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La Banque des Territoires déploie un milliard d’euros pour soutenir le commerce de centre-ville

Financement de diagnostics commerciaux, de managers de centre-ville, de solutions numériques ou encore de foncières commerciales : la Banque des Territoires mobilise un milliard d'euros pour soutenir la reprise et la relance du commerce de centre-ville, a indiqué son directeur général, Olivier Sichel, mardi 6 octobre. Exemples d'opérations déjà lancées à Châteauroux, Béthune ou encore La Roche-sur-Yon.

Un mois après la présentation de la contribution de la Caisse des Dépôts au plan France Relance, le directeur général de la Banque des Territoires, Olivier Sichel, est revenu dans le détail, mardi 6 octobre, sur les mesures qui concernent le commerce. Pas moins d’un milliard d’euros seront ainsi mobilisés par la Banque des Territoires en direction du commerce de centre-ville, tant pour "soutenir immédiatement la reprise" que pour s’inscrire à plus long terme dans la relance. "On s’attend à une augmentation de 15 à 30% des faillites de commerces de centre-ville", a alerté Olivier Sichel, lors d’une conférence de presse en ligne, précisant que "70% des commerces de villes moyennes sont des commerces indépendants qui sont souvent seuls face à la crise". "Le commerce est absolument essentiel à la vitalité des territoires. Nous avons un rôle pour apporter de la ressource, des outils, des méthodes pour soutenir la dynamisation", a-t-il souligné, précisant que le programme Action coeur de ville lancé il y a trois ans avait déjà mis en lumière "des tendances assez fortes de fragilité".

Shop'in

Dans ce contexte de grande incertitude, la Banque des Territoires entend tout d’abord aider les collectivités à mesurer les effets de la crise sur leur tissu commercial, en finançant à 100% des diagnostics territoriaux. Ce dispositif baptisé "Shop’in" vise 700 collectivités en six mois. Châteauroux (Indre) a été la première à en bénéficier. L’aide avait deux objectifs : "identifier l’impact de la crise sur le commerce de centre-ville et identifier les leviers pour mettre en place un plan d’action", a témoigné Gil Avérous, maire de la ville. "Cette étude a permis de faire le point sur la situation des commerçants" afin de "limiter aux maximum la casse". "Les commerces sont rassurés de se sentir épaulés par la collectivité", a-t-il apprécié.

Numérisation des commerces

Selon l’élu, l’étude a aussi mis en lumière la nécessité "de renforcer la numérisation de nos commerces". Un point sur lequel la Banque des Territoires souhaite être aux avant-postes. Car pour Olivier Sichel "il n’y a pas de raison que le commerce électronique soit réservé aux grandes enseignes, notamment américaines". La Banque des Territoires accorde ainsi des subventions forfaitaires de 20.000 euros pour développer des solutions de type monnaies locales, sites de vente en ligne, e-réservation, click & collect… L’objectif : accompagner 350 communes en six mois. La ville de Béthune (Pas-de-Calais) a ainsi pu développer une application "Béthune Shop" téléchargeable sur smartphone. Elle permet de connecter commerçants et consommateurs, de leur adresser des messages : bons plans, promos, événements… "Il faut passer d’un modèle monodistributif à multicanal", conseille le maire Olivier Gacquerre, qui développe une stratégie de "Smart City". La ville envisage déjà le développement d’une nouvelle version "qui va aller beaucoup plus loin" à partir du mois de novembre, grâce notamment à un partenariat avec leboncoin.

La Banque des Territoires contribue aussi au recrutement de "managers de centre-ville avec une subvention de 20.000 euros par an pendant deux ans.

Les foncières, "un formidable effet de levier" contre la vacance

À côté de ces mesures dites de "reprise", la Banque des Territoires souhaite aider les collectivités à entreprendre des opérations de restructuration. Elle prévoit ainsi une enveloppe 800 millions d’euros pour la constitution de 100 foncières commerciales à travers le pays (300 millions d’euros en investissements et 500 millions en prêts) afin de requalifier 6.000 commerces. "C’est un formidable effet de levier pour les vacances commerciales mais également pour l’habitat, le bureau et l’artisanat", a salué Françoise Raynaud, présidente d’une des premières foncières créées dans le cadre du programme Action coeur de ville : Métropolys Oryon, située à La Roche-sur-Yon (Vendée). Cette foncière s’appuie sur une SEM préexistante et intervient sur toutes les communes de l’agglomération. "Il faut considérer une foncière comme un outil de portage de transition sur des opérations qui ne rencontreraient pas forcément un modèle économique viable", a-t-elle développé, voyant là un outil de "reconquête" et "d’attractivité" du centre-ville. À condition "d’intervenir sur des ensembles mixtes logement/commerces pour contribuer à la réduction de la vacance résidentielle et commerciale (…) et favoriser le retour des activités tertiaires en centre-ville". Ce modèle permet de "démultiplier les capacités d’investissements". La Banque des Territoires apporte 80% en comptes courants alors qu’elle ne détient que 45% du capital.

La Banque des Territoires prévoit par ailleurs une enveloppe de 100 millions d’euros en conseil et investissements pour développer de nouveaux formats commerciaux : circuits courts, ventes directes, nouvelles solutions de logistique urbaine… Enfin, une ligne de 10 millions d'euros est ouverte pour financer, au côté de Bpifrance, des appels à projets visant à promouvoir l'entrepreneuriat dans les coeurs de ville.

Les fonds régionaux très actifs dans le tourisme

Alors que bars et restaurants ne voient pas le bout du tunnel avec les nouvelles restrictions sanitaires, Olivier Sichel a rappelé que la Banque des Territoires était également présente au côté des régions dans les fonds d’aides qu’elles ont mis en place au tout début de la crise (en plus des dispositifs de l'État tels que le fonds de solidarité ou le PGE). Elle a ainsi apporté 144 millions d’euros sur les plus de 500 millions que mobilisent ces fonds. Ces derniers sont "très actifs dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie", a indiqué Olivier Sichel. La première version du fonds de la région Sud a été "intégralement consommée" et a été "rechargée avec le président Muselier". 33 millions d’euros ont déjà été versés pour les commerces de la région. "Ce n’est pas étonnant car la région est très orientée vers le tourisme. (…) 20% en moyenne des fonds vont vers les commerces/restauration/tourisme", a-t-il commenté. "Dans la région Grand Est qui est le premier fonds qu’on a monté avec le président Jean Rottner, on a moins consommé mais c’est une région un peu moins touristique."