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Le recensement de la population débute ce 20 janvier

Si l'épidémie de Covid-19 avait empêché les opérations de recensement de se dérouler en 2021 (sauf à Mayotte), celles-ci ont été maintenues en 2022, malgré les risques liés au variant Omicron. La collecte qui démarrera le 20 janvier prochain – sauf à la Réunion et à Mayotte où elle débutera le 3 février – se déroulera selon des conditions sanitaires très strictes. L'Insee a par ailleurs publié ce 18 janvier son bilan démographique pour 2021. La mortalité, bien qu'encore anormalement élevée, a baissé et la natalité, malgré un "effet Covid" en début d'année, a légèrement remonté.

 

La collecte de recensement sera organisée dans quelque 7.000 communes de moins de 10.000 habitants, ainsi que dans toutes les villes d'au moins 10.000 habitants. En sachant que, comme chaque année depuis l'instauration des nouvelles modalités de recensement en 2004, les premières feront l'objet d'un recensement de l'ensemble de leurs habitants et les secondes un recensement partiel (8% des logements). Dans les communes de 10.000 habitants et plus, le recensement des personnes sans abri et de celles qui résident dans une habitation mobile (caravane, péniche…), qui devait avoir lieu l'an dernier, sera effectué au cours de l'enquête lancée cette semaine.

Autre particularité de la collecte de cette année : des employés du groupe La Poste s'occuperont de la collecte dans 18 communes volontaires, parmi lesquelles Vergèze, Argentan, Sablé-sur-Sarthe, Dinan, Candé, Avrillé, ou encore Valenciennes. Il s'agit de la première année de mise en œuvre d'une expérimentation de trois ans au total, prévue par la loi Pacte du 22 mai 2019, qui permet le recours par les communes à un prestataire externe pour les opérations de recensement. En 2021, La Poste a été la seule entreprise à offrir ses services dans ce cadre, et à recevoir l'habilitation. "L’objectif de cette expérimentation est de vérifier l’intérêt des communes pour cette démarche, la qualité de la prestation et son impact éventuel sur les résultats ainsi que sa viabilité économique", indique l'Insee.

Alors que la France connaît un record de contaminations liées au Covid-19, l'Insee et le gouvernement ont maintenu la collecte de recensement aux dates prévues. "Il n'y a pas de gros risques sanitaires", a déclaré la ministre déléguée chargée de la ville, Nadia Hai, interrogée sur ce point lors des questions orales au Sénat, ce 18 janvier. Rappelant qu'une grande partie de la population française est désormais vaccinée, elle a soutenu que le recensement est "une opération avec très peu de contacts entre les agents recenseurs et la population recensée". Le taux de réponse par internet au questionnaire du recensement a en effet atteint 62% en 2020. Les autres personnes enquêtées continuent certes de privilégier l'utilisation d'un formulaire papier, ce qui peut induire davantage de contacts. Mais dans tous les cas, l'agent recenseur a l'interdiction d'entrer dans les logements. "Le dialogue avec les habitants pour des explications ou pour aider au remplissage des questionnaires, peut être réalisé soit sur le palier de la porte d’entrée en respectant une distanciation physique soit au téléphone", prévoit le protocole mis en place par l'Insee. L'institut indique aussi que les habitants des maisons individuelles ne recevront pas la visite d'un agent recenseur : une enveloppe contenant leurs codes de connexion pour répondre par internet sera déposée directement dans leur boîte aux lettres dès le 20 janvier.

Les opérations de recensement doivent se terminer le 19 février (le 5 mars à La Réunion et à Mayotte). En cas de difficultés, les communes "pourront toutefois demander un report de la date de fin de collecte que l'Insee examinera avec bienveillance", a précisé Nadia Hai dans l'hémicycle du Sénat.

  • La démographie française moins affectée par le Covid en 2021

Les conséquences démographiques de la crise sanitaire ont été moins marquées en 2021 qu'en 2020, selon le bilan annuel publié ce mardi 18 janvier par l'Insee : la mortalité, bien qu'encore anormalement élevée, a baissé et la natalité, malgré un "effet Covid" en début d'année, a légèrement remonté. Conséquence de cette double évolution : le solde naturel, qui avait atteint un plus bas historique l'an dernier (à +66.000), s'est légèrement repris, à +81.000. Également portée par le solde migratoire (+140.000), la population française a donc augmenté de 0,3% en un an, pour atteindre 67,8 millions d'habitants début 2022.

Natalité -  La natalité a d'avantage résisté qu'attendu l'an dernier. Après avoir atteint un niveau historiquement bas en 2020 - sans rapport avec le Covid -, elle avait commencé par reculer encore début 2021, neuf mois après le premier confinement : la crise sanitaire et ses incertitudes économiques "ont pu décourager les couples de procréer au printemps 2020" et les inciter à "reporter leurs projets de parentalité", relève l'Insee, qui évoque aussi la possible "peur de complications pendant la grossesse" et la fermeture des centres de procréation médicalement assistée durant le premier confinement. Cela s'est traduit par un décrochage de 10% des naissances entre mi-décembre 2020 et mi-février 2021, par rapport à la même période un an auparavant. Par la suite en revanche, le nombre des naissances a connu un rebond en mars et avril, puis une "forte remontée" depuis l'été. Au final, sur l'ensemble de 2021, ces évolutions ont permis de "rattraper le niveau des naissances de l'année 2020, en le dépassant même légèrement", note l'Insee : 738.000 bébés sont nés en 2021, soit 3.000 de plus que l'année précédente (+0,4%), mettant fin à une baisse continue entre 2015 et 2020. Logiquement, l'indicateur conjoncturel de fécondité (ICF), qui avait lui aussi constamment diminué sur la même période, a cessé de baisser : il s'établit en 2021 à 1,83 enfant par femme, après 1,82 en 2020.

