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L'économie mixte fait preuve d'une "résilience importante" pendant la crise

Les entreprises de l’économie mixte ont marqué des points par rapport à la gestion directe, affirme la fédération des EPL. Notamment parce qu’elles ont pu bénéficier des soutiens de l’État. Mais la situation n’est pas rose partout. Trois secteurs - tourisme, événementiel et culture – restent dans une situation très délicate, avec de grandes différences selon les territoires. De manière générale, les EPL du tourisme situées en zone rurale ont pu tirer partie de l'afflux de nouveaux venus.

Très présente dans les secteurs les plus exposés à la crise - le tourisme, l’événementiel, la cuture… - l’économie mixte fait montre de résistance. Et même d’"une résilience importante partout où nous sommes implantés", a souligné le président de la fédération des entreprises publiques locales (EPL) Jean-Marie Sermier, lors d’une conférence de presse, mercredi 16 septembre. Ne serait-ce que parce qu’elle a pu tirer parti des dispositifs anti-faillites mis en place par le gouvernement : les prêts garantis de l’État, les plans sectoriels… Ce qui est une sorte de "reconnaissance" de leur statut d'entreprise et fait une "différence énorme" avec les régies, a martelé Jean-Marie Sermier, qui remettra son tablier lors du prochain congrès de la fédération qui se tiendra bien à Angers, du 13 au 15 octobre.

"Un établissement thermal qui est en régie n’a pas la possibilité d’avoir la moindre aide. Pour un établissement thermal géré par une SEM, une SPL, c’est complètement différent. Aujourd’hui cela fait une différence énorme qui se chiffre en plusieurs centaines de milliers d’euros, voire en millions", a insisté Jean-Marie Sermier. "Cela plaide vraiment pour une réflexion de fond pour les collectivités qui aujourd’hui traitent directement un certain nombre d’activités commerciales."

Sur un temps long, l’économie mixte est en pleine progression

Pour la fédération, la crise doit amener les élus à réfléchir au mode de gestion de leurs services. Son directeur général, Thierry Durnerin, s’attend même à des "gains de parts de marchés" lors des prochains renouvellements de délégations.  "Un certain nombre d’EPL ont été en première ligne dans le combat contre le Covid, que ce soit dans les secteurs de la mobilité, de la collecte des tris et déchets, de la distribution de l’eau, de l’électricité, de l’entretien des parcs de logements…", a-t-il énuméré, assurant que les mêmes services gérés en délégation ont plutôt eu tendance "à réduire la voilure". "Ils n’ont pas répondu présent", va-t-il jusqu’à dire.

Avant la crise, l’économie mixte avait déjà le vent en poupe et affichait un chiffre d’affaires en 2018 (derniers chiffres consolidés) de 14 milliards d’euros, soit une progression de 26% sur quatre ans, selon une étude de la fédération sur "la résilience des EPL face à la crise économique et sanitaire". L’augmentation la plus rapide concerne les secteurs de l’environnement et des réseaux (+58%), en particulier l’énergie (+69%). Dans le même temps, les EPL ont renforcé leur capital social de 44% pour atteindre les 5 milliards d’euros et leurs fonds propres de 32%. "Sur un temps long, l’économie mixte est en pleine progression" et fait preuve de "dynamisme", veut croire Jean-Marie Sermier. À condition de repartir au plus vite.

De grandes différences selon les territoires

Le ralentissement de l’activité économique "impliquera des pertes significatives de chiffre d’affaires", prévient la note de la fédération. La situation reste fragile dans les trois secteurs qui n’ont toujours par repris normalement : tourisme, culture et événementiels. Les EPL de remontées mécaniques, par exemple, devraient enregistrer entre 15 et 25% de baisse de leur chiffre d’affaires. Mais le tourisme estival a montré de grandes différences selon les territoires. "On a enregistré de grosses difficultés de fréquentations sur les très grandes villes" qui ont pâti de la désaffection des touristes étrangers. Mais "beaucoup de Français qui ne sont pas partis à l’étranger ont choisi de découvrir des départements plus confidentiels", a commenté Jean-Marie Servier. "Nous avons des structures qui ont presque explosé dans les zones un peu plus rurales", a-t-il souligné, prenant l’exemple du Cher où "la fréquentation a doublé par rapport à une année normale", le Jura (dont il est député) ou la Haute-Loire. "Les départements qui ont la capacité de montrer du vert, des produits de qualité, de la tranquillité et des paysages ont été priorisés."

"On sera mobilisés pour que l’économie mixte bénéficie de la totalité de ce dont bénéficient les entreprises en général", a-t-il assuré. La fédération plaide pour un accès à l’activité partielle au même titre que les autres entreprises. Et pose la question du dédommagement des "surcoûts" représentés par l’immobilisation des chantiers au moment du confinement. "On a proposé une certaine répartition entre les clients, les entreprises, les maîtres d’ouvrage", a-t-il expliqué. Il s’attend toutefois à des contentieux, notamment avec les grands groupes.

La fédération va aussi être vigilante sur la mise en oeuvre du plan de relance et sa traduction dans le budget pour 2020. "Il faut qu’on regarde bien, il ne faut pas que ce soit de l’argent recyclé", a averti Jean-Marie Sermier, qui estime toutefois travailler "de façon exemplaire avec la Banque des Territoires" (la Caisse des Dépôts assure à elle seule 26 milliards d’euros des 100 milliards du plan). "On travaille main dans la main" sur la constitution des 100 foncières commerciales pour le réaménagement des centres-villes, alors que "ce seront très clairement les EPL qui seront fléchées pour être les opérateurs de référence." "Je souhaite vraiment que tout le monde mette les moyens d’ingénierie et financiers pour passer ce cap et pour que les premières opérations de cœur de ville apportent une réussite durable", a-t-il développé. Car "s’il y a des échecs, cela rendre les choses compliquées pour la suite (…) cela remettrait en cause la volonté des maires".