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Paris se rêve en capitale européenne de l'innovation avec Viva Technology

Avec plus de 100.000 visiteurs, le salon parisien de la technologie s’impose comme l’un des grands évènements du secteur, à l’échelle internationale. L'occasion, pour les régions et leurs pépites, de faire valoir leur compétitivité aux yeux des investisseurs venus du monde entier, dans un environnement concurrentiel exacerbé.
 

Pour sa troisième édition seulement, Viva Technology, le salon de l’innovation co-organisé par Publicis et Les Echos, a attiré à la porte de Versailles pas moins de 100.000 visiteurs et 9.000 start-up. Cette fréquentation, en augmentation d'environ 50% par rapport à la précédente édition, témoigne de la vitalité du vivier des innovateurs français. Elle n’est toutefois pas étrangère à la participation d’invités de marque, à commencer par le président Emmanuel Macron (fidèle de la première heure, puisqu’il avait participé aux deux premières éditions), ainsi que les dirigeants de Facebook, d’IBM, de Microsoft et d’Uber. En marge du salon Viva Technology, l’Elysée avait opportunément convié ces patrons du numérique à un sommet “Tech for Good” nettement plus sélectif, qui s’est avéré - à deux jours seulement de l’entrée en vigueur du RGPD - relever plutôt de l’opération de séduction de la “start-up nation” que d’un rappel diplomatique des engagements éthiques de ces méga-opérateurs de données. Dans la continuité, Viva Technology était l’opportunité de prouver l’attractivité de la France aux yeux des investisseurs venus du monde entier.

Un CES à la française

La France est en train de combler son retard en matière d'entrepreneuriat et d’innovation, selon les termes d’Emmanuel Macron qui s’est exprimé lors de la conférence inaugurale dans un habile mélange de français et d’anglais, significatif du discours pro-technologique en vigueur dans ce salon. 2017 a selon lui été l’année charnière du décollage français avec des investissements cumulés de 2,5 milliards d’euros dans les start-up, notamment dans les régions où elles ont essaimé, ainsi que l’ouverture de la Station F en juin, désormais le plus grand incubateur planétaire. “Le pays a changé et vous êtes les acteurs essentiels de ce changement”, a encouragé le chef de l'Etat face à une foule d’innovateurs et d’entrepreneurs. Au point que l’évocation flatteuse du CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas était dans toutes les bouches, suggérant l’élévation de Paris au rang de capitale mondiale de la tech.
Pour compléter ce tableau de la “start-up nation”, le secrétaire d'Etat Mounir Mahjoubi est venu présenter 100 propositions pour simplifier la vie des entrepreneurs dont, notamment, l’assouplissement du “French Tech Visa” afin de soutenir le recrutement par de jeunes entreprises de talents venus de l’étranger.

Les régions en lice avec les grands groupes et les délégations internationales

Aux côtés des grands groupes de l’industrie ou du numérique, et d’une dizaine de pavillons investis par les délégations internationales, les régions françaises, porteuses du développement économique, n’étaient pas en reste. Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a profité du salon pour annoncer un plan d’investissement de 100 millions d’euros en faveur du développement des véhicules autonomes, afin d’attirer dès 2019 les premières expérimentations en la matière.
Les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Centre-Val de Loire se sont montrées particulièrement ambitieuses, en invitant sur des stands imposants (400 m²) une trentaine de start-up chacune, sélectionnées par un appel à projets thématique. La région Centre-Val de Loire ne s’est pas limitée aux start-up implantées sur son territoire : elle a investi (avec ses partenaires institutionnels) pas moins de 450.000 euros pour présenter un écosystème dédié à la transformation numérique des services publics, le “Lab govtech”. La région est directement concernée par ces nouveaux services pour l’optimisation des transports ou la conception des lycées du futur, mais elle soutient plus largement des start-up conciliant les objectifs du développement économique et de la sphère publique : GPS pour vélos, éclairage urbain optimisé, veilleurs connectés pour le troisième âge, plateforme d’uberisation des marchés publics. Auvergne-Rhône-Alpes a de son côté joué la carte de la foodtech et de l’agritech, avec des entrepreneurs investis dans l’agriculture urbaine, les circuits courts, la nutrition ou la traçabilité.

La compétition inter-régionale exacerbée à Paris

D’autres régions, certes moins visibles, avaient mis la main à la poche pour soutenir une délégation autour d’une thématique ou d’un pôle particulier. Des start-up se sont ainsi présentées sous drapeau régional du Grand Est (industrie 4.0), de la Bourgogne-Franche-Comté (foodtech et biotech), des Hauts-de-France (pôle Euratechnologies, avec 10 start-up), de Paca (38 start-up) et de Nouvelle-Aquitaine. En outre, les métropoles de Marseille et celle du Grand Paris étaient représentées.
Une participation jugée inédite par les organisateurs, qui pourrait témoigner d’un rééquilibrage des forces vives de l’innovation en faveur de la province : chaque région investit désormais directement dans les projets d’innovation, et dispose d’un écosystème d’innovation soutenu par des structures d’accompagnement des start-up ou de formation au numérique. Les "business angels" y sont identifiables et les pôles technologiques matures. Cependant, la présence des écosystèmes régionaux au salon parisien dévoile leur besoin critique d’entrer dans le champ de visibilité des investisseurs, d’attirer plus de médias, et finalement, de faire valoir leurs avantages comparatifs vis-à-vis d’autres régions dans une compétition immédiate favorisée par la proximité des stands. Dans l’arsenal des outils du développement économique à l’échelle régionale, la présence subventionnée des pépites aux salons d’envergure internationale, afin de rendre plus lisible l’offre locale et de favoriser le “tir groupé” des offreurs de service, est désormais un incontournable.

 

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