Les régions en force au salon du Made in France

Les régions accompagnent le développement du made in France, qui est à l'honneur depuis le 10 novembre sur un salon dédié qui se tient jusqu'au 13 novembre à Paris.

Sur le salon Made In France qui se tient du 10 au 13 novembre 2022 à Paris, les bannières des régions dominent. Chacune présente les entreprises territoriales, témoins de cette tendance, qui d'un effet de mode temporaire s'est transformé en réalité avec des produits, de l'activité économique et des emplois, même si la part de marché est encore limitée.

Exemple avec l'entreprise Week'up, marque qui propose des coupes menstruelles, des serviettes hygiéniques lavables et des culottes menstruelles sans produits chimiques, écoresponsables et fabriquées en France, créée en 2018 et soutenue par Bpifrance et la région Pays de la Loire. "J'ai commencé à réfléchir au projet, avec un concept de coupe pliable, explique à Localtis Corinne Boulay, créatrice et dirigeante de l'entreprise, on m'a vite signalé que mon projet pouvait être financé au titre de son aspect innovant, la CCI Le Mans-Sarthe m'a propulsée sur des concours". Week'up a ainsi remporté le premier prix de la Startup'euse Mancelle 2019, un prix créé en 2017 et co-organisé par Le Mans Développement et la CCI. La créatrice a pu ainsi bénéficier d'un accompagnement personnalisé, du business modèle à l'orientation vers un comptable spécialisé dans l'innovation, en passant par la recherche de fonds, le tout durant sept mois. Le conseil départemental de la Sarthe lui a aussi commandé 9.000 unités de serviettes hygiéniques lavables pour les distribuer gratuitement aux collégiennes du département, une première.

Les clients, prêts à payer plus cher pour du made in France

Autre exemple avec Buathier, entreprise spécialisée dans la production de produits en plastique injecté, installée dans le département de l'Ain, en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Durant la crise covid, l'entreprise, créée en 1960, a planché sur un système d'ouverture de porte sans contact, Sésame, fabriqué en France. Ce produit, finalement abandonné, a été l'occasion pour Buathier d'être propulsé parmi les acteurs du made in France et de recevoir au passage une subvention de la région. Depuis, l'entreprise mène son parcours pour fabriquer de plus en plus de pièces en France et répondre à la demande croissante des clients. "Les clients mettent le curseur de plus en plus loin en matière d'exigence de fabrication française et de local, souligne Daniel Millet, dirigeant de Buathier, nous sous-traitons pas loin de chez nous ; et les clients sont prêts à payer plus cher pour aller dans ce sens". Car si la fabrication en France permet de gagner en matière de délais, elle a souvent un coût supplémentaire. Buathier travaille aussi dans le domaine du recyclage et de la réutilisation des matières utilisées, dans l'esprit d'une économie circulaire vertueuse. "Un de nos clients, le Jouet français, dispose d'objets fabriqués en matière recyclée, détaille Daniel Millet, on se doit de s'impliquer dans le recyclage, même si ça ne nous coûte pas moins cher !"

France 2030 régionalisé

En région Nouvelle-Aquitaine, une des pionnières du made in France (elle s'est lancée dans les années 1990 dans ce domaine), Marina Richer, avec son entreprise Matlama de fabrication de paniers de vélos installée à La Rochelle, a aussi pu bénéficier d'aides de la région, par l'intermédiaire de l'agence de développement et d'innovation, ADI Nouvelle-Aquitaine. "On nous a parlé de ces aides et nous sommes allés voir, explique la dirigeante, l'aide se tient en deux parties, avec un diagnostic de l'entreprise sur ses forces et faiblesses, et des aides pour l'amélioration du site internet". L'entreprise qui a choisi dès sa création de fabriquer uniquement en France exporte ses produits jusqu'au Japon.

A coup d'aides de ce type, ou de diagnostics et conseils, promulgués par les CCI ou les agences de développement économique, les collectivités, et les régions en premier lieu, jouent un rôle important dans le développement du made in France. Elles participent aussi au volet France 2030 régionalisé. Doté de 500 millions d'euros, il a pour objectif d'accompagner l'innovation, des startups et des PME notamment, sur tout le territoire national. Son mode de financement est ainsi paritaire : chaque euro investi par l'Etat est complété d'un euro investi par le conseil régional. Au total un milliard d'euros sont donc mobilisés par les pouvoirs publics dans ce domaine.

Cinq objets du quotidien maintenant fabriqués en France

Lors d'une conférence de presse organisée le 9 novembre 2022, Bercy a mis en avant les autres dispositifs en place pour favoriser le made in France comme l'appel à projets "(Re)localisation de la production dans les secteurs critiques", ouvert d'août 2020 à février 2022. Il a permis de financer 477 projets sur plus de 1.500 candidatures, représentant un investissement de 3,2 milliards d'euros, soutenus par l'Etat à hauteur de 850 millions d'euros de subvention. A l'occasion de la conférence, le ministère de l'Economie a mis en valeur cinq objets du quotidien maintenant fabriqués en France, dont des tee-shirts en lin et en chanvre (Linportant, Lemaitre Demeestere), des équipements de vélos (CycleEurope, Ultima, Velox, MFC) ou encore des jouets (Doudou et Compagnie, Smoby, Ecoiffier).

Le ministère a aussi mis en avant les nouveaux dispositifs de soutien aux projets de relocalisation industrielle comme les missions de conseil pour faciliter les relocalisations, réalisées par Bpifrance (objectif : accompagner 200 entreprises d'ici 2027), l'étude de stratégie industrielle des territoires, réalisée par la Banque des Territoires (diagnostics territoriaux de dépendance des filières industrielles, études d'opportunité pour déterminer le potentiel de relocalisation de certains produits…), et les accélérateurs dédiés à la relocalisation mis en place par les CCI dès 2023 dans chaque région, avec le soutien de l'Etat et des conseils régionaux.

 

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