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Les territoires mobilisés pour tester les usages innovants de la 5G

La liste des projets retenus pour expérimenter les usages les plus disruptifs de la 5G a été dévoilée le 7 octobre 2019 à Paris. Plusieurs collectivités se sont mobilisées pour permettre aux industriels, équipementiers et start-up de tester la bande 26 Ghz, une fréquence "millimétrique" qui ne sera pas ouverte à la commercialisation avant trois ans.

Ville intelligente, logistique, équipements sportifs augmentés…. les smart territoires étaient à l'honneur pour la présentation des onze projets 5G retenus par Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, et Sébastien Soriano, président de l'Arcep. Ces expérimentations 5G ont la particularité de cibler la bande des 26 Ghz, aujourd'hui utilisées par les satellites, et dont l'usage commercial n'est pas attendu avant au moins trois ans. Elle ne doit pas être confondue avec la 5G de la bande des 800 Mhz, objet d'une mise aux enchères prochaine, qui va pour sa part essentiellement améliorer les débits sur les réseaux 4G. Cette bande millimétrique va offrir des débits phénoménaux, un temps de latente extrêmement restreint tout en affichant une consommation énergétique réduite. Elle aura aussi pour particularité de nécessiter beaucoup d'émetteurs car sa portée sera réduite. Aussi cible-t-elle des sites spécifiques marqués par une concentration des usages ou des populations.

Smart port, smart city, smart ZAE...

Les onze projets sélectionnés (sur treize candidats) reposent sur sept "plateformes" animées par des structures variées : cité des sciences, ports, collectivités, équipementiers et, bien entendu, des opérateurs télécom. Ces entités bénéficient de fréquences pour un prix modique (1.000 euros par an pour 1 GHz) à condition d'ouvrir leur plateforme à l'ensemble des acteurs intéressés. "L'attribution de ces fréquences est à effet immédiat, les projets pourront commencer dès demain", a précisé Sébastien Soriano qui s'est également félicité de la diversité des profils des candidats. Parmi les expérimentations retenues, on signalera plus particulièrement celles impliquant directement des territoires :

  • Bordeaux Métropole (33) souhaite tester le déploiement de bornes 5G intégrées à l'éclairage public pour apporter une connectivité ultra haut débit dans des espaces de forte densité. Un projet auquel seront associées les start-up de la frenchtech bordelaise. 
  • Saint-Quentin-en-Yvelines (78) souhaite créer une plateforme ouverte d’expérimentations 5G pour son vélodrome, futur site olympique. Les cas d’usages iront de restitutions sportives augmentées des compétitions, à celles liées aux évolutions des équipements audio et vidéo fixes et mobiles, ou par exemple à l’adaptation de l’intelligence artificielle dans les médias sportifs.
  • L’établissement public d’aménagement Paris la Défense (92) propose d'expérimenter des usages inédits dans l’environnement urbain très dense du premier quartier d’affaires d’Europe. L'objectifs est aussi de tester l'intérêt pour une structure publique de se positionner comme RIP 5G neutre, les antennes – placés dans du mobilier urbain – étant mis à disposition de tous les opérateurs.
  • Le grand port maritime du Havre (76) va créer une plateforme d’expérimentations pour tester des applications de la 5G dans un contexte portuaire et industriel : logistique, suivi des conteneurs mais aussi pilotage de "smart grids" ou recharge de véhicules électriques.

Parmi les projets portés par Bouygues Télécom on peut citer la desserte de zones d'activités ou technopoles à Vélizy-Villacoublay (78) et Saint-Priest (69). Orange connectera pour sa part avec la SNCF la gare de Rennes et son Innovation Lab situé à Châtillon (92).

Brouillages et exposition aux ondes sous surveillance

Tous les projets retenus, assez peu concrets à ce stade, devront fournir à l'Arcep un bilan annuel. Ils devront accepter les demandes d'accès aux entreprises et start-up n'étant pas en capacité de déployer elles-mêmes un réseau 5G. Par ailleurs, au-delà des porteurs de projets, on signalera la présence de l'Agence nationale des fréquences (ANFR) et de l'Anses dans le comité de suivi des expérimentations. L'usage de la bande des 26 Ghz est en effet aussi sous le feu des critiques. Elle est ainsi accusée de brouiller les radars météo et notamment ceux servant à surveiller le climat. Les réseaux sociaux relaient également de nombreuses rumeurs sur leurs effets nocifs sur la santé, inquiétudes aggravées par la densité du réseau (indoor comme outdoor) et leur proximité avec les populations. L’Anses a donc été mobilisée pour "l’évaluation de l’impact sanitaire et des risques associés au déploiement de la 5G, en fonction des données relatives aux expositions induites par cette technologie". L'ANFR contrôlera pour sa part l'exposition du public aux ondes et veillera à ce qu'elles ne génèrent pas de brouillages.