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Le dispositif Transitions collectives en voie de réajustement

Face aux difficultés de séduire salariés et entreprises avec cette formule aussi innovante que complexe à mettre en œuvre, le ministère du Travail étudie diverses pistes. Outre une deuxième version et une simplification du dispositif, de nouveaux partenariats sont engagés dont celui conclut avec Manpower le 23 septembre.

Transitions collectives, c’est un peu la fausse bonne idée. En voulant diriger vers des secteurs en tension des salariés afin d’éviter qu’ils soient licenciés si leur entreprise rencontrait des difficultés notamment du fait de la crise, le ministère du Travail avait, en partenariat avec les partenaires sociaux, imaginé une formule inédite, mais qui malheureusement n’a pas rencontré de succès. Le principe simple sur le papier - après accord des salariés et de l’entreprise, les premiers suivent une formation prise en charge par l’Etat, tout en gardant leur salaire, afin de pouvoir travailler dans une entreprise qui recrute – s’est heurté à de nombreux écueils. Outre des freins techniques et sociaux dont l’obligation de signer un accord de GEPP (gestion des emplois et des parcours professionnels), la reprise n’incitait pas les entreprises à se séparer de leur personnel. Ainsi, à fin juillet, seule une vingtaine de salariés bénéficiaient du dispositif (lire notre article).

Manpower s’engage à recruter 2.500 intérimaires

Aussi, Elisabeth Borne tente de rectifier le tir. La ministre du Travail a ainsi signé avec Manpower groupe, le 23 septembre, une convention de partenariat dans le cadre de Transitions collectives. La nouveauté de celle-ci tient au fait que le groupe de travail temporaire s’engage à recruter 2.500 intérimaires dans l’année "au terme de leur formation, en contrat à durée indéterminée pour être mis à disposition au sein de ses entreprises clientes". Le ministère du Travail prend de son côté en charge la reconversion des salariés concernés (rémunérations et coûts pédagogiques) selon les modalités prévues par Trans Co. Manpower doit également "mobiliser ses filiales pour encourager les entreprises ayant des emplois menacés à moyen terme, à proposer à leurs salariés d’adhérer à Trans Co". Deux projets pilotes ont déjà été lancés (lire encadré ci-dessous).

Les plateformes d’appui : "points d’entrée privilégiés des entreprises"

Le deuxième volet sur lequel Elisabeth Borne compte agir est la simplification du dispositif afin de "répondre à la diversité des situations et des besoins exprimés par les entreprises et les salariés", relate AEF. Des pistes ont d’ailleurs été présentées aux partenaires sociaux, réunis le 23 septembre au ministère du Travail pour dresser le bilan de l’agenda social un an après son lancement et présenter les priorités pour les prochains mois (lire ci-dessous). Le ministère envisagerait, selon AEF, de créer un second volet du dispositif, les "Transco-RCC". Tout en maintenant l’objectif initial de favoriser les reconversions professionnelles, mais dans un calendrier plus serré, ils seraient "adossés" au cadre juridique des ruptures conventionnelles collectives, des accords de GEPP ou du congé de mobilité. Un allongement du parcours de formation, pour les formations qualifiantes longues en santé par exemple, est également à l’étude pour passer de deux à trois ans. Enfin, pour simplifier le pilotage du dispositif, le rôle des plateformes d’appui aux transitions professionnelles serait renforcé pour qu’elles deviennent des "points d’entrée privilégiés des entreprises", grâce notamment à un coup de pouce financier d’une trentaine de millions d’euros.

Les grandes priorités de l’agenda social pour les mois à venir :

- Poursuivre la dynamique engagée sur la qualité de l’emploi, notamment avec les branches des travailleurs de la deuxième ligne (voir notre article).
- Au-delà des travailleurs de la deuxième ligne, d’autres secteurs, dont les minimas conventionnels inférieurs au Smic, doivent engager des négociations pour revaloriser leurs grilles. Chaque branche sera reçue par le ministère du Travail dans les prochaines semaines.
- Suivi des réformes : travaux en cours sur la formation professionnelle et la simplification du dispositif "Transitions collectives" par exemple.
 - Une volonté partagée d’avancer sur la question du maintien dans l’emploi des seniors.

Les projets Transco "terre" et "mer" engagés par Manpower
  • Explor’aire Terre lancé à Castres en juin 2021, visant à développer les compétences pour répondre aux besoins en main d’œuvre des secteurs pharmaceutique, agroalimentaire, industrie, transport et logistique et participer ainsi au rebond économique du territoire. 
  • Explor’aire Mer lancé à Marseille en septembre 2021 pour accompagner et fédérer l’ensemble des acteurs de région Provence-Alpes-Côte d’Azur privés comme publics dans la transformation des métiers des industries de la filière maritime impactés par la transition écologique.
     

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