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A Marseille, le projet de musée subaquatique prend l'eau

Le tribunal administratif de Marseille a suspendu la décision préfectorale autorisant la création d'un musée subaquatique dans l'anse des Catalans en plein coeur de la ville. Entre développement culturel et protection de l'environnement, le TA a donné raison au Collectif de défense du littoral 13.

Le dossier du musée subaquatique de Marseille est emblématique des contradictions qui peuvent parfois se faire jour entre environnement et culture. Avec les éoliennes, les défenseurs du patrimoine s'estiment "agressés" par des installations qui défigurent un site ou un monument (voir notre article ci-dessous du 13 juin 2017), comme on l'a vu avec l'affaire du Mont-Saint-Michel. Dans l'affaire de Marseille, ce sont les défenseurs de l'environnement qui s'opposent à un projet culturel...

Un projet culturel et scientifique

Lancé dans le cadre de "Marseille Provence Capitale européenne du sport 2017", le musée subaquatique de Marseille (MSM) entend être le premier musée immergé de Méditerranée. En pratique, il s'agirait d'un ensemble d'une vingtaine de statues, installées en plein centre-ville dans l'anse des Catalans - l'un des lieux préférés des Marseillais pour la baignade -, face à la plage du même nom, à environ cinq mètres de profondeur et sur une surface d'environ 400 m2. Ce musée un peu particulier serait gratuit et libre d'accès, soit en randonnée avec palmes soit en plongée avec bouteilles en compagnie d'un moniteur.

Le statues seraient construites en ciment marin inerte, avec un PH neutre et du substrat pour nourrir les poissons. Le projet se défend même d'œuvrer pour l'environnement, les statues devant permettre de fixer progressivement de la flore marine, puis d'attirer de la faune. L'Institut méditerranéen d'océanographie de l'université de Luminy assurerait un suivi du site sur quinze ans.

Porté par l'Association des amis du musée subaquatique de Marseille, le projet est financé par le mécénat, et bénéficie aussi d'un soutien financier de la ville de Marseille et de la région Paca.

Déjà deux ans de retard

Le musée subaquatique de Marseille aurait dû être inauguré le 8 juin 2017, à l'occasion de la Journée des océans. Mais les services de l'État ont d'abord refusé l'implantation choisie, à 400 mètres de la plage, en raison des risques d'essoufflement des nageurs, mais aussi de collision entre baigneurs et embarcations de loisirs.

L'implantation a été modifiée, pour se situer à seulement une centaine de mètres de la plage. Mais, du coup, elle se trouverait à l'intérieur de la zone d'intérêt écologique majeur (Ziem) des Catalans. Une situation qui, malgré les arguments à caractère scientifique avancés par les porteurs du projet, n'a pas manqué de déclencher un recours de la part du Collectif de défense du littoral 13.

Dans une décision du 10 mai, le tribunal administratif de Marseille a annulé l'autorisation préfectorale, en date du 19 novembre dernier, donnée sur la base de la nouvelle implantation. Raison invoquée : une "publicité insuffisante" sur l'arrêté, mais aussi un dossier d'enquête publique jugé incomplet. Même si les promoteurs du projet entendent introduire un recours, l'idée, un temps envisagée, d'une inauguration cet été - période incontournable pour un musée subaquatique - semble donc abandonnée et aucune nouvelle date n'a encore été annoncée.