Prêts participatifs : l'expérience concluante des régions

Pour aider les entreprises à faire face aux répercussions de la crise sanitaire, certaines régions se sont lancées dans la mise en œuvre de prêts participatifs. Dans les premiers rangs, la Normandie qui, très tôt, s'est mise à accorder ces prêts, en partenariat avec des banques et par l'intermédiaire de son agence de développement AD Normandie.

Début octobre 2022, la région Grand Est a lancé ses premiers prêts participatifs, pour permettre aux entreprises d'accéder à une ressource financière de long terme. Dans le cadre du Business Act Grand Est, un fonds de garantie a ainsi été créé, doté de 66,7 millions d'euros par la région. Un dispositif qui devrait permettre aux banques participantes, sélectionnées à partir d'un appel à manifestation d'intérêt lancé en 2021, de déployer un montant qui pourrait atteindre 375 millions d'euros de prêts participatifs de long terme en faveur des TPE et PME du territoire, tout en bénéficiant de la garantie gratuite apportée par la région via le fonds européen d'investissement (FEI). Pour la période 2022-2024, une première enveloppe de 170 millions d'euros est mise à la disposition des banques : 35 millions d'euros pour la Caisse d'épargne Grand Est Europe, 100 millions pour le Crédit agricole Alsace Vosges et 35 millions pour la Banque populaire d'Alsace Lorraine Champagne. Ces prêts peuvent financer un projet de croissance ou de développement post-crise covid. Ils offrent un différé d'amortissement de deux ans minimum et une maturité minimale de sept ans. Montant du financement : 500.000 euros maximum avec un taux d'intérêt qui ne dépasse pas 3,5%. "Ce fonds est une réponse concrète au besoin de croissance des petites et moyennes entreprises, assure dans un communiqué du 4 octobre 2022, Jean Rottner, président de la région Grand Est. Malgré un contexte toujours incertain, ce dispositif de financement doit permettre à nos entreprises d'entrevoir un avenir plus serein."

Un démarrage timide des prêts participatifs relance

C'est l'État qui a donné l'impulsion en mettant en place au printemps 2021, avec l'aval de Bruxelles, ces "prêts participatifs relance" pour accompagner la reprise économique. Destinés aux PME et ETI viables qui ont des projets de développement mais dont la structure de bilan a été affectée par la crise sanitaire, ils correspondent à un prêt bancaire privé garanti par l'État avec un différé de remboursement de quatre ans. Il s'agit de quasi-fonds propres pour ces entreprises. Les assureurs ont été mis à contribution pour financer ce dispositif, à hauteur de 11 milliards d'euros pour permettre aux banques de commencer à distribuer ces prêts. Mais contrairement aux prêts garantis par l'État (PGE) qui ont rapidement connu un vrai succès, les prêts participatifs ont mis du temps à se développer. La "vraie fausse" concurrence avec les PGE a pu jouer, les deux n'ayant pas le même objectif (l'un correspondant à une dette temporaire, l'autre à des quasi-fonds propres), tout comme le temps d'appropriation nécessaire pour les banques face à un nouveau produit. En novembre 2021, Bercy a simplifié leur accès (critères d'éligibilité, de qualité de crédit et différé d'amortissement de six ans contre quatre initialement). Le gouvernement a aussi prolongé au 31 décembre 2023 le dispositif qui devait s'éteindre en juin 2022.

Les prêts participatifs engagés par les régions

À l'image du Grand Est, d'autres régions se sont lancées dans cette aventure des prêts participatifs. La Normandie fait office de pionnière en la matière. Dès avril 2020, la région a ainsi mis en place un fonds d'investissement dans des PME et ETI locales dont la situation était saine avant la crise et qui ont besoin de consolider leurs fonds propres pour rebondir. "C'est une disposition qui était destinée à répondre à l'urgence de l'époque pour alléger la pression sur les entreprises et intervenir en quasi fonds propres", explique Alexandre Wahl, directeur d'AD Normandie, l'agence de développement de la région. Le prêt s'étale sur sept ans, avec un taux d'intérêt de 3%. "Le fonds a très bien marché, détaille le directeur d'AD Normandie. Avec des accords portant sur 13 millions d'euros pour 100 dossiers, c'est énorme." Les prêts s'établissent en moyenne à 210.000 euros. 60% d'entre eux sont effectués au profit d'entreprises de moins d'un million d'euros de chiffre d'affaires, le reste pour des entreprises entre un et cinq millions d'euros de chiffre d'affaires. Et 70% des entreprises couvertes avaient souscrit un PGE auparavant. La région a prévu un montant total de 30 millions d'euros pour ce fonds qui est doté pour le moment de 20 millions d'euros.

Autre région, autre démarche : en 2021, la région Sud a accordé plus d'une soixantaine de prêts participatifs via sa société de gestion Région Sud Investissement, pour un volume de 9,46 millions d'euros et un prêt moyen à 146.000 euros, à travers un fonds doté de 80 millions d'euros, financé par le conseil régional, le fonds européen de développement régional (Feder) et Région Sud Investissement, aux côtés d'un investisseur privé.

Les prêts concernent des start-up et des entreprises de la mer, du tourisme, de la silver économie. La société de gestion a aussi vocation à entrer dans le capital des entreprises : 24 entreprises ont bénéficié de ce dispositif pour un volume de 15 millions d'euros.

 

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