Lutte contre les violences sexistes : 26 élus locaux signent un manifeste

Une trentaine de maires de grandes villes, dont Paris, Lyon, Marseille et Nantes, et de présidents de départements ont signé vendredi 25 novembre 2022 un manifeste appelant à lutter "contre le caractère systémique" des violences sexistes et à "protéger les femmes victimes".

"Aujourd'hui en France, on meurt encore d'être une femme. Chaque année, en moyenne, près de 100.000 femmes victimes de viol ou de tentative de viol, 12% d'entre elles qui ont porté plainte seulement, et 1% des auteurs qui sont condamnés. Donc face à cette réalité, aussi effroyable qu'inacceptable, des maires, des responsables de département agissent", a plaidé Johanna Rolland, la maire PS de Nantes. La signature de ce manifeste par 26 élus (1) a eu lieu dans le cadre des premières assises nationales de lutte contre les violences sexistes, dont le slogan est "ouvrons la voix" et qui ont réuni quelque 2.500 participants à Nantes vendredi 25 et samedi 26 novembre 2022. En signant le manifeste, les élus s'engagent à agir via des actions concrètes comme la désignation d'un élu "délégué à la lutte contre les violences sexistes", la mise en place pour les agents des collectivités de "formations à la prévention et la lutte contre les violences sexistes et intra-familiales", ou encore le fait de "garantir l'accès aux hébergements d'urgence et transitoires pour les femmes victimes". 

Demande d'un budget annuel d'un milliard d'euros

Le manifeste vise aussi à réclamer à l'Etat que les "professionnels au contact d'enfants" soient formés "à la lutte contre les stéréotypes de genre, à la promotion de l'égalité, au repérage des situations de violences". Une des demandes principales du manifeste est de réclamer à l'Etat "un budget annuel d'un milliard d'euros" pour financer notamment "la création de places d'hébergement d'urgence et de logements transitoires pour les femmes victimes".  "Toutes les actrices, tous les acteurs s'accordent sur ce point: il est urgent que l'Etat soit enfin au rendez-vous de cette demande", a insisté Johanna Rolland, qui était accompagnée pour présenter le manifeste du maire PS de Nancy, Mathieu Klein et du président PS du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel. Parmi les 26 signatures du manifeste, on retrouve la maire de Paris, Anne Hidalgo, le maire de Lyon, Grégory Doucet, le maire de Marseille, Benoît Payan, ou encore le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc et le maire de Reims, Arnaud Robinet.

(1) Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, Mahaut Bertu adjointe à la maire,
Benoît Arrivé, maire de Cherbourg-en-Cotentin, Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole, Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand et président de Clermont Auvergne Métropole, Grégory Doucet, maire de Lyon, Christophe Ferrari, maire du Pont de Claix et président de Grenoble Alpes Métropole, Anne Hidalgo, maire de Paris, Mathieu Klein, maire de Nancy et président de la Métropole du Grand Nancy, Frédéric Leturque, maire d’Arras et président de la communauté urbaine d’Arras, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de la Métropole Rouen Normandie, François de Mazières, maire de Versailles, Michel Ménard, président du Conseil départemental de la Loire-Atlantique et Myriam Bigeard, conseillère départementale, Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers et Alexandra Duval, conseillère municipale, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, Benoit Payan, maire de Marseille, Eric Piolle, maire de Grenoble, Arnaud Robinet, maire de Reims, David Samzun, maire de Saint-Nazaire et président de la CARENE, Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne et Agathe Fort, adjointe au maire, Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Jean-Marc Verchère, maire d’Angers et président d’Angers Loire Métropole.

 Un guide contre les violences sexistes et sexuelles à destination des employeurs publics

Provoquer un "changement de culture": tel est le but du guide publié vendredi par la DGAFP (direction générale de l'administration et de la fonction publique), qui vise à sensibiliser les employeurs publics aux violences sexistes et sexuelles et à mieux recueillir les signalements des victimes. La marge de progression est immense: depuis 2018, à peine une centaine de sanctions (du simple avertissement à la révocation) sont prononcées chaque année à l'encontre des agents de la fonction publique d'Etat pour des violences sexistes et sexuelles. Les femmes représentent près de six agents sur dix dans la fonction publique d'Etat, qui emploie environ 2,5 millions de personnes. "Il y a une vraie appropriation des dispositifs (de signalement) à mener", reconnaît-on au sein de l'administration, qui promet une "tolérance zéro" pour les violences sexistes et sexuelles. Depuis une loi de 2019, les employeurs publics sont obligés de prévoir un dispositif de signalement pour le harcèlement moral, les discriminations et les violences sexistes et sexuelles. Mais jusqu'ici, "la communication sur les dispositifs de signalement n'était peut-être pas suffisamment exploitée et donc il y avait une méconnaissance", fait valoir le ministère. Le faible nombre de signalements et de sanctions montre aussi "la difficulté de témoigner de ces faits dans un contexte professionnel". D'où l'idée de ce guide publié à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences à l'égard des femmes et envoyé aux employeurs des trois versants de la fonction publique (Etat, territoriale, hospitalière).