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Jean Castex : "200 jours pour agir jusqu'au bout"

Le conseil des ministres de ce mercredi 8 septembre était suivi d'un séminaire gouvernemental de rentrée, en vue duquel chaque ministre avait été prié de préparer un point sur ses dossiers, tant en termes de bilan que de chantiers en cours ou à venir. Sans surprise, la poursuite de la lutte contre l'épidémie et l'amplification de la "reprise économique" seront les "deux priorités" de l'exécutif pour la fin du quinquennat, a déclaré Jean Castex depuis l'Elysée lors d'une conférence de presse à l'issue de ce séminaire. Son objectif : montrer que "le gouvernement est pleinement à la tâche" et compte bien, durant les 200 jours restants avant la fin du quinquennat, "agir jusqu'au bout". "L'agenda des prochaines semaines et prochains mois sera aussi intense que s'il s'agissait d'un début de quinquennat", a-t-il insisté. L'occasion pour Jean Castex de passer en revue un certain nombre de réformes avec, à la clef, quelques précisions, notamment en termes de calendrier. Y compris pour ce qui ne relève pas du législatif, terrain sur lequel le calendrier des deux sessions extraordinaires dévoilé il y a quelques jours donnait déjà pas mal d'indications (voir ci-dessous notre article du 2 septembre). Ce qu'on peut en retenir.

Covid

Rappelant qu'une "grande campagne de rappel vaccinal" (troisième dose) était actuellement lancée pour les plus âgés, Jean Castex a évoqué ""trois échéances" :

  • 15 septembre : l'obligation vaccinale pour les soignants devient effective ;
  • 30 septembre : le pass sanitaire est étendu aux 12-17 ans ;
  • 15 octobre : les tests ne sont plus systématiquement remboursés par la sécurité sociale.

"Rebond économique"

Le chef du gouvernement a mis en avant quelques bons chiffres : "Un peu plus de 6% de croissance attendu cette année" (l'objectif sera "au moins 4% l'an prochain"), un taux de chômage qui "n'a jamais été aussi bas depuis 2008", un pouvoir d'achat en hausse… Il y voit notamment le résultat du plan de relance, considéré comme "un succès" touchant "tous les territoires". L'objectif étant que "70% des crédits de ce plan soient engagés d'ici la fin de l'année". Il s'agit toutefois maintenant d'"amplifier la dynamique".

Emploi et formation

Considérant que "le problème numéro 1 de tous les secteurs" aujourd'hui, ce sont "les difficultés de recrutement" (300.000 emplois non pourvus, selon la Banque de France), Jean Castex a mis l'accent sur :

  • La Formation des salariés et demandeurs d'emploi : pour les salariés, le gouvernement entend encourager le développement des formations qualifiantes en entreprise ; s'agissant des demandeurs d'emploi, on saura que la question sera à l'ordre du jour d'une réunion prévue ce lundi 13 septembre avec les présidents de région.
  • Les jeunes : malgré le "succès" du plan 1 jeune 1 solution, il y a encore trop de Neet (ni en emploi ni en formation), a souligné le Premier ministre. D'où le projet, qu'avait récemment évoqué Emmanuel Macron, de déploiement d'un "accompagnement renforcé", "sur la base d'un contrat donnant-donnant limité dans le temps". Donc en principe le futur "revenu d'engagement pour les jeunes" (voir notre article du 22 juillet). "Il ne s'agit pas d'un RSA jeunes", a-t-il insisté. Elisabeth Borne s'apprête à "poursuivre les concertations" et le dispositif sera présenté "dans les prochaines semaines".
  • "Attractivité des métiers" : ont été évoquées les discussions déjà engagées avec les partenaires sociaux sur, notamment, les conditions de travail et les salaires. Des accords ont déjà été conclus pour sept branches mais le gouvernement souhaite élargir la chose à d'autres branches, dont la restauration.
  • Réforme de l'assurance chômage : jugeant cette réforme "indispensable", en tant qu'elle permettra d'"inciter à la reprise d'activité, Jean Castex a confirmé qu'après l'avoir suspendue pour cause de crise sanitaire, les conditions étaient désormais réunies pour la remettre au programme.

