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Présidentielle - Les CCI souhaitent mieux affirmer leur place aux côtés des collectivités

Les CCI souhaitent regagner la confiance de l'Etat en réaffirmant leur utilité aux candidats à l'élection présidentielle. Le réseau CCI France présidé par Pierre Goguet depuis le 6 février publie neuf propositions à leur attention, "pour faire réussir les entreprises" et réaffirmer la place des CCI aux côtés des collectivités territoriales qui ne cessent de grignoter leurs compétences. 

Alors que les représentants de quatre candidats à l'élection présidentielle (Emmanuel Macron, François Fillon, Marine Le Pen et Benoît Hamon) étaient invités, le 14 mars 2017, à débattre face aux chambres de commerce et d'industrie (CCI), CCI France, leur tête de réseau, avait dévoilé, la veille, neuf propositions. Pierre Goguet, président de la CCI Bordeaux Gironde et nouveau président de CCI France depuis un mois souhaite ainsi affirmer la place et l'utilité de son réseau. Après avoir été "malmenées de manière répétée tout au long de ce quinquennat et obligées de faire de l'entrisme pour être écoutées", les CCI souhaitent raviver leurs couleurs et "retrouver une voix forte".

Pour commencer, CCI France soumet à l'échange et au débat des propositions qui visent à "donner un cap clair aux entrepreneurs" et pas seulement à ses 2,9 millions d'entreprises adhérentes. La lecture de cet opuscule débute par le rappel que "l'appui aux entreprises est la mission essentielle des CCI" : création, transmission, formation, accompagnement à l'international, à l'innovation, à la transformation digitale. CCI France propose donc, en premier lieu, d' "apporter à chaque créateur ou repreneur la garantie d'un accompagnement triennal personnalisé pour sécuriser les premières années de la vie des entreprises". Pour cela, il faudrait d'abord clarifier le rôle de chaque acteur local qui travaille au contact de l'entreprise. C'est sans doute pour cela que le réseau propose "de généraliser la contractualisation entre les acteurs d’un territoire sur les expertises dédiées aux entreprises pour éviter les doublons".

Contractualiser entre les acteurs d'un territoire

Les CCI veulent "co-construire les services proposés par les acteurs du territoire (régions, conseils départementaux, métropoles, intercommunalités) au bénéfice de toutes les entreprises". Derrière cette proposition de généraliser la contractualisation entre les acteurs, on peut lire une offensive des CCI contre les collectivités territoriales qui empiètent sur le territoire des chambres depuis la loi Notre du 7 août 2015. Celle-ci a confié aux régions la mission d'élaborer un schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII). "Nous sommes sollicités pour la rédaction de ces schémas", constate Alain Di Crescenzo, premier vice-président de CCI France. Il déplore cependant la création de "Maisons de l'économie par les régions, souvent en lieu et place des agences de développement départementales, alors qu'il y a une CCI à côté". Alain Di Crescenzo, qui est aussi le président de la CCI Occitanie, travaille avec la présidente de sa région "pour que, dans la mesure du possible, ces maisons soient situées dans nos chambres".

Certaines agences de développement économique continuent d'être financées par les conseils départementaux qui ont pourtant perdu cette compétence depuis la loi Notre. Le ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales, Jean-Michel Baylet vient d'adresser une circulaire aux préfets leur demandant d'exercer leur contrôle de légalité contre les départements qui continuent de financer de telles agences (sur le sujet, voir notre article du 14 mars 2017). Les départements se justifient en affirmant qu'elles répondent aux besoins des entreprises et des collectivités et qu'elles sont complémentaires avec leurs propres compétences. Certaines agences de développement économique se sont ainsi transformées en agence d'attractivité ou d'ingénierie territoriale. Des CCI ne suivent pas les départements dans ce mouvement de résistance, comme la CCI Alsace Eurométropole qui a pris position contre les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin qui souhaitent poursuivre le financement de leur agence Adira.
"Certains départements ne lâchent pas prise", confirme à Localtis Alain Di Crescenzo. "Mais dans certaines régions, cela se passe bien comme à Toulouse, poursuit-il, où l'agence d’attractivité So Toulouse a été créée en 2016 par le regroupement de l'office du tourisme, de l'agence de développement économique Invest in Toulouse et de la Sem Convention Bureau pour le tourisme d'affaires." Le président de la CCI Occitanie est le premier vice-président du nouvel ensemble.

Pousser le réseau à l'international

L'autre priorité du nouveau président est de "pousser" le réseau à l'international. L'une des propositions vise à ce que les CCI, via leurs services dédiés à l'international, jouent un "rôle de point d'entrée unique dans les territoires. Le réseau conseille et oriente à l'international 41.000 entreprises chaque année grâce à ses 115 CCI françaises à travers le monde. "Dans ce domaine aussi, il faut clarifier qui fait quoi très vite pour le bien des entreprises", déclare Pierre Goguet qui doit rencontrer prochainement le Medef international et Business France, l'agence dédiée à l'internationalisation de l'économie française.

La huitième proposition concerne un sujet cher aux CCI : l'apprentissage. Le réseau qui forme chaque année 80.000 apprentis dans ses 142 centres de formation d'apprentis (CFA) et ses 120 écoles supérieures veut "repositionner [cette filière] dans la chaîne de valeur orientation/formation/emploi en privilégiant les cursus à fort potentiel". Quant à l'augmentation du nombre d'apprentis prônée au cours des quinquennats successifs, elle pourra se faire, d'après les CCI, par l'affectation d'une "partie des fonds dédiés aux emploi aidés". "En termes d'attractivité dans certains métiers, il reste aussi beaucoup à faire", observe Pierre Goguet.

Regroupement de CFA

Il préconise un regroupement de CFA, à l'instar de ce qu'a entrepris la CCI Occitanie qui est en train de créer un CFA unique regroupant tous les centres des CCI de la nouvelle grande région (soit quelque 6 000 apprentis). Et pour régler le problème de la mobilité des apprentis dans les nouvelles grandes régions, le président de CCI France propose, dans le cadre du plan numérique du réseau, d'équiper les antennes territoriales des CCI de systèmes de visioconférence. Cela pourrait se faire "en mode collaboratif" avec les chambres de métiers.

Enfin, les CCI souhaitent mettre en place des plateformes territoriales de mutations économiques et accompagner la transformation digitale des entreprises. Elles n'oublient pas la question de la redynamisation des centres-ville puisqu'elles proposent de "flécher une partie des dotations aux collectivités locales vers les communes et les intercommunalités" afin de favoriser les projets d'implantation et de développement commerciaux.