Il s'agit en l'occurrence des manifestations présentant un budget inférieur à 1,5 million d'euros, d'une durée de un à huit jours et se déroulant sur des sites à aménager. Les festivals disposant d'un budget inférieur à 500.000 euros présentent également une part importante de surcoûts de sécurité, "car il n'y avait auparavant que peu de sécurité mise en place sur ce type d'évènements". Enfin, plus la durée d'un festival est courte, plus les surcoûts de sécurité pèsent sur le budget. Ceci résulte des tarifs dégressifs pratiqués par les prestataires spécialisés en fonction de la durée de la manifestation.