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Finances publiques : le déficit et la dette à des niveaux inédits

Selon l'Insee, le déficit public s'est élevé à 9,2% du PIB en 2020, une situation jamais vue depuis l'après-guerre. De son côté, en augmentation de 270 milliards d'euros, la dette s'est établie à 115,7% du PIB. Avec un besoin de financement nul et une hausse de leur dette demeurée modeste, les collectivités locales paraissent relativement préservées.

 

La crise sanitaire et économique a fait s'envoler la dette française l'an dernier à 115,7% du PIB, tandis que le déficit public s'est creusé à un niveau jamais vu depuis 1949. Résultat de la doctrine du "quoi qu'il en coûte" décidée par Emmanuel Macron au moment du premier confinement, le déficit public a ainsi atteint 9,2% du produit intérieur brut (PIB), à 211,5 milliards d'euros, a indiqué l'Insee ce 26 mars, dans un bilan encore provisoire des finances publiques en 2020.
Les résultats sont cependant moins catastrophiques que le gouvernement ne le prévoyait. Rappelons qu'il tablait sur un déficit de 11,3% et une dette d'environ 120% du PIB. En 2019, avant la crise, la dette s'affichait à 97,6% du PIB et le déficit à 3,1%, selon les chiffres révisés publiés par l'Insee.

Dépenses publiques en croissance de 5%

"Les 18 points de dette supplémentaires en 2020 sont la traduction de la baisse d'activité de l'économie française et de l'effort de protection considérable de nos salariés et de nos entreprises", a commenté le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, dans une déclaration transmise à la presse. L'économie a ainsi connu sa récession la plus importante depuis la Deuxième Guerre mondiale, avec une chute du PIB de 8,2% l'an dernier.
Dans le détail, les dépenses des administrations publiques ont bondi de 5,5% (+73,6 milliards d'euros par rapport à 2019). Elles ont été tirées notamment par la hausse des prestations sociales, des rémunérations dans le secteur hospitalier et les aides débloquées pour les entreprises. 
Les dépenses engagées l'an dernier par les administrations publiques locales ont en revanche diminué globalement (- 2,3 milliards d'euros), malgré la hausse des dépenses en matière de RSA (départements) et d'aides aux entreprises (régions). En effet, les achats des services publics locaux se sont contractés lors des périodes de confinement et l'investissement communal a chuté (-13,7%), à la fois du fait du contexte sanitaire et des effets liés à l'organisation l'an dernier des élections municipales.

Recettes locales en recul de 5 milliards d'euros

Le repli de l'activité a pesé sur les recettes publiques, qui reculent globalement de 5% (- 63,1 milliards d'euros). Ayant confirmé la suppression progressive, mais totale, de la taxe d'habitation sur les résidences principales, l’État a pris à sa charge l'an dernier un dégrèvement de la taxe d’habitation qui "conduit à une baisse de recettes de 3,9 milliards d'euros" en 2020. De leur côté, les recettes des administrations locales baissent de 5,4 milliards d'euros. "Leurs ventes pâtissent de la crise sanitaire (−2,9 milliards), en particulier celles des communes du fait des fermetures d’établissement ainsi que de réductions de loyers immobiliers accordées localement", indique l'Insee. Mais la taxe foncière sur les propriétés bâties, principal impôt local, se révèle insensible à la conjoncture, augmentant de 0,7 milliard d'euros.

Collectivités locales à l'équilibre

Au total, le déficit de l'État atteint 182 milliards d'euros, celui de la sécurité sociale 48,3 milliards et celui des administrations locales (collectivités, opérateurs publics) s'établit à 4,2 milliards d'euros (contre - 1,1 milliard en 2019). Les organismes divers d'administration centrale (Odac) affichent eux un excédent de 23,1 milliards d'euros, dont la grande majorité est imputable à la reprise de dette de la SNCF Réseau par l'État. En ce qui concerne les administrations locales, le déficit s'explique entièrement par celui de divers opérateurs (Île-de-France Mobilités, Société du Grand Paris, etc.). Les seules collectivités locales sont "à l'équilibre", malgré une dégradation de leur solde de 1,2 milliard par rapport à 2019.
La dette des administrations publiques (telle que calculée d'après les critères de Maastricht) augmente de 270,6 milliards d'euros en 2020 pour s'élever à 2.650,1 milliards d'euros, soit 115,7% du PIB. Cette hausse s'explique d'abord par l'endettement de l'État (+177,3 milliards) et des administrations de sécurité sociale (+75,2 milliards). 

Déficit prévu à 8,5% du PIB en 2021

Les administrations locales y contribuent beaucoup plus modérément (19,5 milliards d'euros). Cet accroissement est d'ailleurs principalement le fait de la Société du Grand Paris (11,1 milliards), les communes augmentant leur endettement de 2,5 milliards d'euros et les régions de 2,9 milliards. Mais cet endettement des administrations locales se traduit en fait par un surcroît de trésorerie, principalement sous la forme de dépôt au Trésor (+15,3 milliards).
La situation des finances publiques ne devrait que très légèrement s'améliorer en 2021. La persistance de l'épidémie de Covid-19 et des restrictions sanitaires oblige en effet le gouvernement à prolonger les aides d'urgences. Elles devraient coûter autour de 32 milliards d'euros, dont 18 milliards pour le fonds de solidarité. Mais à ce stade, le gouvernement n'entend pas réviser les prévisions de dette et déficit. Il table donc toujours sur un déficit ramené à 8,5% du PIB, et une dette qui devrait continuer à augmenter à plus de 122%.