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Le nombre de vols dans les monuments diminue, mais reste important dans le petit patrimoine des communes

Selon le bilan 2017-2018 publié en décembre par le ministère de la Culture, le nombre de vols d'objets protégés au titre des monuments historiques est en net recul. Mais la plupart des biens pillés sont aujourd'hui propriété des communes et les églises sont les principales victimes des vols.

La direction générale des patrimoines du ministère de la Culture publie le "Bilan des vols, disparitions, dégradations et restitutions d'objets mobiliers protégés au titre des monuments historiques, 2017-2018". Si la définition du vol – événement daté et donnant lieu à un dépôt de plainte – ne soulève pas de difficulté, la disparition est en revanche "constatée (récolement, simple visite...) sans pouvoir être datée et n'a pas systématiquement donné lieu à un dépôt de plainte au moment du constat". En outre, certaines disparitions peuvent faire suite à un évènement particulier (un incendie, une inondation, un conflit), comme on a pu le constater récemment avec l'incendie de Notre-Dame de Paris.

Les efforts de sécurisation payent

Le bilan apparaît positif, puisque le nombre de vols diminue nettement depuis quelques années, grâce aux efforts de sécurisation des lieux de patrimoine et de sensibilisation de leurs gestionnaires, dont les collectivités territoriales. En 2017, 12 objets classés au titre des monuments historiques (MH) ont été volés dans 9 communes différentes (6 objets mobiliers, 4 sculptures, 2 objets d'orfèvrerie), tandis que 11 objets inscrits au titre des monuments historiques étaient volés la même année. En 2018, ces chiffres diminuent encore, avec 6 objets classés au titre des MH dérobés dans 4 communes différentes (3 objets mobiliers, 3 objets d'orfèvrerie), tandis qu'étaient volés 3 objets inscrits au titre des MH. Sur le moyen terme, la tendance est également orientée nettement à la baisse. Par exemple, après un pic en 2015 de 39 vols d'objets mobiliers classés, le nombre est ainsi tombé à 3 en 2018. Dans le même temps, le nombre d'objets identifiés et restitués est passé de 13 en 2010 à 32 en 2018.

L'apport de la plateforme POP

Selon le bilan publié, "cette baisse peut s'expliquer par la politique de prévention des vols mise en œuvre de longue date dans tous les territoires, par la présence accrue des services de police et de gendarmerie autour des lieux culturels et cultuels (plan Vigipirate), par le transfert de la délinquance vers d'autres domaines". La mise en ligne, en juillet dernier, de la plateforme POP (plateforme ouverte du patrimoine, voir notre article ci-dessous du 10 juillet 2019) contribue aussi à la lutte contre le vol et les disparitions d'objets, en favorisant le recensement et l'identification. Un bouton sur la page d'accueil de la plateforme donne en effet accès à la liste et à la visualisation des objets concernés, avec renvoi à une notice très détaillée. A ce jour, POP recense 2.399 objets volés : 35 dans les collections des musées de France (base Joconde) et 2.364 dans le patrimoine mobilier (base Palissy). La plateforme dénombre aussi 3.439 objets manquants : 1.818 dans les collections des musées de France (ce qui confirme les observations du récolement, voir notre article ci-dessous du 22 juillet 2019) et 1.621 dans le patrimoine mobilier.

Les églises, principales victimes des vols

Au-delà des objets protégés, le nombre de vols recule également pour le petit patrimoine, mais demeure important. Si seule une faible proportion des vols concerne des objets mobiliers classés ou inscrits au titre des monuments historiques, le ministère de Culture relève en revanche que "la plupart des biens pillés sont propriété publique des communes". Les églises sont les principales victimes de ces vols.

Néanmoins, sur la dernière décennie, "la baisse du nombre de faits de vols est notable pour les églises. De plus de 600 faits de vols dans les années 2000, ce chiffre oscille désormais chaque année entre 80 et 150 faits de vols sur tout le territoire". Les objets volés dans les églises relèvent principalement de l'orfèvrerie (ciboires, ostensoirs, calices et patènes, encensoirs...) ou des objets liés aux processions, à l'éclairage ou au culte (bâtons de procession, chandeliers d'autel, clochettes à main...).