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Inclusion par le sport : les élus des QPV veulent plus de moyens

Lors d'un colloque dédié à l'éducation et à l'inclusion par le sport, des maires de communes comptant des QPV ont réclamé plus de moyens, dont un plan Marshall pour les équipements. La ministre des Sports leur a répondu en direct.

L'heure est à l'agilité. Les participants du "Grenelle de l'éducation et de l'inclusion par le sport", tenu le 1er février à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), l'ont prouvé. Dès son entame, ils ont rebaptisé leur rendez-vous "Conseil national des solutions du sport". Car des solutions, le sport en a besoin dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Benoît Jimenez, maire de Garges-lès-Gonesse : "La crise sanitaire a porté un coup de massue à nos clubs sportifs. Il y a moins d'adhésions et un désengagement du mécénat local." Gilles Leproust, maire d'Allones (Sarthe) : "Nous avons un mouvement sportif en souffrance dans nos territoires. C'est déjà difficile sans la pandémie de par les inégalités qui s'y concentrent. Dans ma ville, cela s'est aggravé avec 23% de licenciés en moins par rapport à la saison précédente. Dans d'autres communes, cela peut monter à 40%." Voilà pour le constat global. Basile Gabriel, responsable national de l'Association nationale de la performance sociale par le sport (ANPSS), a réalisé la synthèse des problèmes qui freinent le développement du sport en QPV, particulièrement dans sa dimension sociale. Problèmes matériels et d'équipements d'abord : "Les acteurs locaux pointent le manque de disponibilité et la nécessité de diversifier les espaces existants, pour accueillir des disciplines diverses mais aussi les missions sociales des clubs (soutien scolaire, etc.)." Problèmes humains ensuite : "Le non-renouvellement des contrats aidés en 2017 a engendré la suppression de 28.000 postes dans le secteur sportif amateur, des postes si importants pour créer du lien entre institutions, associations et habitants." Basile Gabriel évoque aussi la formation, "essentiellement tournée vers l'aspect technique de la pratique sportive et non vers le rôle social des éducateurs". 

Travaux d'Hercule

Pour répondre à ces défis, les élus locaux ont avancé pas moins de douze propositions. Autant que les travaux d'Hercule, a ironisé l'un d'entre eux. Alors, insurmontable pour de simples mortels, la question de l'inclusion par le sport ? Non. Mais coûteuse. Qu'on en juge. Les élus réclament – en vrac – d'étaler à l'ensemble des QPV les coachs d'insertion par le sport actuellement présents sur dix territoires, soit 5.000 coachs sur les cinq ans à venir, mais aussi la création de 10.000 contrats aidés pour les associations sportives ayant un impact social fort, financés par le ministère du Travail à hauteur de 150 millions annuels, et encore un fonds d'urgence pour les acteurs sociosportifs de 50 millions d'euros, et puis 85 millions d'euros pour accompagner 50.000 jeunes par an vers une insertion socioprofessionnelle par le sport, sans compter 18 millions pour des stages dans le cadre des vacances apprenantes. L'addition commence à peser… Arrive alors la cerise sur le gâteau. Il est question de "faire du sport un droit par les équipements". Comprendre la construction, dans des territoires sous-équipés, de 224 gymnases, 224 piscines, 224 salles, 224 terrains de grands jeux et 224 autres équipements. On aura compris la symbolique du chiffre, référence à l'héritage de Paris 2024. On retiendra la facture totale : un milliard d'euros. Comment financer ce "plan Marshall" des équipements sportifs en QPV ? En faisant appel à l'Agence nationale du sport (ANS), mais aussi à l'Anru, à l'ensemble des collectivités et même à l'Union européenne : "Nous demandons que l'argent de l'Europe soit fléché prioritairement sur les équipements sportifs de proximité."
Le rendez-vous valdoisien était suivi, en visioconférence, par la ministre des Sports. Roxana Maracineanu a convenu qu'en matière d'équipements, "un véritable plan de rattrapage était à faire dans les QPV". Et en a profité pour rappeler que le comité interministériel à la ville du 29 janvier dernier (voir notre article) avait acté un budget de 30 millions d'euros supplémentaires destiné au plan de rattrapage des équipements sportifs dans les QPV. Soit plus de mille terrains de proximité soutenus dans les deux prochaines années. Ce qui portera l'investissement de l'État dans la construction, la rénovation et la modernisation des équipements sportifs dans ces quartiers à 100 millions d'euros pour 2021 et 2022.

"Petite ingénierie"

Sur l'emploi, la ministre a évoqué les 2.500 postes supplémentaires financés par l'ANS dans le cadre du plan de relance, avec une priorité : l'intervention des clubs dans les écoles maternelles et primaires, particulièrement celles des cités éducatives. Montant : 40 millions. Ainsi que 200 emplois financés sur trois ans à hauteur de 20.000 euros par an pour de l'accompagnement de projet, sur le modèle des "adultes-relais", avec la possibilité pour les collectivités de postuler. Ou encore la "réservation" de 5.000 services civiques pour le sport. "Je verrais d'un très bon œil que 1.000 d'entre eux soient dédiés à des missions que vous bâtirez ensemble au sein des cités éducatives ou sur des territoires non encore labellisés", a lancé Roxana Maracineanu. Devant cette avalanche de chiffres, elle a omis de parler des 6 millions sur deux ans, également issus du dernier CIV, destinés à soutenir les acteurs qui utilisent le sport comme vecteur d'insertion dans les QPV. Sans sortir les calculatrices, on voit bien que le compte n'y sera pas pour les élus locaux. 
Restait à traiter la question d'une bureaucratie galopante. Sur ce point, on eut l'impression d'assister à un dialogue de sourds. Basile Gabriel attirait l'attention sur des éducateurs qui "passent de plus en plus de temps derrière des ordinateurs et de moins en moins avec les jeunes". La ministre des Sports répondait : "On ne peut que compter sur vous [les maires] pour populariser et rendre faciles d'accès les mesures d'aide qui existent. Cela demande une petite ingénierie pour déposer sa demande, mais ce n'est pas compliqué."