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Pilotage de Pôle emploi : des régions se portent candidates

Les Pays de la Loire et les Hauts-de-France se sont d'ores et déjà portées candidates pour expérimenter le pilotage de Pôle emploi. Elles répondent à la proposition du Premier ministre lors du congrès des régions à Bordeaux le 1er octobre, outrepassant peut-être ses intentions. Dans l'idée du Premier ministre, il n'est question que de la partie formation des chômeurs, compétence aujourd'hui partagée entre les régions et Pôle emploi.

Les Pays de la Loire et les Hauts-de-France ont déjà fait connaître leur intérêt pour expérimenter le pilotage de Pôle emploi, comme l’a proposé le Premier ministre, lors du congrès des régions à Bordeaux, le 1er octobre. Christelle Morançais, la présidente de la région Pays de la Loire, s’est la première déclarée "candidate" pour l’expérimentation, quelques heures après les déclarations du Premier ministre.

"L’État a tout essayé contre le chômage, sauf cette idée simple : faire davantage confiance aux territoires", estime l’élue dans un communiqué du 1er octobre. Les régions ont plutôt en effet le sentiment d’un manque de confiance depuis que l’État a décidé de les dessaisir de l’apprentissage au profit des branches et filières. Cette expérimentation permettrait de  "s’assurer que les politiques de l’emploi soient menées au plus près des réalités économiques. Et qu’enfin, on s’attaque au paradoxe insupportable de ces milliers d’emplois non pourvu", poursuit Christelle Morançais.

Nouvelle instance de gouvernance

"Je voudrais proposer à des régions volontaires, une expérimentation visant à renforcer le pilotage des politiques de formation professionnelle", avait déclaré le Premier ministre, à Bordeaux. Il avait demandé à Régions de France de lui communiquer le nom de trois régions candidates afin que l’expérimentation puisse commencer début 2020. En cas de succès, l’expérimentation pourrait conduire à généraliser le dispositif. Ce nouveau rôle pour les régions "dans la gouvernance de l’action de Pôle emploi dans le domaine de la formation professionnelle" figure dans la convention tripartite État-Unédic-Pôle emploi 2019-2022 en cours de signature. Il s’agirait de créer une nouvelle instance de gouvernance présidée par le président du conseil régional. Cette instance pourrait "par exemple décider des domaines de formation sur lesquels Pôle emploi devra concentrer son action ; elle pourrait aussi piloter des expérimentations pour faire évoluer les services de Pôle emploi sur les parcours des demandeurs d’emploi vers la formation. Ou coordonner le contrôle de la qualité des formations ou émettre des avis sur les moyens de mieux répondre aux besoins de recrutement de métiers en tension dans la région. Sur ce dernier point, des liens pourront s’établir avec les actions qui proviennent de la mobilisation territoriale pour l’emploi".

La coordination de l’ensemble du service régional de la politique de l’emploi est une vieille revendication de l’association Régions de France (même si le sujet ne fait pas l’unanimité chez les présidents de région). La loi Notr du 7 août 2015 a déjà ouvert une brèche en leur donnant la possibilité de solliciter une délégation de compétences de l’État pour la coordination des autres acteurs du service public de l’emploi, autres que Pôle emploi. Six régions ont répondu présentes : Centre-Val de Loire, Corse, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Bien que n’appartenant plus à l’association, Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, a lui aussi saisi la balle au bond. D'après Les Échos datés du 9 octobre, il estime, dans un courrier adressé au Premier ministre, que la compétence partagée entre l’État et les régions "a montré ses limites". Comme le rappelle le quotidien économique, la région a une certaine "légitimité" dans le domaine avec la création de la plateforme Proch’Emploi destinée à faire le lien entre les demandeurs d’emplois et les entreprises en mal de recrutement.

La CFDT "stupéfaite"

Toutefois les deux régions candidates vont peut-être un peu vite en besogne. Car la proposition du Premier ministre était plus mesurée et ne visait que le pilotage de la formation des chômeurs (et non le pilotage des politiques de l'emploi", comme le revendique Xavier Bertrand). Cette compétence est aujourd'hui partagée entre les régions qui financent les formations collectives, et Pôle emploi qui se charge de trouver les chômeurs (et finance aussi des formations individuelles). La réaction ne s’est pas fait attendre. La CFDT s’est dite "stupéfaite" de la proposition du Premier ministre, regrettant une annonce jetée sur la place publique sans aucune explication ni réelle justification sur ce nouveau rôle. "La lutte contre le chômage est une cause nationale qui rend absolument nécessaire l’existence d’un opérateur national comme Pôle emploi", poursuit l’organisation.

 

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