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Région Sud : un plan et une "charte de bienveillance" pour revaloriser les métiers du tourisme

À l'approche de l'été, alors que le tourisme fait face à de gros problèmes de recrutement, la région Paca lance un vaste plan sur l'emploi, la formation et l'attractivité du secteur.

Alors que le tourisme commence à reprendre des couleurs, la question des postes vacants et des difficultés de recrutement devient de plus en plus prégnante. Lors de la récente conférence à Dijon des ministres européens du tourisme, dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne, Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur, a estimé que le nombre de postes vacants dans le tourisme en Europe était de 1,5 à 2 millions, dont 220.000 en France (voir notre article du 22 mars 2022). Les problèmes d'attractivité et de qualification de ces métiers sont également au cœur du "Plan de reconquête et de transformation touristiques", annoncé par Emmanuel Macron et dont les modalités ont été précisées par le Premier ministre (voir nos articles du 3 juin et du 22 novembre 2022). Ils figurent aussi dans toutes les plateformes présentées par les collectivités et les acteurs du tourisme à l'occasion des présidentielles : Régions de France, Anett (Association nationale des élus des territoires touristiques), Alliance pour le tourisme...

Un effort sur la formation

La région Sud Paca a donc décidé de réagir en lançant le 5 avril, via son comité régional du tourisme (CRT), un plan d'ensemble en faveur des métiers du tourisme. A l'approche de la saison estivale, l'enjeu est de taille, puisque le tourisme représente 25.000 entreprises, 20 milliards d'euros annuels  (soit 13% du PIB régional) et 8,7% de l'emploi régional. Selon Pôle emploi, les seuls besoins du secteur hôtellerie-restauration seraient de 45.000 postes en région Sud. Pour François de Canson, le président du CRT, "nos entreprises souffrent de cette situation, qui pourrait rapidement affecter l'image de nos destinations. Il faut une mobilisation générale de tous les acteurs, de tous nos partenaires. Nous avons décidé d'agir concrètement et immédiatement". La plan présenté comporte donc "trois axes majeurs et essentiels, comme trois étages d'une fusée, pour gagner le pari de l'emploi et de l'attractivité de notre destination".

Le premier étage est celui de la formation. La région a d'ores et déjà lancé, en 2022, un appel à projets "Formations professionnelles innovantes pour les métiers du tourisme", doté de 500.000 euros. Il a pour objectif de "permettre aux demandeurs d'emploi, aux saisonniers, aux jeunes diplômés et aux salariés de monter en compétences". Dans le même temps, un dispositif de "chèque expertise tourisme", doté de 130.000 euros cette année, permettra de proposer un soutien sur mesure aux entreprises du tourisme, afin de les accompagner dans l'amélioration de leurs performances. Enfin, des partenariats autour des métiers du tourisme sont également organisés par la région, afin de promouvoir  ces professions auprès des jeunes et d'en valoriser les perspectives de carrière. Ces partenariats doivent aussi faciliter la mise en relation de l'offre et de la demande d'emplois, afin de développer des passerelles professionnelles.

Les professionnels invités à signer un "charte de bienveillance"

Le "second étage de la fusée" est de loin le plus original. Si l'objectif est récurrent dans tous les territoires et à l'échelle nationale – valoriser l'image et l'attractivité des métiers de l'hôtellerie et de la restauration –, l'innovation se situe en revanche dans l'approche choisie. En partenariat avec l'Umih (Union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie) et avec le soutien d'autres acteurs (dont les comités départementaux du tourisme), la région propose aux professionnels du tourisme d'adhérer à une "charte de bienveillance". Même si la charte n'a aucune valeur contraignante, ses signataires s'engagent à mettre en œuvre "Dix démarches de progrès".

Celles-ci consistent notamment à "accueillir, intégrer et fidéliser", à "inscrire la gestion du personnel dans une démarche de qualité", à "développer l'employabilité", à "faciliter la professionnalisation et les évolutions de carrière", mais aussi à "mettre en œuvre une politique salariale motivante". Les employeurs du secteur qui souhaitent s'engager dans cette voie peuvent signer la charte sur le site spécialisé change.org. Au 8 avril, autrement dit deux ou trois jours après le lancement du plan, la "charte de bienveillance" compte déjà 91 signataires.

"Je trouve un emploi en région Sud"

Le troisième volet du plan est plus classique. Il comprend deux composantes. La première est une campagne de communication nationale, déclinée sur les réseaux sociaux, sur la rubrique "Emploi" du site Le bon coin, ainsi qu'en éditorial en presse nationale et régionale. La campagne invite à rejoindre la "Team Sud" – ce qui confirme l'abus de l'anglais dans le tourisme, récemment dénoncé par une étude de l'Académie française (voir notre article du 9 mars 2022) – et met en avant "dix bonnes raisons de travailler dans le tourisme".

La seconde composante consiste en un partenariat avec le site Monemploitourisme.fr, préfiguration d'une mesure du plan national Destination France, prévu par l'État et financé à hauteur de 10 millions d'euros. La région dispose ainsi d'une page dédiée "Je trouve un emploi en région Sud", dont le moteur de recherche donne accès, à ce jour, à pas moins de 7.889 offres d'emploi dans les métiers du tourisme.

 

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