La pratique sportive se démocratise en France

Selon le dernier Baromètre national des pratiques sportives 2022 de l'Injep, la pratique sportive des Français augmente et se démocratise. Si des écarts - variables selon les activités - existent toujours entre différentes catégories, notamment socio-économiques de la population, ils sont en nette diminution. En termes géographiques, si les habitants des grandes villes restent les plus sportifs, la hausse la plus forte concerne les villes moyennes.

Une pratique sportive "en forte hausse" et des écarts entre hommes et femmes, d'une part, entre hauts et bas revenus, d'autre part, qui se réduisent, tels sont les principaux enseignements du Baromètre national des pratiques sportives 2022 publié début mars par l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep).

En 2022, 60% des Français de quinze ans et plus pratiquaient une activité physique et sportive (APS) régulière (en moyenne au moins une fois par semaine au cours des douze derniers mois), soit une hausse de 6 points par rapport à 2018. Quant aux pratiques occasionnelles, elles ont concerné 72% de la population de quinze ans et plus, avec là encore une augmentation importante : 6 points de plus qu’en 2018 et 7 points de plus qu’en 2020. Et si l'on prend en compte la mobilité douce que représentent les déplacements du quotidien à pied, à vélo ou en trottinette (y compris électrique !), le taux de pratique, régulière ou occasionnelle, se hisse à 81%. Autrement dit, seuls 19% des Français étaient sédentaires en 2022 et n'ont pratiqué aucune activité physique et sportive même pour se déplacer au quotidien, alors qu'ils étaient encore 25% en 2018.

Une hausse portée par les femmes, les seniors et les bas revenus

Cette hausse, nous apprend l'Injep, est portée par plusieurs phénomènes. L'institut met tout d'abord en avant l'augmentation de la pratique féminine. Si les femmes déclarent toujours un peu moins souvent que les hommes une pratique d'APS régulière – 58% contre 62% chez les hommes –, cet écart se resserre puisqu'il n'est plus que de 4 points, contre 6 points en 2018. En prenant en compte les pratiques occasionnelles, les différences entre les sexes sont encore plus faibles : 73% chez les hommes et 71% chez les femmes en 2022, soit un écart de 2 points, contre 6 points quatre ans plus tôt.

Les différences de pratique sportive ont encore tendance à s'amenuiser entre les générations. Si les 15-24 ans restent les plus assidus, avec un taux de pratiquants réguliers de 78% (+3 points par rapport à 2018), la pratique régulière fait un bond de 8 points parmi les personnes âgées de 70 ans et plus, qui sont désormais 49% à faire du sport au moins une fois par semaine. Si l'on prend en compte la pratique occasionnelle, la hausse dépasse les 10 points chez les plus de quarante ans.

Autre enseignement majeur du baromètre 2022 de l'Injep : la reprise de la pratique sportive est plus forte parmi les catégories sociales les plus modestes. Ainsi, le taux de pratiquants parmi les personnes ayant un diplôme inférieur au bac est passé de 57% en 2018 à 65% en 2022 (+7 points), tandis que dans le même temps, celui des diplômés du bac et du supérieur ne croissait que de 3% pour atteindre 80%. En termes socio-économiques, l'augmentation la plus spectaculaire est celle de la catégorie des "bas revenus" qui affichent un taux de pratique de 77%, rattrapant presque les 80% de taux de pratique des "hauts revenus".

Quand les clubs ferment la porte

En termes géographiques, on note encore un taux de pratique sportive en progression partout à l’exception de l’agglomération parisienne, où l'on est passé de 69% en 2018 à 67% en 2022. Les habitants des villes de plus de 100.000 habitants restent les plus sportifs, avec 76% de pratiquants, mais la hausse la plus spectaculaires est enregistrée dans les villes moyennes (20.000 à 100.000 habitants), où le taux de pratique a bondi  de 62% à 73%.

Malgré ce tableau qui présente une véritable démocratisation de la pratique sportive, le baromètre de l'Injep souligne quelques points noirs. En premier lieu, on observe un développement de la plupart des univers sportifs, à l’exception des activités aquatiques et nautiques, lesquelles, avec un taux de pratique de 19% dans l'ensemble de la population, n'ont pas retrouvé leur niveau d'avant la crise sanitaire. Surtout, cette catégorie n'a pas encore réussi sa mue démocratique puisque les cadres, avec un taux de pratique de 31%, y sont surreprésentés, à l'inverse, par exemple, des sports collectifs, surpratiqués par les bas revenus (20% de pratique contre une moyenne nationale de 14%). Parmi les pratiques en hausse (21% de pratiquants, +3 points en quatre ans), les sports de cycle sont également marqués par un clivage socio-économique : 38% des cadres et 31% des hauts revenus s'y adonnent.

Enfin, même si la pratique de l'activité sportive principale reste solitaire pour 47% des Français, l'Injep note que "l’inscription en club n’est pas toujours chose aisée". En effet, 30% des personnes se sont vu refuser une inscription en club ou en association pour eux ou leurs enfants au cours des cinq dernières années. Cette expérience est plus fréquente pour les jeunes (46% des 15-24 ans et 48% des étudiants l'ont vécue) et les personnes à bas revenus (42%). Des refus qui ont pu être motivés par le manque de places disponibles dans les structures d'accueil. On regrettera de ne pas connaître l'origine géographique de ce phénomène. En début d'année (lire notre article du 19 janvier), une enquête de l'Insee mettait en avant le déficit de clubs et d'équipements, par ailleurs surfréquentés, dans les zones urbaines denses…