Mortalité - Sans surprise, cette deuxième année de l'épidémie a laissé des traces en termes de mortalité : en 2021, quelque 657.000 personnes sont décédées en France, soit 44.000 de plus (+7,1%) qu'en 2019, avant la pandémie.  Toutefois, on a dénombré 12.000 décès de moins qu'en 2020, première année de l'épidémie, observent les démographes, qui relèvent que "la quatrième vague durant l'été 2021 a été beaucoup moins meurtrière en France métropolitaine". Pour évaluer le véritable impact du Covid sur la mortalité, explique l'Insee, il convient de prendre en compte le vieillissement de la population (qui conduit logiquement à une hausse des décès, même sans le Covid), mais aussi les progrès de la médecine qui font baisser la probabilité de mourir à un âge donné. Au final, les experts estiment que l'épidémie de Covid s'est traduite en 2021 par 35.000 décès supplémentaires, par rapport à ce qui aurait été attendu d'un point de vue statistique. En 2020, cet excédent était de 47.000.

Espérance de vie - L'espérance de vie à la naissance, qui "a tendance à augmenter chaque année", avait nettement reculé en 2020 (de 0,5 an pour les femmes et 0,6 pour les hommes). Elle s'est légèrement reprise en 2021, sans toutefois retrouver ses niveaux d'avant la pandémie, et atteint désormais 85,4 ans pour les femmes (+0,3) et 79,3 ans pour les hommes (+0,2). À ce stade, il est difficile de prévoir l'évolution future de cet indicateur.

Vieillissement - En ce début d'année 2022, "21% des personnes en France ont 65 ans ou plus et 9,8 % ont 75 ans ou plus", deux chiffres qui augmentent depuis une trentaine d'années… et vont continuer à s'accentuer "avec l’arrivée de la première génération du baby-boom dans cette tranche d’âge".

Mariages - Les mariages aussi ont connu un net rattrapage : alors que leur nombre s'était effondré de 31% en 2020, surtout pour les couples jeunes  - les noces ayant été interdites pendant le premier confinement -, il a rebondi en 2021 pour retrouver quasiment son niveau de 2019, "malgré les restrictions sanitaires qui se sont poursuives tout au long de l'année", note l'Insee. "L’âge moyen des mariés de sexe différent augmente régulièrement depuis plus de vingt ans", rappelle l'Insee, qui relève une très légère baisse en 2021 . Il est aujourd'hui de  36,6 ans pour les femmes et 39,1 ans pour les hommes.

Enfants et jeunes ruraux - Le même jour que la publication de son bilan démographique 2021, l'Insee publie un focus intitulé "Entre ville et campagne, les parcours des enfants qui grandissent en zone rurale". Basé sur des chiffres de 2018, cette étude concerne pas moins de 12,3 millions d'enfants et adolescents âgés de 3 à 17 ans et 5,5 millions de jeunes âgés de 18 à 24 ans. Soit 30% des 3-24 ans. En sachant que pour l'Insee, la définition de territoire rural est large et inclut les communes rurales "sous forte influence des pôles" (les autres catégories étant  "autonomes très peu denses", "autonomes peu denses", "sous faible influence d’un pôle").
Cette part des jeunes ruraux est évidemment dépendante des "mobilités résidentielles". De ce fait, elle est plus importante parmi les 3-13 ans, en lien avec les mobilités de familles avec jeunes enfants vers les territoires ruraux. Des arrivées a contrario moins nombreuses lorsque les enfants ont entre 14 et 17 ans. A 18 ans, le mouvement a lieu dans l'autre sens : pour certains, c'est l'heure d'un départ vers le milieu urbain, sans leur famille, principalement pour poursuivre leurs études. En 2017, "24% des jeunes ruraux de 18 ans ont changé de commune de résidence, contre 12% des jeunes urbains", indique l'Insee. En constatant que ceux qui restent en milieu rural "détiennent nettement moins souvent un baccalauréat général ou technologique" que ceux qui partent (31% contre 81%).
Un point intéressant dans cette étude, celui de la scolarisation. Et, plus précisément, le fait de ne pas être scolarisé dans sa commune de résidence. Soit par absence d’école, soit par choix des parents (en lien par exemple avec leur lieu de travail). Un tiers des 3-10 ans vont à l'école hors de leur commune, "soit trois fois plus que les enfants urbains". Trajet moyen : 9,5 kilomètres. Une fois au collège, ce sont cette fois les trois-quarts des 11-14 qui changent de commune et parcourent en moyenne 11 kilomètres. La transhumance quotidienne concerne ensuite 94% des jeunes lycéens et représente alors en moyenne 23 kilomètres.

C. Mallet, avec AFP

 

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