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La reprise de l'emploi concentrée dans 23 départements

Le premier semestre 2021 est marqué par la reprise de l'emploi, mais celle-ci reste fortement concentrée dans 23 des 100 départements français, selon le baromètre du cabinet Arthur Loyd. Ces départements locomotives comportent souvent une capitale régionale, à l'instar de la Gironde, avec Bordeaux qui démontre "une forte capacité de rebond".

Les pertes d’emplois massives enregistrées en 2020 en pleine crise – après une bonne année 2019 - ont été plus que résorbées : 430.000 créations nettes d’emplois ont été comptabilisées au 1er semestre 2021, contre 328.000 destructions sur l’ensemble de l’année 2020. Soit un solde de 102.000 emplois, indique le cabinet Arthur Loyd, dans son baromètre 2021 sur "l’attractivité des métropoles françaises et la résilience des territoires" (qui s'appuie sur les données de l'Acoss/Urssaf). Or cette reprise de l’emploi est fortement concentrée : 23 départements totalisent 60% des créations nettes d’emplois, avec 258.000 postes supplémentaires. La plupart de ces départements sont le siège d’une métropole régionale : le Rhône avec Lyon, le Nord avec Lille, la Gironde avec Bordeaux ou encore l’Hérault avec Montpellier. Six autres de ces départements font partie de la région parisienne (Paris, Seine-Saint-Denis, Yvelines, Hauts-de-Seine, Essonne, Val-de-Marne). Au total, 20 de ces 23 départements sont parmi les plus peuplés du pays. "Les grands territoires urbains sont bien au rendez-vous de la sortie de crise", en conclut le baromètre, grâce notamment à "la préservation de l’appareil productif". Ce qui vient conforter certaines analyses déjà publiées : les territoires les plus dynamiques ont été les plus durement frappés par le coup d'arrêt porté par la crise, mais ils ont aussi les plus fortes capacités de rebond.

14 départements en convalescence

Derrière ces départements "locomotives", la situation est très contrastée. 59 départements dépassent leur niveau d’avant-crise (essentiellement sur la façade atlantique et la moitié sud), 23 départements se sont tout juste remis à flot, mais 14 sont à la peine, "en convalescence". C’est le cas de quatre départements franciliens dont Paris qui, malgré un gain de 33.000 emplois nets au premier semestre, reste en déficit de 22.950 emplois par rapport à son niveau de 2019. Une situation due en grande partie aux difficultés de l’hôtellerie-restauration et du commerce, très tributaires du tourisme international dans la capitale. Le Haut-Rhin fait aussi partie de ces départements fragiles, à l’inverse du Bas-Rhin qui figure dans les locomotives. Les Hautes-Pyrénées et les Alpes-Maritimes complètent le tableau des départements où l’emploi reste en berne, rares exceptions dans une moitié sud très dynamique.
Si la période 2019-2019 a largement profité aux grandes et très grandes métropoles (80% de la hausse de l’emploi sur la période était totalisée dans 10% du territoire, selon le précédent baromètre d’Arthur Loyd), la crise de 2020 a marqué une rupture "en touchant davantage les grandes et très grandes métropoles que les métropoles intermédiaires et agglomérations de taille moyenne" qui, elles, sont moins dépendantes du tourisme international et des congrès. Leur économie est en effet davantage tirée par la sphère "présentiel" (consommation locale, soins, emplois publics, tourisme local, pensions de retraite, etc.). Angers a ainsi vu l’emploi progresser de 0,7% en 2020. C’est aussi le cas de Bayonne ou Valenciennes. Mais les espaces ruraux, y compris les villes moyennes, "qui sortaient à peine d’une longue période de convalescence", sont redescendus à leur niveau de 2016…

Le bassin minier retrouve des couleurs

Sur la longue période, (2002-2022), 9 départements n’ont pas réussi à se relever. C’est le cas de l’Yonne, de l’Indre et du Quart Nord-Est : Aisne, Haute-Marne, Haut-Rhin et Ardennes. Dans ce dernier département, l’emploi a reculé de 17% depuis 2002 "en dépit des actions ou plans de l’Etat à travers les différents quinquennats visant à enrayer cette spirale négative". Ces territoires cumulent déclin démographique et déprise économique (liée à la désindustrialisation). En revanche, certains départements sont sortis de la spirale du déclin depuis quelques années : la Somme, la Haute-Vienne ou la Meuse, par exemple. Le baromètre y voit un "signe d’efficacité des dispositifs de redynamisation de ces territoires, souvent couplés à l’émergence d’initiatives locales". C’est aussi le cas du Bassin minier (Nord et Pas-de-Calais) marqué par le déclin de l’activité charbonnière et qui, depuis 2017, est l’objet d’un programme de redynamisation : l’Engagement pour le renouveau du bassin minier.

Métropoles attractives : Lyon toujours en tête

Pour la cinquième année consécutive, Lyon est à la première place des très grandes métropoles les plus attractives du baromètre d'Arthur Loyd. Dans la thématique Economie, elle souffle même la première place à Toulouse. Cette dernière tient toutefois sa revanche puisqu’elle ravit à Lyon la première place dans la thématique Connectivité et Innovation. Lyon affiche toujours le taux de chômage le plus faible des métropoles (7,2%), le climat des affaires a bien résisté, de même que le marché immobilier tertiaire.
A la deuxième place de ce classement, on trouve Bordeaux devant Strasbourg, troisième, qui monte pour la première fois sur le podium. La capitale de la Nouvelle-Aquitaine "démontre une formidable capacité de rebond". "Signe de ce dynamisme, le département de la Gironde se place aujourd’hui en véritable locomotive de l’économie française, en dépassant son niveau d’emploi d’avant-crise : +14.300 emplois créés au 1er semestre 2021", souligne Arthur Loyd.