Pont-de-Claix agit pour réduire les risques technologiques et réorganiser son développement (38)

Concernée par la mise en place d'un plan de prévention des risques technologiques, la commune de Pont-de-Claix a obtenu la réalisation de lourds travaux de la part de l'industriel concerné. Elle a profité du temps long de la procédure pour programmer son développement urbain futur et maîtriser son foncier. Elle s’apprête désormais à engager les premières réalisations, avec un futur enviable pour une commune autrefois sinistrée.

Au début des années 2000, le drame d'AZF à Toulouse déclenche une large prise de conscience et entraîne l'adoption de la loi Bachelot du 30 juillet 2003 sur les risques industriels. Avec sa plateforme chimique de 120 hectares basée sur la production de chlore, Pont-de-Claix, 11.000 habitants dans la métropole grenobloise, rejoint alors les 900 communes françaises concernées par l'élaboration d'un plan de prévention des risques technologiques (PPRT). Alors que son développement est bloqué depuis une vingtaine d'année, une première tentative d'élaboration du PLU échoue en 2004, faute d’une vision claire des risques.

Sortir de l’impasse

Élu en 2008, le maire Christophe Ferrari apprend que le PPRT, dont l'étude débute, pourrait conduire à exproprier les deux tiers de la commune, avec un coût global avoisinant le milliard d'euros ! "Je ne voulais pas être le fossoyeur de la commune, j'ai donc recherché, dans un travail partenarial gagnant-gagnant avec les services de l'État, la métropole et l'industriel qui souhaitait poursuivre son activité sur le site, des solutions pour sortir de cette impasse."

Réduire le risque à la source

Premier scénario commun : réduire le risque à la source, de manière à ce que le risque fort à très fort ne dépasse pas, si possible, l'emprise de la plateforme chimique. Ceci nécessitait de lourds investissements, 90 millions d'euros, pour remettre à niveau l'infrastructure industrielle. En 2011, industriel, État, région Rhône-Alpes et métropole signent une convention de co-financement des travaux. En parallèle, le PPRT s'engage sur la base de cette mise aux normes. Durant toute la procédure, qui aboutira en 2018, le maire est au courant des avancées et des hypothèses de contraintes à venir.

Contenir le risque fort à l'emprise de la plateforme chimique

"Ceci nous a permis d'avancer au fur et à mesure en connaissant les secteurs qui devaient se libérer du risque." Lorsque la carte des aléas paraît, elle impressionne même l'élu : "Toute la moitié nord de notre territoire est désormais hors risque, 10% du territoire reste en aléa faible et la partie centre-sud est concernée par un risque moyen et moyen plus, soit environ 1.800 logements sur les 5.000 que compte la commune." Le pari de contenir le risque fort sur la seule plateforme chimique est gagné.

Imaginer la ville idéale avec les habitants

"Pour penser notre développement futur, nous savions dès le départ que nous pouvions prendre le temps d'une réflexion longue, compte tenu de la durée incompressible d'un PPRT", souligne le maire. D'où une démarche innovante pour penser le développement urbain à venir et construire la règle urbaine via le PLU. "En 2009, nous avons d'abord commencé par imaginer avec les habitants les contours d'une ville idéale, où le risque technologique n'existerait plus."

En associant des experts

Le travail s'est poursuivi en 2013-2014 avec l'accueil d'un panel de professionnels du monde entier, en partenariat avec l'Association internationale de développement urbain (Inta, voir encadré) et l'agence d'urbanisme de la région grenobloise. Durant une semaine, ces experts sont venus concrétiser les intentions dans un plan d'aménagement. Réunions publiques, ateliers, balades urbaines, la conception progressive du projet de renouvellement urbain puis du PLU qui lui était associé, se sont opérées de manière très participative. Le nouveau PLU a été arrêté en 2016 par la métropole.

Maîtriser les formes urbaines

En parallèle du travail sur le PLU, la mairie a également préempté des dizaines d'hectares de friches ou de dents creuses, directement ou via un portage par l'établissement public foncier local du Dauphiné. Objectif, mieux maîtriser son développement futur. "Cette maîtrise foncière nous permet aujourd'hui de peser sur les formes urbaines proposées. Nous travaillons les projets en amont avec les équipes de promoteurs et d'architectes et les services de Grenoble-Alpes Métropole, avant de céder le foncier". 2.000 nouveaux logements, des commerces et services, des équipements publics (dont un planétarium intercommunal), une extension de ligne de tramway vont ainsi voir le jour dans les années à venir, principalement au nord de la commune, en direction de Grenoble, mais aussi au sud avec la requalification des anciennes papeteries en zone d'activité économique.

Programme massif de mise aux normes de logements

Seul le centre de Pont-de-Claix reste aujourd'hui en aléa moyen et moyen +. "Cela concerne 1.800 logements pour lesquels nous allons engager un programme de mise aux normes qui prévoit notamment l’aménagement d'une pièce étanche à l’air dans chaque logement." Pour ce volet "habitat" du PPRT, une Opah, ou autre outil, un peu particulier va être mise en place. Il permettra d’accompagner les propriétaires sur différents enjeux d’amélioration de l’habitat. La loi fixe une prise en charge des travaux à 90% par l’État, l'industriel et les collectivités locales au premier rang desquels la Métropole qui pilotera le dispositif, soit de 3.000 à 4.000 euros par logement. "Nous finalisons actuellement une convention avec la région, le département, l'État, la métropole, les industriels et la commune pour que 100% des coûts soient finalement pris en charge", précise l'élu. Les habitants auront 8 ans pour les réaliser.

Déplacer les crèches hors de la zone d’aléa

Dernière décision enfin, la ville a choisi de déplacer hors de son centre-ville les établissements recevant des publics difficiles à évacuer, dont une crèche et un multi-accueil.
Après un mandat passé à planifier ce développement futur, Pont-de-Claix va rentrer dans le concret en 2018. "On nous promettait un déclin et c'est un renouveau extraordinaire qui se profile", conclut le maire.

 Inta, un réseau au service du développement urbain intégré
L'Association internationale de développement urbain, l’Inta, apporte son appui à la construction de stratégies de développement local au travers de ses missions d’aide aux élus et acteurs locaux dans la formulation de projets de développement urbain intégré. En donnant la priorité au développement urbain contrôlé et équitable, l’Inta aide les décideurs et acteurs publics et privés et les professionnels de l’urbain à atteindre un équilibre entre maîtrise économique, amélioration des conditions sociales et prise en compte des contraintes environnementales.

Commune de Pont-de-Claix

Nombre d'habitants :

10984
10 Place du 8 Mai 1945
38800 Pont-de-Claix

Christophe Ferrari

Maire

Laure Guepin

Chargée de projets à la direction de l'aménagement urbain

Découvrez nos newsletters

  • Localtis :
    Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques.

  • Territoires Conseils :
    Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.

S'abonner aux newsletters