"Transformation de notre modèle de croissance"

  • "Simplifier la vie des entrepreneurs" : dans "quelques semaines", Emmanuel Macron présentera un plan en faveur des travailleurs indépendants, qui fera l'objet d'un projet de loi prévu en conseil des ministres fin septembre.
  • "Une économie plus résiliente" : Jean Castex a évoqué le champ de l'agriculture avec, d'une part, un "nouveau dispositif s'assurance" pour les récoltes touchées par des calamités naturelles, qui sera présenté "dans les prochains jours" et, d'autre part, le texte de loi "Egalim 2" attendu au Sénat visant à assurer une plus juste distribution des revenus entre agriculteurs et distributeurs. Résilience… c'est aussi la loi Climat et résilience, que le gouvernement entend "faire entrer dans le quotidien des Français".
  • "De nouvelles capacités industrielles" : on attend le plan "France 2030" qui sera présenté durant la première quinzaine d'octobre pour une "traduction" dès 2022. Ce "nouveau plan d'investissement", ne sera "pas un plan de relance bis". Censé faire grandir "les champions de demain" dans des domaines tels que le numérique, l'énergie verte ou l'agriculture, il sera porteur d'enjeux à la fois en termes "d'emploi, d'aménagement du territoire et de souveraineté" (voir aussi notre article du 6 septembre).

Trois autres chantiers

Si emploi et économie sont présentés comme "les deux grands impératifs de cette rentrée" avec, en filigrane, la volonté de "tirer les conséquences structurelles de la crise", Jean Castex s'est arrêté sur trois autres domaines abordés lors du séminaire : sécurité, santé, pouvoirs publics.

"Lutte contre l'insécurité sous toutes ses formes"

  • "Juguler la menace terroriste" : les dispositions de la loi relative à la prévention d'actes de terrorisme récemment votée "seront déclinées dans les prochains mois"
  • La loi "confortant les principes de la République" publiée le 25 août (voir notre article) va donner lieu à "des réunions pour s'assurer du déploiement" de ses dispositions
  • "Faire reculer insécurité et délinquance" : avec la création de "10.000 nouveaux postes", "chaque circonscription de police ou de gendarmerie aura plus d'affectifs en 2022 qu'en 2017" ; le Beauvau de la sécurité sera conclu par Emmanuel Macron la semaine prochaine, pour des mesures budgétées dès le prochain projet de loi de finances (PLF).
  • Justice : le PLF pour 2022 va renouveler une hausse des moyens de la justice, à hauteur de +8% ; des états généraux de la justice vont être lancés, avec une participation citoyenne.

Système de santé

  • Ségur de la santé : la carte des sites retenus pour les investissements de la "phase 2" du Ségur sera dévoilée la semaine prochaine.
  • Les Assises nationales de la santé mentale seront organisées "prochainement".
  • Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) sera présenté en conseil des ministres le 6 octobre.
  • Dépendance : comme prévu, ce PLFSS comprendra "des mesures nouvelles en vue de renforcer la cinquième branche de la sécurité sociale dans le champ de l'autonomie et de la dépendance", un chantier "qui ne prendra toute son ampleur que de façon progressive", a déclaré Jean Castex. En creux, cela confirme que l'idée d'un projet de loi dédié à l'autonomie est bien abandonnée. "J'étais en charge, non pas d'une loi, mais d'une réforme, une réforme qui avance, qui a commencé et n'attend pas un texte pour exister", a déclaré ce mercredi la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, aux Assises nationales des Ephad. "Le PLFSS contiendra des mesures nouvelles, fortes et tangibles", a-t-elle assuré.
  • Retraites : bien que la réforme des retraites soit toujours jugée "indispensable", comme l'avait dit Emmanuel Macron le 12 juillet dernier, cette réforme "ne pourra reprendre que lorsque la pandémie sera sous contrôle" et que la reprise sera "suffisamment solide". Or à ce jour, "ces conditions ne sont pas réunies". Autrement dit, la réforme ne sera pas engagée.

"Réforme de l'Etat et des pouvoirs publics"

  • Décentralisation : Jean Castex a évoqué, sans le nommer, le projet de la 3DS (4D), qui fait depuis une semaine l'objet de pas mal d'interrogations quant à la suite de son parcours parlementaire (voir notre article du 3 septembre). Et a donné une échéance quant à son examen à l'Assemblée nationale : ce sera finalement "début décembre".
  • "Rapprocher l'Etat des territoires" : réaffirmant sa volonté de renforcer les moyens des services de l'Etat "autour du couple maire-préfet", le Premier ministres a indiqué que dans le PLF pour 2022, "tous les moyens seront affectés, sauf exception, dans les services départementaux et non dans les administrations centrales".

Europe

Une partie du séminaire gouvernemental a été consacrée à la présidence française de l'Union européenne, qui démarrera le 1er janvier prochain. Parmi les "priorités d'action" :

  • Le renforcement de l'Europe sociale avec, notamment, l'instauration d'un salaire minimum européen.
  • Le réchauffement climatique avec, entre autres, la mise en place d'une taxe carbone aux frontières de l'UE.
  • Une réforme de la politique migratoire européenne.
 

Voir aussi

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