PIB par habitant : l'Ile-de-France loin devant les autres régions

En 2020, le PIB par habitant de l'Ile-de-France atteint 57.600 euros et représente près du double de la moyenne des autres régions métropolitaines, d'après une étude de l'Insee. La présence de secteurs à forte valeur ajoutée, mais aussi la faible proportion de personnes de plus de 65 ans et la présence de travailleurs résidant dans des régions voisines avantagent la région capitale.

La prédominance de l'Ile-de-France en matière de richesse produite ne se dément pas. D'après une étude de l'Insee publiée le 5 mai 2022 intitulée "Produits intérieurs bruts régionaux de 2000 à 2020 - D'importantes disparités de l'outre-mer à l'Ile-de-France", la région capitale dispose en 2020 d'un PIB par habitant de 57.600 euros, soit près de deux fois plus que dans le reste de la métropole (29.200 euros). C'est aussi plus de deux fois la moyenne (20.200 euros) des régions d'outre-mer. Signe de cette hypertrophie : l'Ile-de-France est aussi la seule région avec un PIB par habitant supérieur à la moyenne nationale. A noter toutefois qu'il ne s'agit pas d'une exception française : nos voisins européens connaissent le même développement, avec une région-capitale qui dispose du PIB par habitant le plus élevé. L'Ile-de-France représente 31% de la totalité du PIB français qui s'élève à 2.300 milliards d'euros en 2020. "Le poids du PIB des autres régions est inférieur à 8%, l'ensemble des régions d'outre-mer représente 2% du PIB national", précise l'Insee. Les plus faibles PIB sont enregistrés à Mayotte et en Guyane, respectivement à 9.700 euros et 15.100 euros par habitant. Au niveau de la France métropolitaine (hors Ile-de-France), les disparités sont en revanche moindres, passant de 25.600 euros pour la Corse à 33.200 euros en Auvergne-Rhône-Alpes.

L'Ile-de-France avantagée par une faible proportion de retraités

Parmi les facteurs qui expliquent cette prédominance de l'Ile-de-France : une surreprésentation des secteurs à forte valeur ajoutée, comme les activités scientifiques et techniques, qui représentent 21% de la valeur ajoutée de l'Ile-de-France contre 14% au niveau national. L'Ile-de-France attire aussi à elle des travailleurs qui résident dans les régions voisines, comme la Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val de Loire et les Hauts-de-France. Ils contribuent ainsi au PIB de la région sans être comptabilisés dans le nombre d'habitants, grossissant ainsi le PIB par habitant de l'Ile-de-France. D'autres régions, comme le Grand Est et dans une moindre mesure l'Auvergne-Rhône-Alpes, subissent l'effet inverse avec des travailleurs transfrontaliers qui exercent dans d'autres régions tout en étant comptabilisés dans leur région d'origine.

Enfin, le facteur démographique, soit la population en âge de travailler par rapport au nombre d'habitants, est favorable à l'Ile-de-France. Ce facteur s'élève à un peu plus de 60% en moyenne. Seules l'Ile-de-France et La Réunion atteignent un taux supérieur à 65%, du fait de leur faible proportion de personnes de plus de 65 ans.

Une baisse du PIB en 2020 plus marquée dans certaines régions

L'étude porte son attention sur 2020, première année de crise sanitaire : le PIB français a diminué de 7,9%. Si la baisse a été constatée dans l'ensemble des régions, elle est plus marquée dans certaines d'entre elles comme les Hauts-de-France (-8,9%), la Normandie et l'Ile-de-France (-8,7%). "Le choc a été tel que, dans certaines régions, le PIB par habitant est revenu à un niveau inférieur à celui mesuré vingt ans auparavant", détaille l'Insee. Mais l'impact de la crise sanitaire et ses conséquences économiques ont été presque résorbés en 2021, avec un rebond du PIB à 7% au niveau national.

En excluant cette année particulière, l'Insee procède à l'analyse de la croissance du PIB de 2000 à 2019. L'organisme voit deux dynamiques différentes : d'un côté, des régions comme le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val de Loire et la Normandie qui ont vu leur PIB augmenter faiblement (entre 0,2% et 0,3% par an). Une diminution qui s'explique notamment par une intensification des déplacements domicile-travail vers l'Ile-de-France (notamment pour la Bourgogne-Franche-Comté), une croissance modérée du taux d'emploi et le vieillissement de la population sur la période. De l'autre côté, des régions comme l'Ile-de-France et la Corse, qui enregistrent des taux de croissance de leur PIB par habitant de l'ordre de 1% par an. "Le rythme est sensiblement le même en Provence-Alpes-Côte d'Azur et en Occitanie (+0,9% par an), les autres régions étant dans une situation intermédiaire, avec des taux de croissance compris entre 0,7% et 0,8% par an", explique l'Insee.

Dans les régions d'outre-mer, l'évolution est différente sur la période 2000-2019, les taux de croissance annuels du PIB par habitant étant nettement plus élevés qu'en France métropolitaine (+1,8% par an en Guadeloupe, +1,7% en Martinique, +1,4% à La Réunion), grâce à une progression de l'emploi par habitant. Seule exception en outre-mer : la Guyane, qui affiche un taux de croissance du PIB par habitant de 0,2% seulement par an, du fait d'une forte baisse de son taux d'emploi.