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Qualitel passe au crible le logement des Français et son évolution

Comment la qualité des logements des Français a-t-elle évolué depuis l'avant-guerre jusqu'à nos jours ? En quelques décennies, la physionomie des logements a considérablement changé. C'est ce que détaille une nouvelle étude de l'association Qualitel, qui offre un tour d'horizon des changements opérés - hauteur de plafonds, taille des chambres, des fenêtres, balcon, cave, local à poubelles, luminosité, modes de chauffage, isolation... - d'après 1.000 logements passés au crible de 75 enquêteurs. 

 

L'association Qualitel, chargée depuis 1974 de promouvoir la qualité de l'habitat par la certification et l'information du grand public, publie sa traditionnelle étude annuelle consacrée au logement. Contrairement aux éditions précédentes (voir nos articles ci-dessous), il ne s'agit pas de mesurer la perception des Français sur tel ou tel aspect de leur logement. L'étude, inédite, se présente en effet comme un "Etat des lieux du logement des Français". Elle entend mesurer la qualité réelle des logements et son évolution depuis l'avant-guerre. Ses résultats s'appuient sur une enquête de terrain réalisée sur 1.000 logements représentatifs du parc français par 75 enquêteurs équipés d'outils de mesure (hygro-thermomètre, thermomètre, laser mètre, boussole...). Une centaine d'indicateurs ont ainsi été passés au crible.

Des plafonds plus bas pour des Français plus grands

En quelques décennies, les logements ont profondément évolué, avec des aspects positifs et d'autres qui le sont moins. Ainsi, le rapport entre les pièces à vivre (comme le séjour) et les chambres s'est modifié. Si la superficie du séjour n'a guère évolué depuis l'avant-guerre, celle des chambres s'est réduite de 3,3 m2 dans les maisons (passant de 14,5 m2 en moyenne avant-guerre à 11,2 m2 pour les constructions les plus récentes) et de 1,1 m2 pour les appartements (pour atteindre 11,3 m2 aujourd'hui). Mais, dans le même temps, le nombre de "petites chambres" (de 5 à 9 m2 inclus) a fortement diminué et représente aujourd'hui 18% des chambres de maisons et 20% de celles d'appartements. Autre évolution : l'amélioration de la luminosité naturelle, notamment dans le séjour, avec une hausse de la surface vitrée de 2,1 m2 depuis l'avant-guerre. Plus surprenant : alors que les Français ont grandi de 10 centimètres en un siècle, la hauteur sous plafond n'a cessé de diminuer, notamment dans les appartements où elle est passée de 2,67 mètres avant 1945 à 2,40 mètres en 2009 et au-delà. 
D'autres points restent largement améliorables dans les parties communes. Ainsi, 41% des immeubles collectifs n'ont toujours pas de local à poubelles. La situation est toutefois meilleure dans les logements sociaux (68% d'entre eux sont équipés) et, plus encore, dans les logements collectifs de moins de dix ans (81%). De même, 56% des parties communes d'immeubles ne disposent pas d'un local à vélos ou à poussettes. En revanche, 64% des logements collectifs sont désormais équipés d'un parking. La part de ces derniers a doublé depuis le début des années 1980. L'Ile-de-France reste toutefois le parent pauvre en la matière, seul un appartement sur deux disposant d'une place de parking. Mais il est vrai que seules 68% des familles de l'agglomération parisienne possèdent un véhicule et 34% dans Paris intra muros.

La montée de nouvelles tendances dans le logement

L'étude de Qualitel met également en évidence les nouvelles tendances du logement. Ainsi, plus d'un appartement sur deux (54%) possède aujourd'hui un balcon, proportion qui monte à 84% pour ceux construits après 2009. De même, 86% des maisons possèdent un jardin, proportion qui reste stable depuis 1945. A l'inverse, les caves et greniers tendent à disparaître. L'étude relève que, depuis un siècle, la part de logements possédant une cave a été divisée par 12 et celle des logements possédant un grenier par 3,5.
Autres évolutions notables : Les sols souples qui s'imposent au détriment du parquet et de la moquette (plus que 3% du revêtement de sol des chambres), un moindre nombre d'appartements traversants, une diminution de la part des logements possédant des placards intégrés... En matière de salles de bains, l'existence de WC séparés croît avec la surface et le niveau de vie des habitants, tandis que la baignoire, présente dans 56% des logements, perd du terrain depuis une dizaine d'années au profit de la douche (présente dans 70% des maisons et 50% des appartements). A noter aussi : 37% des salles de bain ne possèdent pas de fenêtre, proportion qui monte à 62% en appartement. 

Une profonde transformation des modes de chauffage

Parmi les évolutions spectaculaires figurent celles liées à la transition écologique. Ainsi, la répartition des modes de chauffage dans les maisons s'est profondément transformée. Le chauffage au fioul (12% des maisons construites avant 1945) tombe aujourd'hui à 0% après son interdiction dans les constructions neuves. Le gaz (principalement en ville) et le bois (à la campagne) reculent également, passant respectivement de 44 à 21% et de 38 à 20%. A l'inverse, l'électricité (hors PAC) et les pompes à chaleur progressent fortement, passant respectivement de 32 à 48% et de 8 à 25%.
Les énergies renouvelables représentent désormais 8% des modes de chauffage et les chauffe-eaux thermodynamiques ou solaires 10%. Dans les logements récents, la proportion des énergies renouvelables monte même à 25%. De même, l'isolation thermique (intérieure et/ou extérieure) devient rapidement la norme, jusqu'à représenter 100% des logements construits après 2009, contre 68% pour ceux construits entre 1945 et 1979. Dans le même esprit, huit logements sur dix sont équipés d'occultations (dont 54% par volets roulants), avec toutefois de forts écarts régionaux : 57% dans le Nord, 64% dans l'Est, 81% sur la Méditerranée et 89% dans l'Ouest. 
L'étude de Qualitel identifie également plusieurs "axes d'amélioration" : l'humidité et les moisissures (encore présentes dans 43% des chambres et 44% des salles d'eau, malgré de nets progrès en la matière), la sécurité contre les intrusions (4 logements sur 10 ont moins de 3 "vrais" points de fermeture sur leur porte d'entrée, soit le minimum pour être assuré), la connexion internet (20% des logements en zone rurale et un quart des plus de 60 ans n'ont pas internet) et, enfin, la trop lente progression de l'adaptation des immeubles aux personnes âgées ou handicapées.

 

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