Archives

Le délai pour obtenir un logement social en Île-de-France continue de croître et approche trois ans

Faute d'un nombre suffisant de création de logements HLM pour répondre à la hausse de la demande, le délai moyen entre le dépôt de la demande et la signature du bail est passé, entre 2018 et 2019, de 31 à 33 mois, selon une étude que vient de publier la direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement (Drihl) d'Île-de-France.

Dans le cadre du suivi du schéma régional de l'habitat et de l'hébergement (SRHH), la Drihl d'Île-de-France (direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement) publie une étude intitulée "Situation de l'habitat et de l'hébergement au 31 décembre 2019". Ce document de 160 pages dresse un état très détaillé de la situation du logement dans la région la plus tendue en la matière : construction de logements, production de logements sociaux, diversification et accessibilité de l'offre, hébergement et logements adaptés, accès au logement ou encore adaptation du parc existant et amélioration du cadre de vie.

Une production nettement inférieure aux objectifs du schéma régional

L'étude apporte notamment un éclairage sur les difficultés croissantes de l'accès au logement social en Île-de-France. Celles-ci résultent, pour une bonne part, de l'écart qui se creuse entre la progression de la demande et celle de l'offre de logements HLM.

Du côté de l'offre, la production de logements sociaux est restée quasi stable : 28.594 logements agréés en 2019, contre 28.830 en 2018. Mais cette stabilité cache en fait une production nettement insuffisante. Le chiffre de 2019 est en effet inférieur à la moyenne de production des dix dernières années (environ 30.000 agréments par an). Il est surtout inférieur aux ambitions du SRHH, qui fixait un objectif de 37.000 logements sociaux par an et une cible minimale de 32.000.

Dans son étude, la Drihl explique néanmoins qu'un certain nombre d'actions engagées en 2019 "doivent concourir à l'accélération du développement de l'offre de logements sociaux, dès les prochains mois et dans les prochaines années" : signature d'un accord partenarial entre l'État, l'AORIF (USH en Île-de-France) et la Banque des Territoires (voir notre article du 1er octobre 2019), engagement du chantier de simplification des procédures... Mais il est à craindre que la pandémie de Covid-19 et le confinement – avec pour corollaire la suspension des chantiers, puis les ralentissements dus aux protocoles sanitaires – remettent en cause cet espoir, au moins pour 2020.

Une demande de logement social en hausse de 2,1% en 2019

Du côté de la demande, l'Île-de-France comptait, au 31 décembre 2019, 736.128 demandeurs de logement social, soit une hausse de 2,1% par rapport au 31 décembre 2018. Cette progression inverse la tendance au ralentissement observée ces dernières années, puisque la hausse de la demande, après avoir atteint +9% en 2015, était retombée à +0,8% en 2018. Paris et la petite couronne concentrent 69% des demandes, dont 25% pour Paris seule. Face à ces demandes, 74.529 demandeurs ont pu bénéficier d'une attribution d'un logement social en 2019, contre 74.816 en 2018, soit une légère baisse de 0,4%.

Conséquence : près de la moitié (48,2%) des ménages ayant signé un bail pour un logement social en 2019 avaient une demande datant de plus de 24 mois. Pour les baux signés en 2019, la durée moyenne entre la demande de logement social et la signature du bail s'établit à 33 mois en Île-de-France (contre 31 mois en 2018). Pour sa part, le délai médian (50% de demandeurs en dessous et 50% au-dessus) atteint 22,7 mois, contre 22 mois en 2018 et 19 mois en 2017.

Un manque criant de petites surfaces

L'insuffisance de la réponse à la hausse de la demande n'est pas seulement quantitative. Elle est aussi qualitative. En effet, l'étude de la Drihl relève "une insuffisance de petits logements à destination, notamment, des publics les plus précaires, qui est le fait d'un parc historiquement orienté vers les T3 et T4". Ainsi, l'"indice de pression" (nombre de demandes pour une attribution) est de 9,9 en 2019, en hausse par rapport aux 9,6 de 2018 et aux 9,1 de 2017. Mais il s'agit là d'une moyenne, tous types de logements sociaux confondus. Si on raisonne par catégories, l'indice de pression est de 12,9 sur les T1 et T2 et de 20,0 sur les seuls T1 (20 demandes pour une attribution...).

Dans son étude, la Drihl indique qu'elle cherche à augmenter la part de T1 et de T2 dans la production sociale. En 2019, les objectifs de production sociale ont ainsi été déclinés, pour la première fois, en objectifs de production de petites typologies. Mais le bilan de l'année 2019 en la matière reste "mitigé, avec un net recul de la production de T1, pourtant la plus nécessaire, et une augmentation significative du nombre de T2 agréés. L'objectif de recentrer la production vers les petites surfaces – qui vise à faciliter l'accès au logement des populations les plus précaires – n'est donc pas atteint pour cette première année".

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis