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Malgré les annulations en masse, les festivals ont résisté et 95% d'entre eux donnent déjà rendez-vous en 2021

Selon une étude de "Tous les festivals" sur le bilan 2020 et les perspectives 2021, plus de neuf festivals sur dix ont pu passer l'année 2020 sans aucun licenciement et 65% d'entre eux ont bénéficié d’une aide publique autre que la mise en place du chômage partiel, notamment de la part des collectivités qui ont maintenu leurs subventions. Et la grande majorité des spectateurs n'a pas demandé le remboursement des billets, préférant le report à 2021.

Comme l'ensemble du secteur culturel, les festivals ont été très fortement impactés par la crise sanitaire. Même si une grande partie d'entre eux devait se tenir durant le bref répit entre la sortie du premier confinement le 11 mai et les premiers signes d'inquiétude sur une reprise de la pandémie (généralisation du port du masque dans l'espace public à partir de fin août), il était trop tard pour revenir sur les annulations décidées dès les premiers jours du confinement et, plus encore, après la décision de le prolonger jusqu'à deux mois.

85% des festivals annulés, mais aucun licenciement

Si la situation d'ensemble est ainsi déjà connue et documentée, le site "Tous les festivals" publie, pour la cinquième année consécutive, une étude riche d'enseignements inédits en cette année 2020 si particulière. Cette enquête, menée entre le 7 et le 21 décembre, a été réalisée auprès d'un échantillon de 200 festivals de musiques actuelles de toutes tailles, qui auraient dû se tenir entre le 1er janvier et le 31 décembre 2020. Elle se double d'un sondage réalisé auprès de 400 festivaliers.
Sans surprise, il apparaît que 85% des festivals de l'échantillon ont été annulés en 2020, tandis que seuls 15% ont bien eu lieu en présentiel. Parmi ces derniers, 77% ont eu lieu entre juillet et septembre (inclus), avec en moyenne 3.000 festivaliers, ce qui correspond à des petits festivals. Parmi les festivaliers de l'échantillon, 18% disent également avoir pu assister à un festival en 2020. Par ailleurs, près d'un festival annulé sur dix a fait le choix de proposer une édition numérique : rediffusions d'anciens concerts, Livestream de concerts, concerts exclusifs préenregistrés, documentaires inédits, podcasts, émissions radio, conférences en direct, ateliers...
Malgré ce qu'il est difficile de qualifier autrement que de catastrophe, les festivals semblent pourtant avoir bien résisté. En effet, plus de neuf festivals sur dix ont passé la période sans aucun licenciement. En revanche, pour le tiers des festivals, entre 80 et 100% des effectifs de l'équipe organisatrice ont été mis en chômage partiel. Ce bon résultat – dans le contexte de la crise sanitaire – s'explique notamment par le fait que "65% des festivals qui ont répondu à l'enquête ont bénéficié d'une aide publique autre que la mise en place du chômage partiel". Ceci vise notamment le soutien apporté par les collectivités territoriales, dont un grand nombre a maintenu les subventions initialement budgétées, malgré l'annulation de la manifestation. 
Durant cette période, les liens entre festivals se sont renforcés : la moitié d'entre eux ont adhéré à des syndicats : Prodiss, SMA (Syndicat des musiques actuelles)... Ils ont également signé des tribunes et des appels – comme "Festivals 2021, on y croit" – et/ou participé à des débats ou des concertations comme les états généraux des festivals organisés par Roselyne Bachelot (voir nos articles ci-dessous des 23 juillet et 2 octobre 2020).

Des festivaliers très fidèles

Une autre bonne nouvelle révélée par l'étude vient de la fidélité et du soutien des festivaliers. Alors que le gouvernement vient de prolonger les dispositions de l'ordonnance permettant de différer les remboursements en proposant un report des réservations (voir nos articles ci-dessous du 11 mai et du 17 décembre 2020), les festivaliers ont clairement fait le choix du report. Dans la majorité (56%) des festivals qui ont proposé un report des places en 2021, plus de la moitié des spectateurs ont choisi de conserver leurs billets. L'étude cite en particulier le cas du Hellfest, qui comptabilise seulement 300 demandes de remboursement pour 180.000 billets vendus... Mieux : 31% des festivaliers disent avoir répondu favorablement aux appels des organisateurs et fait un don à leur festival préféré. Malgré des incertitudes qui persistent encore chez certains d'entre eux, plus de la moitié des partenaires financiers ont également annoncé maintenir leur soutien pour 2021.
Comme l'explique l'étude de "Tous les festivals", l'horizon 2021 s'annonce donc "incertain mais plein d'espoir". A ce jour, 95% des festivals donnent déjà rendez-vous en 2021. Pour cela, 80% d'entre eux se disent capables de mettre en place des règles strictes sur les gestes barrières. Un festival sur deux se dit en mesure d'organiser des tests antigéniques à l'entrée de l'événement et un quart se dit prêt à passer en format 100% assis si besoin.

Des modifications à attendre en 2021

Au-delà des mesures directes de sécurité sanitaire, d'autres modifications sont à attendre cette année. Ainsi, si 32% des festivals n'envisagent aucun changement de format pour 2021, 12% prévoient de rallonger la durée de l'événement quand 8% envisagent au contraire de la réduire, 16% prévoient de programmer moins d'artistes et 18% plus d'artistes. En revanche, le choix est plus tranché sur les artistes étrangers – 32% des festivals prévoient en effet d'en programmer moins ou pas du tout –, ainsi que sur la jauge de l'événement, puisque 40% d'entre eux ont d'ores et déjà décidé de la réduire pour la prochaine édition.
Autre signe d'un certain optimisme : 32% des festivals avaient déjà ouvert les ventes pour 2021 à la date de l'enquête (mi-décembre 2020) et 17% d'entre eux avaient déjà vendu entre 20 et 50% de leurs places.
A noter : si l'étude de "Tous les festivals" se limite aux manifestations de musiques actuelles, une situation identique semble prévaloir du côté de la musique classique. Les Chorégies d'Orange ont ainsi annoncé compter plus de 50% de reports de billets sur 2021, ce qui, pour leur directeur Jean-Louis Grinda, "est un signe d'espérance et de confiance aussi. Donc on revient de loin, mais on va s'en sortir". Même tonalité du côté du festival d'Aix-en-Provence, qui estime qu'il y a "de très bonnes raisons d'y croire". Le festival a donc déjà annoncé sa programmation 2021 et pérennisera cette année sa "scène numérique" lancée en 2020.

 

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