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Reçues à l'Élysée, les missions locales restent dans l'expectative

Reçue le 15 avril 2019 à l'Élysée, l'Union nationale des missions locales n'y voit pas beaucoup plus clair, notamment sur le financement de la garantie jeunes. Un tiers des missions locales sont en grande difficulté, avec les changements des règles de paiement. Et ce alors même que la garantie jeunes, dont elles sont chargées, montre son efficacité.

Un tiers des missions locales sont en situation financière préoccupante. C'est ce qui a amené l'Union nationale des missions locales (UNML) à demander un rendez-vous à l'Élysée en "urgence" début avril. Cette réunion organisée le 15 avril 2019, "s'est bien passée, même si Pierre-André Imbert, conseiller social au cabinet d'Emmanuel Macron, était circonspect par rapport à la gravité de la situation", confie à Localtis Jean-Patrick Gille, président de l'UNML, qui d'après les retours de terrain fait état d'une véritable panique au niveau des structures. Au cœur des problèmes : le financement de la garantie jeunes. Ce dispositif, lancé en 2013, permet aux jeunes les plus éloignés de l'emploi de bénéficier d'un accompagnement renforcé sur la durée, le dispositif prévoyant une allocation financière de la part de l'État de 1.600 euros par jeune. Les missions locales sont chargées de cet accompagnement et elles viennent d'apprendre que les règles de paiement ont changé : l'État ne verse que 800 euros en 2019, les autres 800 euros seront versés en 2020 de manière rétroactive en fonction du nombre de jeunes entrés en 2019 (avec une estimation de 100.000). Dit en d'autres termes, sur les 160 millions d'euros budgétés dans la loi de finances 2019, 80 millions d'euros ont été réservés pour payer le solde 2018.

"Cela fragilise nos structures"

"Cela fragilise nos structures, détaille Jean-Patrick Gille. Les missions locales doivent négocier avec les banques, ce n'est pas notre fonction et cela prend du temps, et certaines missions locales commencent à se demander si elles ne devront pas réduire la voilure. Cela crée au sein des structures de la fatigue, de l'exaspération." À ces difficultés financières, s'ajoute un climat d'incertitude après l'hypothèse, finalement abandonnée, du gouvernement de fusionner les missions locales au sein de Pôle emploi, et un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) qui proposait la mise en commun d'activités entre les deux, à partir de la constitution de groupements d'intérêt public (GIP). 
Le conseiller social de l'Élysée s'est montré rassurant, signalant qu'il allait alerter les ministères du Travail et de l'Économie et des Finances et qu'il ne s'agissait pas d'une volonté de faire des économies sur ce réseau. Ce qui serait d'autant plus étonnant au moment où la garantie jeunes montre son efficacité.

Une augmentation du taux d'emploi de dix points

D'après une étude de la Dares (ministère du Travail) parue le 17 avril 2019, 229.000 jeunes ont intégré la garantie jeunes entre octobre 2013 et juillet 2018. Des jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation, qui connaissent une situation économique et sociale précaire, avec le plus souvent un faible niveau de scolarisation. 29% des bénéficiaires sont en emploi huit mois après l'entrée en dispositif et jusqu'à 41% au bout de dix-neuf mois. Les deux tiers travaillent à temps complet. Des résultats portés principalement par l'emploi durable, explique la Dares, qui a cherché à savoir qu'elle aurait été la situation sans le recours à la garantie jeunes. La garantie jeunes a augmenté d’environ 10 points le taux d’emploi des bénéficiaires onze mois après leur entrée, de 15 points dix-sept mois après et de 11,4, vingt-deux mois plus tard. En clair, le taux d’emploi de 29,9 % des bénéficiaires à huit mois aurait été de 20% sans la garantie jeunes...
Alors pourquoi le gouvernement souffle-t-il le chaud et le froid sur un réseau qui met en œuvre avec succès le dispositif ? "Nous nous sommes adaptés à la garantie jeunes, il a fallu notamment gérer les phases collectives, précise Jean-Patrick Gille, et nous sommes très fiers du résultat car il est bon." L'UNML attend maintenant des réponses sur ses demandes : le versement immédiat des crédits de la convention pluriannuelle d'objectifs (CPO) et de la garantie jeunes à toutes les missions locales, des éclaircissements sur les modalités de comptabilisation et sur les montants 2019 et l'abondement des crédits pour la garantie jeunes à hauteur de 160 millions d'euros en 2019, avec leur maintien sur les prochaines années. Enfin, l'UNML souhaite la négociation d'une convention pluriannuelle tripartite État-région-UNML, permettant de garantir un financement structurel aux missions locales pour assurer leur mission de service public territorial. Et dans l'attentes de réponses concrètes, l'UNML continue à demander aux structures de retenir la signature des CPO et de poursuivre leur mobilisation. Un bureau de l'UNML était prévu ce mardi 23 avril pour faire le point et envisager les actions à venir.

 

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