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Jean-Michel Blanquer et Roxana Maracineanu accélèrent la fusion du sport et de l'éducation

L'ambition affichée du gouvernement de rapprocher l'école et le sport prend forme. Jean-Michel Blanquer et Roxana Maracineanu ont dressé un large tableau de leur plan à l'occasion d'une conférence de presse lundi 5 octobre 2020. Si l'aisance aquatique et le savoir-rouler sont "prioritaires", ce sont tous les pans de l'éducation qui sont concernés.

Jean-Michel Blanquer se sent bien dans ses nouveaux habits. Les habits amples d'un ministre chargé depuis juillet 2020, en plus de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Au point d'avoir organisé lundi 5 octobre une longue conférence de presse… sans faire aucune annonce marquante. Son but ? Marquer ce qu'il appelle la "rentrée des sports" sur le modèle de l'exercice auquel il se livre avant chaque rentrée scolaire pour l'éducation. Autrement dit, réaliser un vaste tour d'horizon des sujets d'une actualité plus ou moins brûlante.
Aux côtés de Jean-Michel Blanquer, se tenait Roxana Maracineanu, désormais ministre déléguée aux Sports. Ce double mixte inédit avait bien évidemment une idée en tête : incarner la "fusion des ministères" pour "mieux faire valoir le lien entre sport et éducation". Un lien qui, dans l'esprit des deux ministres, doit permettre de mettre en cohérence "une vision complète du temps de l'enfant", d'"ancrer et développer le sport à l'école" ou encore d'"installer très tôt un rituel sportif chez l'enfant". Si aucune mesure nouvelle n'a été annoncée, des précisions ont été apportées sur les moyens d'atteindre ces ambitions. Car, comme l'a souligné Jean-Michel Blanquer, "nous pouvons faire encore mieux".
Deux initiatives déjà en œuvre vont former le premier étage d'une fusée qui en comporte quatre. L'aisance aquatique et le savoir-rouler à vélo sont dorénavant regroupés sous le syntagme d'"apprentissages prioritaires". Au-delà de l'activité physique, priorité est donc donnée à deux pratiques dont la maîtrise permet d'assurer la sécurité des enfants. Le programme "Aisance aquatique", né en 2019, cible les 4-6 ans sur le temps scolaire mais aussi péri et extrascolaire. Le savoir-rouler s'adresse aux 6-11 ans dans le cadre scolaire ou périscolaire. D'ici décembre, ce programme, animé par la Fédération française de cyclisme, sera proposé dans quarante villes. Son déploiement complet devant intervenir à l'horizon 2022.

Expérimentation de 30 minutes de sport par jour

La mesure qui fera sans doute le plus l'objet de commentaires – deuxième étage de la fusée – est le principe de trente minutes d'activité physique quotidienne à l'école. Elles seront dispensées par chaque enseignant du primaire sur le temps scolaire ou périscolaire, en plus des cours d'EPS. "Principe" seulement, car les modalités ne sont pas définies. Au moins trois académies se sont portées volontaires pour une expérimentation : Créteil, Besançon et Poitiers. Cela ne "nécessitera pas de modification réglementaire lourde" dans l'immédiat, a précisé Jean-Michel Blanquer. Il s'agira d'observer, de comparer et d'évaluer tout au long de l'année scolaire les modalités proposées dans les territoires d'expérimentation avant d'envisager une généralisation. 
Dans le même ordre d'idées, le ministère va "pousser les expérimentations Cours le matin, sport l'après-midi". Lancé en juin 2019, ce dispositif concernait 409 classes à la rentrée 2019. Il vise à encourager l’aménagements du temps scolaire dans le premier degré et au collège, en privilégiant la place des enseignements de l’éducation physique et sportive (EPS) et de la pratique sportive associative l’après-midi, dans une logique de partenariat avec le monde sportif scolaire ou fédéral. Il est à noter que le dispositif 2S2C, mis en place à la sortie du confinement et annoncé pour durer, n'a pas du tout été évoqué. Cet appel aux collectivités et aux associations pour animer des séances de sport sur le temps scolaire avait été très mal perçu par les enseignants.

Du sport dans 100% des cités éducatives

Troisième étage de la fusée : le label Génération 2024. Là encore, il s'agit de faire vivre, ou de créer, un lien entre l'école et le secteur associatif sportif. Un lien tous azimuts puisque cela peut, entre autres, prendre la forme d'une offre sportive scolaire conjuguée avec une offre en club ou d'une utilisation par les clubs des installations sportives scolaires. 2.842 établissements scolaires et universitaires sont déjà labellisés, pour plus de un million d’élèves et étudiants concernés. Objectif à l’horizon 2024 : labelliser 20% des établissements, soit environ 12.000
Le dernier étage forme un ensemble plus éclectique autour d'un but commun : mettre du sport partout où cela est possible. Sont concernés : le plan Mercredi, les internats d'excellence – dont certains bénéficieront d'une "coloration sportive" en lien avec les Creps –, l'enseignement professionnel – avec la création d'une voie dédiée aux métiers du sport – et pour finir les cités éducatives. Sur les 80 existantes, seules 20 ont un projet sportif. À terme, 100% des cités éducatives, dont le nombre sera porté à 120, devront faire du sport un outil d’inclusion sociale et d’animation.
Le vaste chantier consistant à – enfin ! – accroître la place du sport à l'école et tisser des liens entre école et sport associatif semble sur de bons rails. Pour l'accompagner, un comité de pilotage sera mis en place dans le courant du mois d'octobre. Il réunira le mouvement sportif et les ministères de l’Agriculture, de l’Enseignement supérieur ainsi que les secrétariats d’État à l’Enfance et au Handicap. Il sera présidé par Roxana Maracineanu et… Jean-Michel Blanquer. Qui a dit que le sport rendait accro ?