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Le Cese appelle à investir dans l'éducation populaire pour "réconcilier la société"

Dans un avis adopté le 28 mai, le Conseil économique, social et environnemental demande aux pouvoirs publics de s'appuyer sur l'éducation populaire pour "réconcilier la société" et "conforter la citoyenneté". Un projet qui passerait par le déploiement d'"équipements pluridisciplinaires" sur tous les territoires, mais aussi par la relance des projets éducatifs de territoire et des colonies de vacances.     

Bien qu'invisible et sous-estimée, l'éducation populaire est aussi moderne qu'utile. C'est le message porté par le Conseil économique, social et environnemental (Cese), qui a adopté le 28 mai 2019 un avis intitulé "L'éducation populaire, une exigence du XXIe siècle". "L’actualité de ces six derniers mois" - la crise des gilets jaunes, et le débat qui en a découlé - l'aurait démontré selon le Cese.    

"L'éducation populaire est un projet politique et une démarche, reposant sur deux piliers d’égale importance : la pensée et l’action", peut-on lire dans l'avis. La dimension militante du mouvement est revendiquée par les deux rapporteurs, dont l'un est Jean-Karl Deschamps, secrétaire général de la Ligue de l’enseignement, l'une des plus importantes organisations d'éducation populaire en France.

Parmi les principes de l'éducation populaire, figurent : "l'objectif de contribuer à l’émancipation individuelle et collective", une "pédagogie active" selon laquelle les membres sont à la fois "sachants et apprenants", le droit à l'expérimentation, "le portage des actions par des structures à but non lucratif dès lors qu'elles s’inscrivent dans une visée d'’intérêt général". Les associations forment le plus gros contingent du mouvement ; sont citées également certaines fondations, certaines actions portées par des mutuelles et des coopératives, les comités d'entreprise devenus comités sociaux et économiques, les syndicats et partis politiques "lorsqu’ils agissent sur des champs de formation ou de mobilisation émancipateurs".

Des lieux dédiés à l'éducation populaire dans chaque territoire pour "réconcilier la société"

"Alors que la société se fracture", l'éducation populaire est "au service du 'vivre ensemble'", "grâce à ses méthodes" mises en œuvre dans de nombreux domaines - culture, sport, numérique, solidarité, environnement, etc. Insistant sur l'ancrage territorial du mouvement, le Cese appelle les pouvoirs publics à s'appuyer sur l'éducation populaire pour "réconcilier la société", en mettant en œuvre un "plan national volontariste" prévoyant dans chaque territoire "un équipement pluridisciplinaire, lieu de rencontres, de partage et de débat". Cet objectif pourrait être intégré aux futurs contrats pluriannuels entre l'Etat et les collectivités, selon le Cese qui suggère également de mobiliser des fonds européens.

Relancer les PEDT pour permettre les synergies entre "co-éducateurs"

Par ailleurs, le retour progressif à la semaine scolaire de 4 jours ne doit pas signifier la fin de la coordination entre Education nationale et éducation populaire, estiment les rapporteurs de l'avis. Ils préconisent ainsi de relancer les projets éducatifs de territoire (PEDT) "en en faisant un outil permettant la synergie de l'action des co- éducateurs sur leur territoire avec les établissements scolaires, par l'échange de pratiques, par la transversalité des champs éducatifs, par la coordination des acteurs et des moyens, par l'innovation, au service de la réussite éducative de chaque enfant et de chaque jeune".

Dans un objectif de brassage social "pour conforter la citoyenneté", le Cese appelle à relancer les colonies de vacances et les classes de découverte, avec "le retour à un niveau de financement public permettant le départ de chaque enfant au moins trois fois durant sa scolarité". Autres leviers mis en avant pour atteindre cet objectif d'éducation à la citoyenneté : le "parcours citoyen" au collège et au lycée – en y intégrant les structures de l'éducation populaire – et les "fabriques d'initiative citoyenne".

Le Cese formule enfin une série de recommandations – qui rejoignent les attentes du secteur associatif dans son ensemble - visant à "sécuriser le modèle économique" des acteurs de l'éducation populaire ou encore à valoriser ses formations, ses métiers et ses parcours d'engagement.