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Les élus du Grand Est reçus à l'Elysée : fiscalité, libertés locales, sécurité...

C'est avec les élus du Grand Est, reçus à l'Elysée, que le chef de l'Etat a longuement dialogué le 26 février. Parmi eux, François Baroin et Jean Rottner.

Emmanuel Macron a réuni mardi 26 février à l'Elysée quelque 150 maires et élus du Grand Est, dont François Baroin, le président de l'Association des maires de France (AMF). Cette rencontre est la huitième à laquelle participe le président depuis le début, le 15 janvier, du grand débat qui doit se poursuivre jusqu'au 15 mars.
Il a appelé au "débat le plus libre possible" en introduisant les échanges avec les maires des chefs-lieux de cantons du Grand Est, les présidents des 10 conseils départementaux (Ardennes, Aube, Bas-Rhin, Haute-Marne, Haut-Rhin, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle et Vosges) et le président de la région Jean Rottner (LR), reçus à déjeuner à l'Elysée.
Il a expliqué que cette rencontre ne se tenait pas dans la région, contrairement aux précédentes, dans la mesure où il s'était rendu dans le Grand Est début novembre dans le cadre de l'itinérance de la commémoration du centenaire de la fin de la Grande Guerre.
Premier intervenant, François Baroin, présent en tant que maire de Troyes, a évoqué les dossiers ayant provoqué des tensions avec l'AMF depuis le début du quinquennat, en réitérant les "regrets" provoqués par la suppression de la taxe d'habitation. "Quel est l'avenir de la compensation ?", a-t-il demandé au président, évoquant par ailleurs les effets de la baisse des dotations des années passées, dont "moins de moyens pour développer les services de proximité". "Nous avons beaucoup d'attentes", a conclu François Baroin.

"Nous ne pouvons pas nous contenter d'une mesure mais (il faut) une remise à plat totale de la fiscalité, qu'elle concerne les collectivités et nos concitoyens", a pour sa affirmé lancé Jean Rottner.
"J'ai pris dans la campagne de 2017 des engagements de réduire le niveau de fiscalité, ça fera partie des grands choix macroéconomiques de cette sortie de débat", lui a répondu Emmanuel Macron. "Est-ce qu'il faut aller plus vite, est-ce qu'il faut plus rapidement baisser la fiscalité, quitte à accepter une certaine baisse de dépenses supplémentaire, des ajustements ? Est-ce que la baisse de la fiscalité devient une priorité et avec elle sa simplification ? Moi, je suis très ouvert à cela, plutôt favorable à aller en ce sens", a-t-il ajouté. "En même temps, quand on entend nos concitoyens, ils sont très attachés aux solidarités financées par l'impôt dans notre pays", a souligné le chef de l'Etat.
Le président de la région Grand Est a également appelé le chef de l'Etat à donner plus de marge de manoeuvre aux collectivités locales. "Il faut nous lâcher les baskets !", a-t-il lancé. "Nous comprenons les contrôles, mais nous refusons de plus en plus les contraintes qui s'imposent à nous (...) Les collectivités souhaitent gagner en liberté", selon lui. Emmanuel Macron lui a répondu qu'il souhaitait accélérer "la déconcentration" de l'Etat. "Je suis à l'écoute des collectivités", a-t-il ajouté, en les appelant à "faire des propositions de réforme".

Evoquant par ailleurs les enjeux de sécurité liés aux manifestations des gilets jaunes, Jean Rottner a appelé l'Etat à une plus grande fermeté pour "arrêter ce climat d'émeute hebdomadaire".  "Vous faites preuve de conviction, de dialogue, nous avons besoin aussi de preuve d'autorité. La force de la République doit s'imposer aujourd'hui", a-t-il déclaré en s'adressant au chef de l'Etat.
"Nous ne pouvons, de manière raisonnable, pas interdire les manifestations", lui a répondu Emmanuel Macron, en citant notamment le droit constitutionnel à descendre dans la rue. Insistant sur "la grande difficulté" du maintien de l'ordre, il a salué "le travail remarquable" des policiers et gendarmes mobilisés, car "c'est un miracle qu'après autant de samedis avec cette violence, il n'y ait eu aucun mort à déplorer de la part des forces de l'ordre".
Estimant qu'avaient été "pleinement reconnus" la "vitalité, la force, le caractère incontestable de la demande légitime de millions de Français qui ont pu participer ou être sympathisants" des gilets jaunes, le chef de l'Etat considère "qu'aujourd'hui la place doit être au débat, à la réponse démocratique, et elle sera ensuite dans les urnes".

"Il reste une quinzaine de jours et nous apporterons, avec les régions de France, avec les départements de France, une contribution pour un nouvel acte III de la décentralisation", a déclaré François Baroin à l'issue du débat. "Il faut que l'État soit plus véloce et plus ramassé sur les missions pour lesquelles on l'attend et que nous nous occupions de tout le reste", a-t-il ajouté devant la presse. Le président de l'AMF a salué le fait que, avec ce débat qui a duré quatre heures et demi, le chef de l'État avait "consacré beaucoup de temps" à écouter les élus et à leur répondre. "Je me félicite que les maires soient revenus au premier plan d'un échange naturel avec le président", a-t-il ajouté. Emmanuel Macron n'a toutefois selon lui "pas apporté toutes les réponses", notamment sur la taxe d'habitation : "C'est un peu le brouillard (...). On a une vision jusqu'à 2020 mais on n'en a pas pour après".

Emmanuel Macron est attendu ce vendredi 1er mars à Bordeaux, pour un échange avec les maires des chefs-lieux de canton de la Gironde en présence des présidents des associations des maires, du président du conseil régional Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, du président du conseil départemental, ainsi que les parlementaires de la région. Il s'entretiendra juste avant avec Alain Juppé, dernier acte officiel du maire de Bordeaux avant sa démission dans la foulée pour rejoindre le conseil constitutionnel.

 

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