L'Anses appelle à améliorer la qualité de l'air dans le métro

Dans un avis publié ce 8 juin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande de poursuivre les actions pour limiter les expositions des usagers dans les enceintes ferroviaires souterraines, en réduisant les concentrations des particules en suspension dans l’air. Elle propose en ce sens des indicateurs de suivi pour renforcer la surveillance de la qualité de l’air dans ces environnements. Les réseaux de métro de huit agglomérations en France sont concernés, Île-de-France en tête.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a recommandé dans un avis publié ce 8 juin de renforcer les actions pour améliorer la qualité de l'air dans les enceintes ferroviaires souterraines (EFS) - les réseaux de métro - et de mieux la mesurer. L'Agence avait été chargée en 2019 par les pouvoirs publics d'une étude sur la faisabilité d'élaborer des "valeurs guides de l'air intérieur" (VGAI) dans les réseaux souterrains dont disposent sept agglomérations en France - Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rennes, Rouen et Toulouse, le réseau francilien étant de loin le plus important en France et l'un des plus fréquentés au monde.
Le taux de particules en suspension dans l'air (PM10, PM2,5 en µg.m-3) y est "en moyenne trois fois plus élevé que dans l'air extérieur urbain", souligne l'Anses. Leur composition est cependant différente avec une teneur élevée en éléments métalliques, dont le fer en particulier, et également en carbone élémentaire et organique, précise l'Agence. Spécifique à l’activité ferroviaire souterraine, cette pollution est causée par l’usure des matériaux due au freinage des rames, par les contacts entre le matériel roulant et la voie ferrée ou encore par la remise en suspension des poussières du fait de la circulation des rames, explique-t-elle.

Réduire la pollution aux particules

Après avoir actualisé son état des lieux des connaissances sur les effets sur la santé de l’exposition aux particules présentes dans l’air des EFS, réalisé dans un avis de 2015, l'Anses estime ne pas pouvoir définir des "VGAI", fondées uniquement sur des critères sanitaires, car "le corpus d'études épidémiologiques et toxicologiques spécifiques est trop limité pour pouvoir tirer des conclusions fermes sur d'éventuels effets sanitaires de l'exposition des usagers à la pollution de l'air des EFS". Mais elle relève que les données existantes "suggèrent la possibilité" d'effets cardio-respiratoires "compte tenu des modifications biologiques observées en lien avec l’inflammation, le stress oxydant et la fonction cardiaque autonome". Au vu de ces observations, l’Agence confirme donc la nécessité de réduire la pollution particulaire dans les EFS et de poursuivre les actions en ce sens, comme le renouvellement des matériels roulants, l’utilisation de systèmes de freinage émettant moins de particules ainsi que l’amélioration de la ventilation de ces enceintes.

Indicateurs de qualité de l'air mesurant mieux les concentrations 

L'agence propose aussi à la place de VGAI, des "indicateurs" de qualité de l'air, déterminés notamment en fonction des durées respectives des trajets sur les différents réseaux et qui "intègrent les expositions sur une journée dans différents environnements - à la maison, au travail et dans les transports". Le cumul de ces concentrations en particules devrait respecter les normes d'exposition fixées par une directive européenne de 2008 sur la qualité de l'air et si possible celles de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus strictes que la réglementation UE et durcies en 2021 pour prendre en compte les connaissances les plus récentes sur l'impact sanitaire de la pollution de l'air. Les mesures disponibles suggèrent que la règlementation européenne est "globalement respectée," explique Marion Keirsbulck de l'Anses, qui souligne que "c'est beaucoup moins le cas" pour les valeurs de l'OMS.
"Compte tenu de l’augmentation attendue du trafic dans un contexte où les alternatives à l’automobile sont privilégiées", l’Agence recommande également de renforcer les dispositifs de surveillance de la pollution de l’air dans les différents environnements des EFS. Sur le réseau parisien "il n'y a que trois stations qui sont bien instrumentées", relève Eric Vial, directeur de l'évaluation des risques à l'Anses. Et ces mesures sont réalisées par des capteurs fixes sur les quais, alors qu'il faudrait également étudier régulièrement couloirs et rames, souligne l'avis. L'Agence recommande par ailleurs une amélioration des connaissances sur les effets sanitaires propres aux particules en suspension dans ces lieux qui pourraient permettre de définir des valeurs de référence.

Plan d'action francilien

La qualité de l'air dans le métro parisien a déjà donné lieu à une action en justice. L'association Respire a porté plainte contre la RATP en mars 2021 pour "tromperie aggravée" et "blessures involontaires", mettant en cause les niveaux de pollution de l'air. Île-de-France Mobilités (IDFM) a lancé fin mai un plan d'action pour améliorer la qualité de l'air dans les stations de métro et RER. De nouveaux points de mesures sont prévus, notamment sur les particules ultrafines, dont les résultats seront publics comme ceux déjà pratiqués.
La RATP "est extrêmement mobilisée" sur le sujet, misant notamment sur "l'amélioration technologique" pour réduire les émissions à la source, insiste Sophie Mazoué, responsable du développement durable à la régie parisienne. Des tests ont ainsi été lancés dans le RER sur de nouvelles garnitures de frein, dont les résultats préliminaires "très prometteurs" sur banc d'essai ont affiché une diminution de 90% des émissions de particules, explique la responsable. Des investissements de 57 millions d'euros sont en outre prévus pour la ventilation, avec des expérimentations en station de "filtration électro-statique" et de "systèmes de piégeage de particules".

 

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