Printemps des Territoires - Comment la formation s’anticipe pour faciliter les transitions industrielles

De l'audit des besoins jusqu'à la constitution d'un écosystème favorable, plusieurs conditions sont nécessaires pour que la formation professionnelle soit au service des transitions écologiques et industrielles.

La réindustrialisation suppose de former en masse afin de disposer d’une main d'œuvre qualifiée. Un volet dont, pourtant, "on ne parle pas assez", constate le secrétaire général pour l’investissement de France 2030, Bruno Bonnell. Alors que 3 milliards d’euros sur les 54 du plan gouvernemental visent à financer de la formation, l’ex-député et entrepreneur a rappelé l’importance de travailler ce sujet, à l’occasion de la 4e édition du “Printemps des Territoires”, événement organisé par la Banque des Territoires, jeudi 22 septembre.

Préoccupée par les conséquences de la transition du secteur automobile vers les moteurs électriques, la région Bourgogne-Franche-Comté mène avec l’État un audit de la situation des entreprises à travers une "force d’intervention mutation automobile". Objectif : faire un état des lieux précis du positionnement du tissu industriel, l’étape d’après étant d’investir dans la formation professionnelle. "La mutation d’une fonderie, c’est sans doute plus compliqué que pour un sous-traitant qui travaille pour l’automobile, l’aéronautique, voire pour d’autres filières", souligne Jean-Claude Lagrange, président de l’agence économique régionale de la région.

Un appareil de formation local

Le fait que 80% de l’emploi industriel se trouve hors métropole, comme l’a rappelé le président de France industrie, Alexandre Saubot, induit une "territorialisation des formations", qui doivent "avoir lieu dans des petites villes et non plus uniquement dans les métropoles", ajoute la présidente de Régions de France, Carole Delga. En Occitanie, elle mentionne deux projets qui appellent à l’adaptation des formations : la Gigafactory de production d’hydrogène vert à Béziers (Hérault) et la nouvelle filière des biothérapies à Toulouse.

Pour faciliter les transitions industrielles, il importe aussi de disposer d’un écosystème prêt à former au sein des territoires. "L’idée [qu’une entreprise industrielle] pourra faire les choses dans son coin avec l’État, ça ne marche pas. Tous les territoires qui sont restés industrialisés, c’est d’abord un projet collectif", lance Alexandre Saubot. "Une filière n’aura pas de réponse si elle ne se met pas autour d’une table pour dire ses besoins. Ensuite, aux collectivités et aux entreprises de trouver des solutions", abonde Jean-Claude Lagrange. Il cite en exemple le cluster Mecateam, créé au Creusot (Saône-et-Loire) et rassemblant les principaux acteurs de la filière des travaux ferroviaires en regroupant le gestionnaire du réseau, les principaux constructeurs de matériels, les entreprises de travaux ferroviaires ainsi qu’un réseau dense de PME/TPE françaises. "Aujourd’hui, on forme à la fois en apprentissage et en formation continue", ajoute-t-il.

"École de la batterie"

Les choix d’implantation des entreprises dépendent de plus en plus de l’état de l’appareil de formation et de la main d’œuvre disponible, "plus que [du] prix du terrain ou [de] la qualité de vie pour les salariés", avertit Jean-Claude Lagrange. "Le choix de Dunkerque a été très technique mais il a aussi été humain", illustre Gilles Moreau, directeur de l’innovation chez Verkor, la start-up grenobloise de cellules de batterie bas-carbone. Implantée à Grenoble, où elle a déjà pu "s’appuyer sur les forces vives locales" comme l’Institut polytechnique de Grenoble, les centres Afpa ou autres organismes fédérés au sein d’une "École de la batterie”, l’entreprise a choisi de s’implanter aussi dans cette ville du Nord pour la construction de sa première Gigafactory. 3 000 emplois directs et indirects sont à la clé.

Le territoire a pu faire valoir son passé dans l’automobile ainsi que son activisme en matière de formations professionnelles. Disposant déjà d’un groupe de travail sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, la communauté urbaine de Dunkerque organise en ce mois de septembre la "Fabuleuse factory", un village éphémère destiné à présenter les métiers de l’industrie auprès des plus jeunes. L’installation de Verkor s’accompagnera de l’ouverture de plusieurs formations, de tous niveaux.

 

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