Archives

La sécurité civile connectée, entre nouvelles opportunités et risques cyber

La délégation aux collectivités territoriales du Sénat a remis le 20 janvier 2022 un rapport sur l’apport du numérique pour améliorer la sécurité civile. Au-delà d’un panorama des "bonnes pratiques", les sénateurs insistent sur la nécessité d’une approche mutualisée, notamment pour gérer le volet cybersécurité.

Des drones pour prévenir les avalanches à Val Thorens, une plateforme d’alerte multicanale et multirisques à Ajaccio, des galets connectés pour aider à anticiper les inondations au pays de Lourdes… ces initiatives sont mises en avant dans le rapport "Territoires connectés et protection des populations" de la délégation aux collectivités territoriales du Sénat paru le 20 janvier 2022.

Low tech et high tech

Signée Antoine Lefèvre (Aisne), Anne-Catherine Loisier (Côte-d’Or) et Jean-Yves Roux (Alpes-de-Haute-Provence), cette étude vise d’abord à montrer la diversité de systèmes et leur capacité à s’adapter à tous types de territoires. On peut y découvrir les caméras intelligentes du centre de supervision urbain de Charleville-Mézières, les drones de la ville d’Istres comme un retour d’expérience sur le réseau des "voisins vigilants" présent dans 700 communes ou le système d’alerte par SMS de la commune de Sommières (Gard). Un inventaire de "bonnes pratiques" organisé par risques - incendie, inondation, atteintes aux biens et aux personnes…  - dont la vocation première est d’aider les élus des zones rurales à se saisir des opportunités du numérique dans un domaine où il a fait la preuve de sa pertinence.

Mutualisation indispensable

La délégation recommande ensuite aux élus une "approche rigoureuse" car il ne s’agit pas de céder à la tentation de multiplier les gadgets high-techs. Elle recommande de s’appuyer sur l’EPCI, ou le département. "Il s’agit de garantir un seuil d’efficacité et pour mobiliser les moyens financiers comme la matière grise nécessaires au déploiement de ces solutions", précise Françoise Gatel (Ille-et-Vilaine), présidente de la délégation. Une mutualisation tenant compte du principe de subsidiarité qui s’impose plus particulièrement pour les centres de supervision urbains (CSU) dont le coût moyen de mise en place est estimé à 215.000 euros.

Colosses numériques aux pieds d’argile

La mutualisation vise aussi à pleinement intégrer les enjeux de cybersécurité et de protection des données, dont la délégation a mesuré pleinement la matérialité cet automne (notre article du 29 octobre 2021). Développer le territoire connecté sans la cybersécurité, c’est créer des "colosses numériques aux pieds d’argile" mettent en garde les sénateurs. Ils incitent les pouvoirs publics à sensibiliser largement les élus sur ces sujets et à intégrer pleinement le risque numérique dans les plans de continuité et de reprise d’activité. Elle suggère que chaque collectivité désigne des référents cybers et de valoriser les fonctions de responsable de la sécurité des systèmes d'information (RSSI) pour en faire un véritable "directeur stratégique de la sécurité numérique".

Un tandem maire / services déconcentrés

Autre partenaire indispensable sur la sécurité civile, les services déconcentrés de l’État dont la coopération se révèle indispensable pour le déploiement de drones ou de caméras de vidéoprotection. À cet égard, le Sénat note un rendez-vous important en 2022. C’est en effet en juin prochain que le ministère de l’Intérieur lancera le système d’alerte par diffusion cellulaire (cell broadcast : diffusion de SMS dans une zone limitée à quelques antennes) dont il assurera le fonctionnement et la maintenance technique. Le Sénat rappelle que celui-ci ne sera pleinement efficient que s’il y a "une très bonne coordination entre les maires et les services préfectoraux".