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Jeunesse : Emmanuelle Pérès, nouvelle déléguée interministérielle, a présenté sa feuille de route au Sénat

L’exécutif veut "donner de la lisibilité" à la dimension interministérielle des politiques jeunesse, selon Emmanuelle Pérès, tout récemment nommée directrice de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative et déléguée interministérielle à la jeunesse. Un comité interministériel pourrait ainsi prochainement se tenir. Auditionnée au Sénat, la nouvelle directrice est revenue sur les enjeux nationaux et territoriaux de la coordination des acteurs de ces politiques, reconnaissant un manque de moyens humains de l’État à l’échelon départemental. Elle a par ailleurs présenté les dispositifs pilotés par sa direction sur l’information des jeunes et leur accès aux dispositifs, le service national universel et le service civique, les colonies de vacances ou encore le fonds d’expérimentation pour la jeunesse.

Nommée par décret du 24 mars 2021 directrice de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (Djepva) et déléguée interministérielle à la jeunesse (DIJ), en remplacement de Jean-Benoît Dujol, Emmanuelle Pérès a été auditionnée le 4 mai 2021 au Sénat, dans le cadre de la mission d’information sur l’égalité des chances et l’émancipation de la jeunesse. Elle y a glissé qu’un comité interministériel à la jeunesse devrait se tenir prochainement, "compte tenu des enjeux", alors qu’un tel comité n’a pas été réuni depuis 2015. Dans le prolongement du plan "1 jeune 1 solution", la nouvelle DIJ s’est vu confier la mission de "donner de la lisibilité et de renforcer cette vision interministérielle".

Lors de l’audition, Emmanuelle Pérès est revenue sur les dispositifs dont sa direction à la charge : l’expérimentation "la boussole des jeunes" visant à améliorer l’accès à l’information sur l’ensemble des dispositifs existants sur un territoire, le fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ), le service national universel (SNU) et le service civique, les programmes de mobilité internationale – dont Erasmus + –, l’accueil des jeunes en péri et extra-scolaire et le mentorat.    

Montée en puissance du service civique : les interrogations des sénateurs 

Sur le SNU, la nouvelle directrice a indiqué qu’un "important séjour de cohésion" démarrerait le 21 juin, avec une mobilité pour les jeunes (de fin de classe de seconde) concernés mais dans un cadre inter-régional du fait de la crise sanitaire. Après une mission d’intérêt général réalisée sur leur territoire, les jeunes auront ensuite la possibilité de poursuivre leur engagement d’ici leurs 25 ans, notamment dans le cadre d’un service civique. "L’ambition est très importante puisque 245.000 jeunes en service civique seraient accueillis en 2021", a-t-elle rappelé. Interrogée à plusieurs reprises sur d’éventuels risques associés à une telle montée en puissance du service civique, Emmanuelle Pérès a insisté sur la vigilance et les mécanismes de contrôle déjà en œuvre pour éviter la confusion entre volontariat et emploi, ainsi que sur l’accompagnement du jeune pendant la période de volontariat et sur l’importance de s’assurer qu’il "ne soit pas livré à lui-même" à la fin du contrat d’engagement. Sur le service civique, les secrétaires d’État en charge des Affaires européennes et de la Jeunesse et de l’Engagement ont annoncé ce 6 mai que 2.000 missions de service civique "Europe" – 1.000 en France et 1.000 ailleurs en Europe – seraient mises en œuvre à partir de début 2022.

Autre point d’attention de la nouvelle DIJ : les colonies de vacances, avec des acteurs "très fragilisés" par la crise. Si les aides associées au dispositif "Vacances apprenantes" devraient être reconduites l’été prochain, seuls 600.000 jeunes auraient été accueillis en colonie de vacances en 2020 – dont 70.000 "pris en charge totalement par les pouvoirs publics" –, contre 1,4 million en 2018-2019, ce qui était "mieux que les années précédentes mais beaucoup moins bien qu’il y a 10 ans". Ainsi, au-delà du soutien spécifique lié à la crise sanitaire, le ministère de la Jeunesse envisage de mettre en place sur les colonies de vacances "une aide plus simple pour qu’elle soit accessible au plus grand nombre".

Des régions diversement investies dans leur rôle de "chef de file des politiques jeunesse"

"Au niveau territorial, l’enjeu est vraiment de travailler avec les régions qui ont le chef de filât des politiques jeunesse, dans un dialogue structuré territorial entre les pouvoirs publics, les représentants de la société civile et les jeunes", a expliqué Emmanuelle Pérès. Cette dernière a reconnu sans difficulté que "la situation est très tendue dans les départements" et a assuré que la recherche d’une "adéquation des moyens entre l’ambition des politiques publiques et les moyens sur les territoires" était sur la table. Il y a actuellement quelque 2.000 agents de l’État jeunesse et sports dans les départements. Quant aux régions, seule une partie d’entre elles – dont la Bretagne, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et Paca – se seraient investies dans "ce travail de mise en synergie des différents acteurs" et de ce rôle de chef de file des politiques jeunesse que la loi Égalité et citoyenneté de 2017 leur a confié.

Comme lors de l’audition des représentants de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (voir notre article du 2 avril 2021), l’enjeu d’une meilleure coordination des nombreux acteurs des politiques jeunesse a pourtant été soulevé par les sénateurs. Selon Emmanuelle Pérès, les expérimentations territoriales financées par le FEJ (fonds d'expérimentation pour la jeunesse) – lui-même financé actuellement par le programme d’investissement d’avenir – sont un cadre propice au partenariat et à des efforts pour "être au plus près des besoins" des jeunes. Créé il y a un peu plus de 12 ans (il fêtait ses 10 ans en décembre 2018, voir notre article), le FEJ a permis le lancement d’une soixantaine d’expérimentations et le déploiement par la suite d’outils aujourd’hui structurants pour le gouvernement, tels que la garantie jeunes et l’internat d’excellence. "L’objectif c’est de pérenniser, on y travaille", a indiqué Emmanuelle Pérès, vantant l’expertise développée avec le FEJ notamment sur le terrain de l’évaluation.