Les transports publics étendent leur périmètre

Près de 49 millions d'habitants sont aujourd'hui desservis par les transports publics urbains, selon l'Observatoire de la mobilité 2019 présenté ce 28 novembre par l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP). Plus nombreux d'année en année, les usagers des transports publics sont aussi de plus en plus sensibles à leur impact environnemental.

Les transports publics urbains desservent aujourd'hui 73% de la population française, soit près de 49 millions d'habitants sur 28% du territoire métropolitain, selon l'Observatoire de la mobilité 2019 présenté ce 28 novembre par l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP),  qui regroupe les entreprises de transport public et les entreprises ferroviaires (fret et voyageurs) en France. L'extension des réseaux a accompagné l'évolution des intercommunalités ces dernières années. En 2017, sur un panel de 148 réseaux de transport public (adhérents de l’UTP), 73 ont vu leur périmètre s’agrandir et 34 (23%) couvrent des territoires regroupant plus de 50 communes, note l'étude, réalisée avec l'Ifop. Entre 2016 et 2017, le nombre de communes et la surface des périmètres des AOM ont respectivement augmenté de 39% et de 38 % alors que la population a progressé de 7% seulement.
Mais pour l'UTP, l’extension d’un réseau existant pour couvrir le nouveau périmètre peut fragiliser son équilibre économique et conduire à délivrer un service de moindre qualité car dilué dans des zones de desserte élargies. Les professionnels du transport public comptent donc beaucoup sur le projet de loi d'orientation des mobilités (LOM), qui a introduit la notion de bassin de mobilité, à définir par les collectivités territoriales, pour répondre aux besoins des populations qui sont de plus en plus éloignées des centres urbains. "L'enjeu est la capacité des autorités organisatrices à assurer un transport de qualité dans des zones où il y a moins de personnes au km et moins de capacité financière, a souligné Thierry Mallet, président de l'UTP, lors de la présentation des résultats de l'Observatoire 2019. C'est pourquoi nous ne sommes pas favorables à la gratuité des transports urbains car elle risque de se faire aux dépens de la qualité de l'offre en périphérie."

Fréquentation en hausse de 10 points depuis 2014

En termes de fréquentation, 73% des habitants des communes de plus de 50.000 habitants utilisent régulièrement les transports publics, soit une progression de dix points par rapport aux résultats du premier Observatoire de la mobilité, en 2014, et de trois points par rapport à l'édition 2018. Parmi les différents modes, le bus arrive en tête (71% des utilisateurs) et devance largement le métro (49%), le tramway (44%), le RER (23%) et les TER (18%). Dans la plupart des cas (46%), les voyageurs ont recours aux transports en commun pour des raisons pratiques (stationnement ou embouteillage) mais aussi pour 20% d'entre eux car ils n'ont pas d'autre choix. Pour 16% des utilisateurs, les transports en commun sont plus économiques (contre 15% l'année précédente). Surtout, ils sont 17% (contre 14% en 2018) à se servir des transports publics car ils "trouvent ça mieux pour l'environnement". "Les voyageurs sont de plus en plus sensibles à la préservation de la planète", constate l'UTP. "Ils prennent conscience que le transport public est une solution pour relever cet enjeu", précise l'organisation, soulignant qu'"aujourd'hui, près de 46% des voyages de transport public urbain se font en mode électrique contre 32% en 2008". "Les bus circulant avec une énergie alternative au gazole sont de plus en plus nombreux", explique l'UTP, citant les "nouvelles motorisations, hydrogène, GNV, tout électrique...". En moyenne les émissions de CO2 par passager au kilomètre sont de 26,5 grammes pour les transports publics et de 141 grammes pour les véhicules particuliers, selon ses données.
Sur le plan économique, "il y a 20 ans, les recettes d'exploitation des réseaux urbains couvraient la moitié des dépenses d'exploitation. Aujourd'hui, elles en couvrent moins d'un tiers en moyenne", relève aussi l'UTP. "Seules des ressources suffisantes, des financements adéquats et pérennes, et une juste contribution des voyageurs au service du transport public permettront d'éviter ces deux écueils", ajoute-t-elle.

Demande de régulation des applications MaaS

L'Observatoire 2019 s'intéresse aussi à l'usage des modes de déplacements partagés (covoiturage, vélos en libre-service, transport à la demande, free floating, autopartage). Un tiers des utilisateurs de transport public disent y avoir recours. L'UTP se dit favorable à ces mobilités partagées, "avant tout parce qu'elles vont dans le sens du report modal de la voiture vers des modes de déplacement actifs, plus doux et décarbonés, et donc dans le sens de la décongestion des villes".
Enfin, les voyageurs ont été interrogés sur leur usage des applications liées aux transports publics. La moitié en attendent d'abord des informations pratiques et la possibilité d'acheter des titres de transport. La majorité fait confiance aux autorités organisatrices et aux opérateurs pour créer et exploiter ces applications Maas (Mobility as a service), qui permettent d'intégrer des formes de transport variées (transports collectifs publics et privés, vélos ou voitures partagés, taxi, covoiturage stationnement multimodes, parking relais, marche…), et gérer leurs données. A l'instar de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), l'UTP défend "un juste partage de la responsabilité et de la valeur" en veillant à "une bonne qualité de service aux usagers", a souligné Marie-Claude Dupuis, vice-présidente de l'organisation. Pour l'UTP, il convient de "prévenir des risques inhérents à l'arrivée d'acteurs n'opérant pas de service de transport : désintermédiation, évaluation biaisée des flux, dérégulation de l'offre tarifaire et remise en cause de la neutralité de l'offre". Selon elle, la LOM va dans le bon sens en ayant mis en place un système de régulation du MaaS mais elle compte rester "vigilante" sur les décrets d'application.