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Finances, contrats aidés... Emmanuel Macron met les points sur les i

Dans la première grande interview de sa présidence, accordée à l'hebdomadaire Le Point paru ce jeudi 31 août, Emmanuel Macron évoque sur plus de vingt pages ses ambitions et le sens des réformes qu'il entend mener, que ce soit en matière d'emploi et de formation, d'éducation, d'aides sociales, de fiscalité, de logement ou de sécurité. Pas question de juger son action sur cent jours, qui "ne sont pas une étape pertinente", dit-il, car "on ne fait pas les choses en cent jours".
Dans cet entretien fleuve, il défend toutes les décisions prises depuis son investiture. A commencer par la réforme en cours du code du travail présentée le même jour, qui vise à faire baisser le chômage de masse (voir notre article ci-dessous), mais aussi la diminution controversée des aides au logement, sur laquelle il compte aller plus loin dans le cadre d'une réforme plus vaste (voir notre autre article du jour ci-dessous).

Les 3 milliards "ne sont pas intenables"

Sur les sujets purement collectivités, notamment les finances, pas d'annonce - plutôt une confirmation de ce qui a été dit ces derniers mois, alors que l'été a donné lieu à un début de grogne de la part de certains élus locaux et alors qu'en coulisses, des réunions de travail ont débuté entre l'exécutif et les équipes des associations d'élus. Quitte, d'ailleurs, à ne pas dire tout à fait la même chose que ce qui semble se dessiner au fil des derniers arbitrages (voir notre article).
Ainsi, interrogé sur le "plan d'économies de 20 milliards d'euros prévu en 2018", dont 3 milliards pour les collectivités locales, Emmanuel Macron répond en ces termes : "Le Premier ministre et son gouvernement demandent un effort totalement proportionné aux collectivités territoriales. Sur ce sujet aussi, je suis frappé par l'irresponsabilité de certains dirigeants politiques qui voulaient faire deux ou trois fois plus d'économies que moi et qui protestent dès qu'on demande aux collectivités territoriales d'y participer en changeant leur manière de faire. C'est le pacte que je leur ai proposé au moment de la conférence des territoires : 'Je vous donne de la flexibilité, de la visibilité, je déconcentre l'Etat, mais je vous demande en échange de faire des économies'. Je les responsabilise, je ne leur dis pas que je baisse brutalement la dotation en début d'année. C'est cela, un pacte (…). Si elles ne veulent pas respecter ce pacte de confiance, elles s'exposent à des mesures unilatérales qu'elles auront provoquées. Les 3 milliards que nous demandons aux collectivités ne sont pas intenables !"
Le président de la République fait aussi allusion aux protestations qui ont suivi la publication du décret d'avance du 20 juillet ("portant ouverture et annulation de crédits à titre d’avance"). Décret qui, s'agissant des collectivités, prévoit l'annulation de plus de 250 millions d'euros de crédits de paiement destinés aux investissements des communes et à la politique de la ville. "Beaucoup de de gens ont confondu ces mesures nécessaires pour tenir nos engagements pour l'année 2017 avec le début de l'exécution du programme, qui commence cet automne", rappelle-t-il. Et le chef de l'Etat d'expliquer : "Environ 8% du budget voté fin 2016 pour l'année 2017 est dit 'gelé'. C'est une précaution habituelle (…). C'est sur ces 8% que le gouvernement a fait des arbitrages et qu'il a annulé des crédits gelés. Aucune des annulations n'a arrêté des projets en cours, puisque cet argent était déjà gelé !"

Contrats aidés : "une politique conjoncturelle, quand elle n'est pas clientéliste"

Sur l'autre sujet de fronde des élus locaux, à savoir la fameuse question des contrats aidés, Emmanuel Macron demeure ferme sur ses intentions, sachant que son Premier ministre vient d'annoncer que, "attentif à la demande des collectivités territoriales", le gouvernement recevra "d'ici la fin de la semaine" les associations nationales représentatives des collectivités et compte les aider "à mobiliser d'autres dispositifs d'accès à l'emploi".
Le chef de l'Etat considère que les contrats aidés constituent "trop souvent" une "perversion de la politique de l'emploi". "Certains sont utiles, d'autres non", tranche-t-il avant d'ajouter : "C'est de la subvention déguisée vers les collectivités locales ou le secteur associatif. Ces secteurs ont toute leur utilité, mais, dans ce cas, cela doit entrer dans la dotation des collectivités locales ou dans les subventions aux associations, mais qu'on ne nous dise pas que c'est une politique de l'emploi ! Le taux de retour à l'emploi durable des personnes concernées est en effet très faible. C'est donc essentiellement une politique conjoncturelle, quand elle n'est pas clientéliste, et qui suit souvent le cycle électoral."
Ces propos ont fait bondir André Laignel, le premier vice-président délégué (PS) de l'Association des maires de France (AMF), qui s'offusque de voir "réduire ces contrats à une politique 'clientéliste'" à l'heure où les maires et leurs équipes s'affairent "en cette rentrée scolaire afin de pallier les défaillances de l’Etat".