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Permis de construire et mises en chantier : l'activité plie, mais ne rompt pas

Les chiffres de la construction de logements au 30 septembre confirment un recul de la construction, sans toutefois marquer l'effondrement que d'aucuns redoutaient. La situation est contrastée selon les régions.

Le ministère de la Transition écologique et solidaire et celui de la Cohésion des territoires publient, le 28 octobre, les chiffres de la construction de logements au 30 septembre 2019 (permis de construire et mises en chantier). Ces résultats à la fin du troisième trimestre confirment, en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS-CJO), le repli de la construction au cours des trois mois écoulés – et même une accélération pour le logement collectif -, mais ne montrent toujours pas trace de l'effondrement redouté de la construction, avec une baisse, sur un an, de 5,9% des permis de construire et de 3,5% sur les mises en chantier. Au même moment, la Capeb (artisanat du bâtiment) annonce que "pour les entreprises artisanales du bâtiment, la croissance se maintient, avec une activité globale qui progresse de +2% en volume par rapport au même trimestre de l'année précédente".

Les permis de construire en recul de 5,9% sur an

Si on s'en tient à une comparaison par rapport au second trimestre 2019 – qui avait vu un léger redressement (voir notre article ci-dessous du 30 juillet 2019) – la tendance générale est incontestablement au recul. Au troisième trimestre 2019, les autorisations de logements (permis de construire) se replient ainsi de 5,5%, après avoir progressé de 1,7% durant les trois mois précédents. Le recul est notamment marqué pour les logements collectifs ou en résidence (-11,4% contre +1,6% au trimestre précédent), tandis que les logements individuels accélèrent au contraire la progression déjà à l'œuvre au trimestre précédent (+3,3% après +1,8%).

Si on considère les douze derniers mois (d'octobre 2018 à septembre 2019), 438.100 logements (données brutes) ont été autorisés à la construction, soit un recul, relativement limité, de 5,9% (soit 27.600 unités en moins). Ce recul sur un an au 30 septembre est légèrement inférieur à celui constaté au 30 juin (-6,6% et 31.500 logements en moins). Le recul des permis de construire concerne principalement les logements collectifs (-8,8% contre -10,1% au 30 juin), alors que les logements individuels purs et individuels groupés (lotissements) résistent mieux, avec respectivement 0,0% et -2,9%. Les logements en résidence, plus marginaux, affichent également un recul marqué de 12,7%.

Léger redressement au 3e trimestre pour les mises en chantier

Du côté des mises en chantier, le troisième trimestre 2019 connaît un léger redressement (+0,9% après -3,1% au second trimestre). Cette évolution bénéficie aux logements individuels (+1,4% après -2,4%), mais aussi aux logements collectifs, y compris en résidence (+0,7% après -3,6%).

Au cours des douze derniers mois, 410.700 logements ont été mis en chantier, soit une baisse, assez modérée, de 3,5% sur un an (15.100 unités). Ce recul touche toutes les catégories de logements, mais à des degrés divers. Les baisses de mises en chantier les plus importantes sur un an concernent ainsi les logements en résidence (-5,6%) et les logements individuels purs (-4,2%). Elles sont un peu moins importantes pour les logements collectifs (-3,4%) et surtout pour les logements individuels groupés (-0,8%).

Sur un an, cinq régions affichent une hausse des mises en chantier

En termes géographiques, la situation est également – et comme souvent – fortement contrastée entre territoires. Sur un an (d'octobre 2018 à septembre 2019), quatre territoires voient ainsi les permis de construire reculer nettement. C'est le cas des départements d'outre-mer (-11%) et des trois régions de l'arc Nord-Est : Hauts-de-France (-15,2%), Grand Est (-14,8%) et Bourgogne-Franche-Comté (-13,5%). Six régions affichent une baisse de leurs permis de construire inférieure à -10% : Occitanie (-0,9%), Normandie (-2,8%), Auvergne-Rhône-Alpes (-5,4%), Paca (-7,1%), Bretagne (-7,8%) et Ile-de-France (-9,5%). Et seules quatre régions ont vu le nombre de leurs permis de construire progresser sur un an : Nouvelle-Aquitaine (+1,4%), Pays de la Loire (+1,5%), Corse (+8,3%) et Centre-Val de Loire (+9,7%).

Du côté des mises en chantier, la situation est globalement meilleure (voir ci-dessus) et les résultats par région assez différents. L'Occitanie affiche ainsi un repli prononcé sur douze mois (-13,3%). Mais à l'inverse, cinq régions affichent une progression de leurs mises en chantier : Ile-de-France (+0,4%), Pays de la Loire (+1%), Bourgogne-Franche-Comté (+1,6%), Nouvelle-Aquitaine (6,6%) et Corse (+29,2%, ces résultats étant toutefois assez peu significatifs compte tenu de l'étroitesse du marché insulaire). Entre les deux, huit territoires affichent des baisses de mises en chantier comprises entre -1,6% (Centre-Val de Loire) et -8,9% (Auvergne-Rhône-Alpes).

La Capeb satisfaite, mais inquiète

Le 24 octobre, quelques jours avant la publication de ces chiffres, la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) a publié un communiqué sur la conjoncture au troisième trimestre 2019. Les résultats des artisans et des petites entreprises confirment la "bonne surprise" annoncée par la FFB (Fédération française du bâtiment) lors de sa récente conférence de rentrée (voir notre article ci-dessous du 12 septembre 2019).

Pour la Capeb, "la croissance se maintient, avec une activité globale qui progresse de +2% en volume par rapport au même trimestre de l'année précédente. Cette hausse de l'activité est toujours portée par le dynamisme de la construction neuve (+2,5%), mais également par la forte croissance de l'activité d'amélioration de performance énergétique du logement (+2%)".

Comme le veut l'exercice, et comme l'avait fait également la FFB, la Capeb pointe néanmoins des sujets d'inquiétude. C'est le cas de la réforme du Cite (crédit d'impôt pour la transition écologique), que le gouvernement a toutefois nettement adoucie après la rédaction du communiqué. Mais c'est aussi le cas des "difficultés croissantes pour obtenir un permis de construire, dans un contexte d'élections municipales, qui devraient accentuer le recul du logement neuf dans les prochains mois".

La Capeb constate ainsi qu'avec "+2,5% de croissance contre +4% au même trimestre de l'année précédente, la construction neuve enregistre un ralentissement pour le troisième trimestre consécutif". En revanche, la croissance reste "soutenue et homogène sur l'ancien", avec une progression des ventes dans ce secteur de 7% sur un an (plus d'un million de logements anciens vendus, souvent avec des travaux à la clé). Les petites entreprises du bâtiment ne s'y trompent pas, puisqu'elles "n'ont jamais été aussi nombreuses" à investir : 24% ont investi au cours des six derniers mois et 18% envisagent d'investir au cours des six prochains mois.

 

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