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Métropoles : des effets d'entraînement pas particulièrement sensibles sur les zones d'emploi alentour

L'effet d'entraînement des métropoles sur les zones d'emploi voisines, y compris les zones contiguës, n'est pas avéré d'après une note du Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) et de France Stratégie publiée le 30 novembre 2017. Si certaines métropoles, comme Lyon, Nantes, Aix-Marseille et, dans une moindre mesure, Bordeaux, se placent dans une logique de "co-développement" qui profite à la périphérie d'autres cultivent plutôt un "relatif isolat" ...

Si la dynamique métropolitaine est évidente, les effets d'entraînement sur les autres zones d'emploi régionales, y compris les zones contiguës, ne sont pas particulièrement sensibles. C'est la conclusion tirée par Cécile Altaber du Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) et Boris Le Hir de France Stratégie, dans une note d'analyse publiée le 30 novembre 2017. Les deux auteurs ont analysé le dynamisme et le rayonnement régional de douze métropoles en matière d'emploi : Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Nice, Rennes, Rouen, Strasbourg et Toulouse.  Tout d'abord, la dynamique métropolitaine au niveau de l'emploi semble "évidente". "En moyenne, dans les zones d'emploi englobant les douze métropoles étudiées, la croissance moyenne de l'emploi entre 1999 et 2014 a été de 1,4% par an contre 0,8% sur l'ensemble du territoire", détaille la note. Mais, prise une par une, les métropoles n'affichent pas les mêmes résultats si favorables. Bordeaux, Montpellier, Nantes, Rennes et Toulouse ont ainsi vu leur poids dans l'emploi national augmenter fortement, alors que Grenoble, Lille, Lyon et Marseille ont eu une croissance de l'emploi à peine plus forte que celle de l'ensemble du territoire. Nice, Rouen et Strasbourg sont quant à elles en deçà de la moyenne nationale… Les secteurs les plus porteurs dans ces pôles urbains sont l'industrie manufacturière, les services aux entreprises, le commerce de gros et le transport de marchandises.
L'étude montre de surcroît que le "ruissellement" métropolitain est loin d'être acquis. "L'emploi salarié dans les zones d'emploi situées à la périphérie des douze métropoles étudiées n'a pas augmenté davantage que dans le reste du territoire en moyenne", signalent ainsi les auteurs. L'emploi salarié dans ces zones périphériques a stagné entre 2009 et 2014 alors qu'il a augmenté de 0,65% par an sur la même période dans les zones d'emploi des douze métropoles considérées. Cela dit, dans le détail, les effets d'entraînement sont "possibles mais disparates", précise la note, qui identifie quatre groupes de métropoles.

Quatre groupes de métropoles aux effets différents sur leur voisinage

Le premier groupe de métropoles, constitué de Lyon, Nantes, Aix-Marseille et dans une moindre mesure Bordeaux, se caractérisent par une forte dynamique de leur zone d'emploi mais aussi de celles qui leur sont contiguës, voire même de celles qui sont plus éloignées. Au cœur de la dynamique : une logique de "co-développement" (sans qu'il soit précisé de quelle manière).

Des métropoles comme Lille, Toulouse et Montpellier se développent quant à elles sans avoir d'effet particulier sur les zones autour d'elles, en "relatif isolat".
Le troisième groupe est constitué de métropoles qui ont une dynamique à l'inverse plus faible que celle des territoires régionaux avoisinants. C'est le cas de Grenoble et Strasbourg. Enfin, le quatrième groupe de métropoles est constitué de deux territoires qui sont en difficulté sur le plan de l'emploi : les métropoles de Nice et Rouen. Dans ces territoires, la zone d'emploi de la métropole comme les territoires avoisinants voient leur emploi décroître.
La note différencie les "effets structurels" (liés aux secteurs économiques présents) que peuvent avoir les métropoles sur leurs zones voisines, avec des secteurs d'activité porteurs ou non, et les effets locaux, non dû aux secteurs mais plus à une dynamique locale spécifique. Ainsi, dans les voisinages de Lyon (hors zone de Saint-Etienne dont la dynamique d'emploi est faible) et de Nantes, les zones d'emploi des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire profitent d'un effet local positif de la métropole, alors que les effets structurels sont négatifs. Les zones d'emploi d'Aix-Marseille bénéficient quant à elles des deux effets, local et structurel.
"Au final la double question de la capacité des métropoles à se développer et à faire rayonner leur dynamisme sur les territoires voisins reste entière", affirment les auteurs de la note qui estiment que des études complémentaires doivent être engagées. Un impératif, selon eux, pour atteindre les objectifs d'une cohésion territoriale inclusive" et pour "traduire en termes concrets 'l'alliance des territoires'" dont il est de plus en plus question.